Personnes âgées et handicapées - Premier bilan pour le numéro d'appel national contre la maltraitance

A l'occasion de la Journée internationale contre la maltraitance, Valérie Létard a dressé, le 16 juin, un premier bilan de la mise en oeuvre du 39 77. La secrétaire d'Etat chargée de la Solidarité avait inauguré, le 5 février dernier, ce numéro d'appel dédié au signalement de la maltraitance envers les personnes âgées et les personnes handicapées. Plutôt qu'une création ex nihilo, il s'agissait en fait de développer et de généraliser à l'ensemble de la France un réseau né d'initiatives associatives.
Le premier bilan dressé par Valérie Létard témoigne de la réalité du phénomène de la maltraitance des personnes fragiles. En trois mois, le 39 77 - accessible au prix d'un appel local - a en effet reçu 12.309 appels, soit autant que le dispositif antérieur durant toute l'année 2006. Sur ce total, 55% des appels concernent des situations de maltraitance de personnes âgées, 20% des cas de maltraitance de personnes handicapées, tandis que 25% relèvent de demandes d'information ou de situations d'isolement et de désarroi. Valérie Létard a également présenté quelques éléments statistiques sur le profil des appelants. Les appels concernent en très grande majorité des situations de maltraitance à domicile. Les victimes de ces faits sont à 71% des femmes. Près de 50% des appelants ont un âge compris entre 76 et 90 ans (avec une pointe entre 81 et 86 ans). A l'inverse, les personnes désignées comme auteurs des faits de maltraitance sont à 54% des hommes, âgés de 41 à 61 ans. Dans 47% des cas, ils cohabitent avec la victime, ce qui montre l'importance des maltraitances familiales. Le cas des personnes handicapées est un peu différent : la plupart d'entre elles appellent depuis leur lieu de travail et les faits rapportés concernent principalement des brimades, des injures ou la non reconnaissance du handicap. Autre information tirée de ce premier bilan : un nombre important d'appels émane de professionnels de l'action sociale, confirmant ainsi la difficulté, pour les travailleurs sociaux, de faire face à ces situations, beaucoup moins balisées que la maltraitance des mineurs.
Bénéficiant d'un budget de 1,36 million d'euros, le 39 77 est géré par l'Association pour la bientraitance des aînés et des handicapés (Afbah). Le financement est assuré par l'Etat (360.000 euros), la région Ile-de-France, la Caisse nationale d'assurance vieillesse, la Mutualité sociale agricole, la Caisse régionale d'assurance maladie d'Ile-de-France et une quinzaine d'institutions nationales de retraite complémentaire. Neuf salariés assurent la réception et le traitement des appels de 9h à 19h, du lundi au vendredi. Cette plate-forme nationale est relayée au niveau départemental par le réseau de l'association Alma France. Celui-ci dispose déjà de 58 antennes départementales, dont 23 ont élargi leur activité à la maltraitance des personnes handicapées. L'association va ouvrir une vingtaine de nouvelles antennes dans les six prochains mois, avec pour objectif de couvrir les trois quarts du territoire à la fin de 2008.

 

Jean-Noël Escudié / PCA