Prochain congrès de l'AMF : l'appel des maires à plus de liberté d'action

"La liberté [est] ce qui nous manque le plus, parce que nous sommes enserrés dans des règles administratives, (…) des lois bavardes qui empiètent sur le pouvoir réglementaire, qui laissent de moins en moins de marge à la capacité d’action locale", a déclaré André Laignel, premier vice-président délégué de l'Association des maires de France (AMF), lors d'une conférence de presse, ce 29 octobre. L'édile a aussi pointé du doigt les normes incessantes et tatillonnes qui s'appliquent aux collectivités locales.

"Le rôle des collectivités n’a jamais été à la fois aussi essentiel et contraint", a abondé Murielle Fabre, secrétaire générale de l’AMF. "On demande toujours plus aux maires, plus de sécurité, plus de stabilité sociale, plus de transition, plus d’investissements d’avenir. Mais avec trop souvent moins de liberté et moins de moyens", a déploré la maire de Lampertheim (Bas-Rhin).

"La responsabilité est la seule façon d'être efficace", a estimé à ses côtés le président de l'association, David Lisnard. Mais celle-ci "renvoie à une exigence qui est celle de la liberté", a ajouté le maire de Cannes. 

Autonomie fiscale

Pour accroître la liberté d'action des communes, l'AMF demande un transfert du pouvoir réglementaire à leur profit et une possibilité plus grande de moduler localement les impôts, grâce à davantage d'autonomie financière et fiscale. Ces revendications figurent dans un courrier que les dirigeants de l'AMF ont adressé début octobre au Premier ministre (voir notre article), en guise de contribution sur le projet de loi de décentralisation annoncé pour le premier trimestre 2026. À l'égard de cette future réforme, l'association redouble de vigilance, redoutant qu'elle ne soit "une diversion", comme l'a indiqué André Laignel.  Car, a complété David Lisnard, "lorsqu’on nous dit qu’on appelle à une décentralisation à venir, on recentralise au présent par une inflation normative et par des prélèvements, une recentralisation financière".

Dans le projet de loi de finances pour 2026, l'effort demandé aux collectivités pour réduire le déficit public, s'élève à 4,6 milliards d'euros selon le gouvernement. Mais André Laignel, qui préside le Comité des finances locales (CFL), parvient à un total d'au moins 7,4 milliards d'euros. 

Pour les communes, il faut davantage de "liberté d’innovation" et de "liberté d’avenir" - c'est-à-dire la possibilité d'"avoir une visibilité et des perspectives à long terme", a aussi insisté Murielle Fabre. 

Clôture par le Premier ministre

À quatre mois des municipales, le Congrès des maires sera aussi placé "sous le signe de l'engagement", dans la continuité de la campagne de communication initiée par l'AMF pour stimuler celui-ci (voir notre article). Avec un focus sur "l’engagement des jeunes" qui sera fait à l'occasion d'un débat, le mardi (18 novembre) au matin. Débat qui sera clôturé par Jean-Louis Borloo. L'ancien ministre aura "carte blanche" pour évoquer la manière de "faire de la jeunesse une grande cause nationale", a détaillé le président de l'AMF.

Alors que l'exécutif est affaibli par l'absence de majorité à l'Assemblée nationale, André Laignel a présenté les maires comme les élus incarnant "la stabilité". Alors que "la parole de l'État est devenue un objet de musée", les maires peuvent affirmer que leur "principe" est celui "que la parole donnée soit la parole tenue", a aussi soutenu le premier vice-président délégué de l'AMF. Il a par ailleurs pointé "le fossé extraordinaire qui s'est creusé" entre l'État et les collectivités, avec une confiance qui est "au mieux une épave".

Avec une affluence record - 20% d'inscrits supplémentaires sont déjà enregistrés - et la visite de très nombreux ministres - dont le premier d'entre eux, Sébastien Lecornu, lors de la séance de clôture -, la 107^e édition du Congrès des maires sera "un grand rendez-vous", a promis David Lisnard. 

Nombreuses innovations

Débats, forums, points info… pas moins de 65 événements sont proposés cette année aux congressistes, contre une quarantaine l'an passé. Avec à l'affiche, des thèmes devenus classiques : la ruralité, la transition écologique, la santé, l'accès aux soins, ou encore les finances locales. Mais aussi un grand nombre de sujets d'actualité (la préparation des élections municipales, l'intelligence artificielle, le statut de l'élu local...). Et des thèmes véritablement nouveaux, comme le blanchiment et la contrefaçon, ou encore les cryptomonnaies, qui seront déclinés, comme d'autres, sous de nouveaux formats, celui des "Agoras", à savoir "des ateliers courts et interactifs". On relèvera encore, parmi les innovations, l'organisation d'un "grand quiz des maires de France", présenté comme "une façon très interactive et pas uniquement descendante de partager, échanger les expériences" des élus. Et, le mercredi (19 novembre), à partir de 17h30 un "apéritif des terroirs" valorisera les spécialités gastronomiques des régions et offrira aux élus locaux un grand moment de convivialité. 

Le congrès sera précédé le lundi (17 novembre), par la rencontre des élus d'outre-mer, qui se tiendra au palais des congrès d’Issy-les-Moulineaux.

Le Salon des maires et des collectivités locales se déroulera comme chaque année, en parallèle du congrès. L'événement auquel 62.000 visiteurs sont attendus, réunira 1.380 exposants et aura pour thème : "Le meilleur en commun". "Ce terme incarne une ambition forte, faire du commun un lieu d’innovation, de résilience et d’inclusion", a expliqué Julien Elmaleh, directeur général d'Infopro Digital, le groupe qui organise le salon. Comme l'an passé, deux autres grands événements se tiendront à l'occasion du salon des maires : le salon des sports et parasports et le salon de la biodiversité et du génie écologique.