Education - Quinze mesures pour revitaliser les ZEP
Les ZEP (zones d'éducation prioritaire) n'ont pas failli. Tout au moins dans leur principe. Gilles de Robien n'a pas manqué de le rappeler en plantant le décor de ses nouvelles propositions pour l'éducation prioritaire. "Donner plus à ceux qui ont moins" était une bonne idée, excellente même, qui a donné des résultats, a insisté le ministre de l'Education nationale. Mais sa mise en oeuvre, depuis 1982, n'a pas été optimale selon lui : "une extension non pilotée, au gré des pressions locales", synonyme de saupoudrage, une évaluation insuffisante, pour un dispositif qui, au final, engendre chez ses bénéficiaires un sentiment de relégation. Gilles de Robien choisit en conséquence de s'attaquer à la montagne par un autre versant : s'intéresser aux élèves, beaucoup plus qu'aux zones. Avec un plan de marche découpé au cordeau, et très vite un délégué ministériel à l'éducation prioritaire. Premier objectif à très court terme, la segmentation en trois niveaux des quelque 900 collèges aujourd'hui en ZEP. D'ici un mois, 200 à 250 établissements devraient être ainsi prioritairement identifiés comme accueillant les élèves le plus en difficulté, à partir de quatre critères nationaux (situation sociale des familles, retard scolaire, évaluations des résultats à l'entrée en 6e, nombre d'élèves non-francophones). Ces collèges constitueront le niveau 1, et seront labellisés collèges "ambition réussite". Couplés avec les écoles primaires de leur secteur, ils formeront des réseaux de réussite.
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Là, dans ces établissements "où l'on ne redoublera pas", il s'agira dès la rentrée 2006 de redonner envie aux enfants, avec des moyens renforcés, humains (1.000 enseignants expérimentés, 3.000 assistants d'éducation supplémentaires) et financiers. Pour passer de la relégation à l'incitation, quinze mesures visent à valoriser les collèges et ceux qui les fréquentent. Chaque établissement sera ainsi doté d'une spécialité d'ordre culturel, scientifique ou sportif, entre autres. Parmi ces mesures spécifiquement calibrées figure la dérogation à la carte scolaire des lycées, qui permettra aux meilleurs d'accéder à d'autres lycées que ceux de leur secteur.
Cette possibilité, effective dès septembre prochain, ne concernera pas immédiatement les autres niveaux de l'éducation prioritaire que sont les collèges EP2 et EP3. Ceux qui n'auront certes pas été labellisés "ambition réussite" mais bénéficient pareillement de propositions visant à recréer un environnement favorable. Les collèges EP2, dans les zones urbaines "moins sensibles", plus propices à la mixité sociale, continueront à recevoir les moyens actuels. Les EP3 (environ 150 collèges) ont quant à eux vocation à sortir du dispositif d'éducation prioritaire dans les trois ans. Dans les deux mois à venir, Gilles de Robien se livrera à une concertation avec les syndicats d'enseignants, associations de parents d'élèves et collectivités territoriales, sur ce qu'il a lui-même qualifié de "changement de braquet".
Laurence Peltier
Les quinze mesures en faveur des 200 collèges de ZEP labellisés "ambition réussite"
Quelque 200 à 250 collèges, où les conditions socio-culturelles et scolaires sont les plus difficiles, doivent bénéficier, dans le plan de réforme des ZEP annoncé ce 13 décembre, de quinze mesures spécifiques, dont le recrutement de personnels supplémentaires et l'arrêt du redoublement.
- Chaque collège devient labellisé "ambition réussite" et bénéficie, avec les écoles l'entourant, de moyens renforcés.
- Un réseau de réussite est mis en place pour faciliter la transition CM2-6e, avec suivi du parcours des élèves, notamment de ceux ayant déjà eu des difficultés à l'école.
- 1.000 enseignants expérimentés supplémentaires (soit cinq par collège) y seront affectés pour assurer le soutien scolaire des élèves, épauler les jeunes enseignants et permettre plus de travail en équipe.
- 3.000 assistants pédagogiques (étudiants se destinant à l'enseignement) assureront aussi l'aide aux devoirs.
- Ces collèges disposeront d'au moins une infirmière.
- Ils bénéficieront en priorité des dispositifs relais qui prennent en charge temporairement des élèves perturbateurs.
- Pour développer "fierté de l'établissement" et "projets d'excellence", chaque collège aura une spécificité (culturelle, sportive, scientifique, environnementale ou linguistique) qui irriguera l'ensemble des activités.
- Dans le cadre d'un contrat de 4 ou 5 ans avec l'inspection d'académie, des expérimentations d'horaires aménagés seront possibles.
- Un "baromètre de la réussite" permettra d'évaluer chaque année les résultats.
- Chaque réseau de réussite (collège et écoles environnantes) sera suivi par un inspecteur général de l'Education nationale.
- Les parcours scolaires et la progression des collégiens seront individualisés afin de supprimer tout redoublement.
- Dans ces collèges comme dans les écoles environnantes, dès le CE2, il sera obligatoire de mettre en place des études encadrées quatre soirs par semaine.
- L'enseignement de découverte professionnelle de trois heures y sera dispensé dès la 4e et non en seule classe de 3e.
- Un appel à projets est lancé auprès des collectivités territoriales pour faire bénéficier chaque écolier et collégien d'un ordinateur avec accès internet.
- Les élèves ayant obtenu une mention "bien" ou "très bien" au brevet auront droit de déroger au secteur de recrutement des lycées et choisir leur établissement, cela dès la rentrée 2006.