Réforme des collectivités ultramarines : l'Élysée lance des groupes de travail

Emmanuel Macron avait convié à l'Élysée les élus ultramarins (à l'exception de la Nouvelle-Calédonie), le 30 septembre 2025, pour faire le point sur leur demande d'évolution statutaire. Si certains ont décliné l'invitation, le président de la République a proposé de mettre en œuvre des groupes de travail pour avancer sur l'évolution institutionnelle de la Guadeloupe, Martinique et Guyane. Ils devront rendre leurs conclusions d'ici décembre.

Une partie des élus, notamment de Guyane, avaient décidé de boycotter la rencontre organisée par l'Élysée le 30 septembre 2025 avec les présidents d'exécutifs, associations des maires des collectivités et parlementaires d'outre-mer, à l'exception de la Nouvelle-Calédonie, pour faire le point sur leurs demandes d'évolution statutaire.

Cela n'a pas empêché Emmanuel Macron de présenter ses plans pour faire évoluer les institutions ultramarines, processus dans lequel la Martinique, la Guadeloupe ou la Guyane sont engagées. En Guadeloupe, une résolution a été adoptée en juin 2025 pour transformer l'archipel, actuellement département et région, en collectivité unique dotée d'un "pouvoir normatif autonome". Le projet est pour le moment bloqué par l'absence de consensus local. En Martinique, en revanche, le principe d'une autonomie élargie fait consensus. Un congrès des élus doit y travailler les 8 et 9 octobre. Enfin, en Guyane, les élus ont finalisé un projet d'autonomie en avril 2024. Après un arrêt, le dialogue avec l'État a repris en juin quand Manuel Valls, ministre des Outre-Mer démissionnaire, s'est rendu sur place.

"Un grand pas franchi"

L'idée d'Emmanuel Macron consiste à mettre en place des groupes de travail dédiés pour la Martinique, la Guyane et la Guadeloupe. Une manière d'entrouvrir la porte à une modification de la Constitution pour offrir plus d’autonomie aux territoires. Aucune précision à ce stade sur la composition de ces groupes. Mais le président veut aller vite : chaque groupe devra rendre ses conclusions avant la fin décembre 2025.

"Je pense qu’un grand pas a été franchi, Monsieur Macron a décidé d’ouvrir le chantier de la réforme constitutionnelle avec un premier agenda avant fin décembre", a affirmé à la presse Serge Letchimy, président de la collectivité territoriale de Martinique (CTM), qui se dit "rassuré mais extrêmement prudent".

Une possible révision des articles 73 et 74, les articles de la Constitution qui encadrent les statuts des outre-mer, pourrait donc être sur la table. Le premier, l'article 73, régit Guyane, Martinique, Guadeloupe, La Réunion et Mayotte selon le droit commun national. Le deuxième, l'article 74, concerne toutes les collectivités à statut particulier, à l’exception de la Nouvelle-Calédonie qui dispose d’un titre propre.

La nécessité d'un consensus local et national

Emmanuel Macron "a très clairement ouvert la porte d’une modification constitutionnelle sur la question", a assuré Davy Rimane, député (GDR) de Guyane. 

Mais pour avancer concrètement, il faudra obtenir un consensus au niveau local et une majorité au niveau national, alors que l'Assemblée est encore très morcelée. C'est entre autres à cause de ce dernier point que certains élus ont décidé de ne pas participer à cette réunion, estimant que le chef de l'État ne pourrait pas répondre à l'urgence de leur territoire sans majorité. Cet énième dîner faisait suite à une série de rendez-vous avec le président, organisés pour répondre à "l'appel de Fort-de-France" lancé en mai 2022 par les présidents des régions de Guadeloupe, Réunion, Mayotte, Martinique, Saint-Martin et Guyane, pour un changement profond de la politique des outre-mer. Gabriel Serville, président de la collectivité territoriale de Guyane (CTG) fait partie des élus ayant refusé de se rendre à la rencontre, estimant, dans un communiqué, qu'elle n'avait pas été suffisamment préparée tout en réitérant son souhait que la Guyane bénéficie d'un accompagnement spécifique et équitable dans son processus d'évolution institutionnelle.

 

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