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Retour du conseiller territorial : "Clairement, c'est sur la table", affirme Sébastien Lecornu

La réapparition de l'élu local à double casquette, voulu sous Nicolas Sarkozy, est une des pistes que le gouvernement met en avant pour répondre à la crise des gilets jaunes, a indiqué le ministre en charge des collectivités territoriales, ce 29 mars. Il a plaidé pour lancer les concertations avec les élus.

Le retour du conseiller territorial : l'hypothèse a été évoquée lors d'un dîner réunissant autour du président de la République plusieurs membres du gouvernement et des élus de la majorité, le 6 mars, à l'Élysée. Le 13 mars au matin, le Canard enchaîné en faisait la révélation. Depuis, l'idée de remettre en selle cet élu instauré par la loi de réforme des collectivités territoriales de décembre 2010, dans le but de siéger simultanément dans les assemblées départementale et régionale, a fait un peu de chemin. Il s'agit désormais d'une piste qui, du côté de l'exécutif, est sur la table pour répondre aux attentes exprimées par les Français lors de la crise des gilets jaunes et du Grand Débat national. Vendredi, Sébastien Lecornu, ministre chargé des collectivités territoriales et partisan de cette solution, l'a confirmé. Il a même déclaré sur France 2 : "Moi je veux lancer désormais les concertations avec les associations d'élus, les élus, nos concitoyens."

"Rapprocher les citoyens avec la région"

Le Grand Débat a permis de démontrer que "nos concitoyens sont en attente de proximité", a dit Sébastien Lecornu, qui a coanimé ces rencontres, tout en remarquant que "les grandes régions créées dans le quinquennat précédent donnent l'impression d'être éloignées". Jugeant "difficile" de revoir le périmètre des grandes régions, il s'est interrogé : "Est-ce qu'on peut imaginer un conseiller territorial nouvelle version, pas dans les modalités telles que Nicolas Sarkozy les avait imaginées à l'époque, mais adapté à ces grandes régions ?"
Ce conseiller territorial "aurait le mérite de rapprocher les citoyens avec la région, sans la remettre en cause" et "de répondre à une demande forte du Grand Débat de réaliser des économies en diminuant le nombre d'élus", a par ailleurs déclaré le ministre dans un long entretien à la tribune.fr, publié ce vendredi. Dans ce texte, l'ancien président du conseil départemental de l'Eure assure qu'"il ne s'agit absolument pas de remettre en question l'existence des conseils départementaux et des conseils régionaux."

"Une proposition gadgetesque et ubuesque"

En choisissant de ressusciter l'élu que la gauche, à son arrivée au pouvoir en 2012, a supprimé avant qu'il ne voie le jour, la majorité prend le risque de s'attirer les foudres des grandes associations d'élus locaux coalisées au sein de Territoires unis. Lors de leur conférence de presse commune du 13 mars, leurs présidents se sont, en effet, farouchement opposés à cette éventualité (sur leurs autres déclarations, voir ci-dessous notre article du 13 mars). "Aujourd'hui, ce n'est certainement pas ce que nous demandons, et ce n'est certainement pas de la décentralisation", a affirmé le "premier maire de France", François Baroin. Hervé Morin, le patron de Régions de France, a dit, de son côté, ne pas comprendre sa "pertinence." Enfin, le président de l'Assemblée des départements de France a fait valoir qu'il a quitté le gouvernement Fillon en novembre 2010, notamment à cause du conseiller territorial. De plus, Dominique Bussereau a fustigé "une proposition gadgetesque et ubuesque". Il a alerté notamment sur le fait que ces élus, à la tête de deux mandats, deviendront nécessairement, en raison de la charge de travail, des professionnels de la politique, coupés de la réalité du Français lambda.
Mais tous les élus locaux ne sont pas sur cette longueur d'ondes. Jean-Luc Moudenc, président de Toulouse métropole, est plutôt ouvert à cette idée qu'il a soutenue sous le mandat de Nicolas Sarkozy. Interrogé sur la question dans la ville rose, ce 29 mars, à l'issue des journées de France urbaine, l'association des élus des grandes villes et agglomérations qu'il préside (Localtis reviendra sur ces journées dans sa prochaine édition), il a indiqué avoir évoqué le sujet la semaine dernière avec Sébastien Lecornu. Il s'est toutefois interrogé sur sa "faisabilité" à l'heure des grandes régions. "Attention à ne pas se retrouver avec des assemblées de 450 conseillers territoriaux", a-t-il prévenu. Et, dans un premier temps, a-t-il ajouté : "Attention à ne pas rouvrir de guerre de religion."

 

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