Salvatierra, le prototype des maisons passives françaises, est à Rennes

Les projets d'immeubles économes en énergies, bioclimatiques ou passifs se multiplient. A Rennes, un immeuble passif de quarante-trois logements, baptisé Salvatierra, fut construit dès 2001. Rencontre avec un pionnier.

"Sauvons la terre", telle est la traduction littérale de Salvatierra. L'objectif est clairement posé. L'immeuble qui porte ce nom, inauguré à Rennes en 2001, a pour ambition de ne pas consommer plus de 42 kilowattheures par mètre carré et par an dont 15 kWh/m2 pour le chauffage. Il faut rapprocher ce chiffre de la consommation moyenne d'un immeuble construit dans les années 1970 et qui dépasse presque toujours les 200 kWh/m2. Pour atteindre leur objectif, les concepteurs de Salvatierra devaient mettre oeuvre le plus possible d'éléments en haute qualité environnementale : isolation thermique renforcée, fenêtres de grande qualité, suppression des ponts thermiques et excellente étanchéité à l'air, ventilation double flux avec récupération de chaleur, captation optimale mais passive de l'énergie solaire et des calories du sol... Autre innovation : la façade sud est en bauge, technique locale de construction en blocs de terre crue qui constituent un parfait isolant thermique et acoustique. Cette dernière spécificité a permis d'inclure le projet dans le programme européen Thermie. Ce programme cherchait à promouvoir en Europe la construction de bâtiments passifs à un coût rentable, autrement dit dont le surcoût d'investissement est compensé par les économies d'énergie réalisées.

 

Faire en sorte que les logements soient le moins cher possible à vivre

Curieusement, ce prototype réussi, même s'il consomme 70 kWh/m2, ne fit pas de petits dans les années qui suivirent. Jean-Luc Daubaire, adjoint au maire de Rennes en charge de l'énergie et de l'écologie urbaine, pense savoir pourquoi : "Culturellement, la société n'était pas prête. Il a fallu la hausse du coût de l'énergie et les rapports alarmants sur le réchauffement climatique pour que tout le monde s'inquiète. Lors du précédent mandat, je ne me suis pas privé de comparer le coût à vivre d'un logement social basse consommation en Allemagne et celui d'un logement social standard en France. A Fribourg, dans un T3 de 70 m2, les charges sont inférieures à 100 euros par an. La facture annuelle est inférieure à une facture bimestrielle chez nous ! Dans le même temps, en France, les impayés augmentent et les conseils municipaux votent des aides sociales... Cela pose un problème de cohérence politique. Si l'on veut faire du social autant faire que les logements soient le moins cher possible à vivre. Aujourd'hui, un tel discours est mieux compris, un changement de mentalité est en train de s'opérer. Du même coup, Salvatierra, bâtiment classé très haute performance énergétique (THPE), est regardé avec plus d'attention."

 

Encore un long chemin jusqu'à la production "industrielle" de logements économes

La rénovation énergétique des bâtiments doit être le grand chantier du Grenelle de l'environnement. Le projet de loi Grenelle 1 vise les 50 kWh/m2 en 2010 pour les constructions neuves dans le secteur public et 2012 dans le secteur privé. Salvatierra a montré la voie à suivre et reste une référence. D'autres initiatives prennent maintenant le relais telles que celles primées en juin dernier lors de la Biennale de l'habitat durable de Grenoble. Le chemin qui reste à parcourir entre ces bâtiments remarquables et la production "industrielle" de logements économes en énergie reste cependant considérable.

 

Luc Blanchard, pour la rubrique Expériences des sites de Mairie-conseils et Localtis

Ville de Rennes

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35031 Rennes Cedex

Jean-Luc Daubaire

Adjoint au maire en charge de l'énergie et de l'écologie urbaine

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