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Signaux Faibles, la start-up d'État chargée de détecter les entreprises en difficulté

Après une phase d’expérimentation en 2016, la start-up d’État Signaux Faibles, qui permet de détecter le risque de défaillance des entreprises à 18 mois, prend son envol. Une convention de partenariat a été signée le 3 avril 2019 à l’initiative de la DGE (Bercy) avec quatre autres acteurs publics. Signaux Faibles annonce "la fin des politiques publiques en silo", dit la DGE, et met en évidence l’importance des actions menées avec tous les partenaires publics concernés et prochainement avec les régions, chefs de file du développement économique.

La start-up d’Etat Signaux Faibles est entrée dans la deuxième phase de son déploiement national. Une convention de partenariat a été signée le 3 avril 2019 à l’initiative de la direction générale des entreprises (DGE) de Bercy avec la Banque de France, la direction générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP/ministère du Travail), l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss) et la direction interministérielle des systèmes d’information et de communication de l’État (Dinsic devenue Dinum). En s’appuyant sur l’intelligence artificielle et une démarche partenariale rassemblant plusieurs acteurs publics, Signaux Faibles permet d’identifier le plus en amont possible les entreprises fragiles afin de leur proposer des solutions d’accompagnement adaptées à leurs besoins.

Concrètement, Signaux Faibles repose sur le traitement, par le biais d’algorithmes basés sur des mécanismes d’apprentissage, des données relatives aux entreprises dont disposent les différents services publics, et permet de détecter le risque de défaillance de ces entreprises à 18 mois. Ces résultats sont, par la suite, partagés dans la plus stricte confidentialité et aux seules fins de détecter d’éventuelles fragilités des entreprises, au sein d’une plateforme numérique collaborative uniquement ouverte aux cinq partenaires de la convention.

"Nous avons trois mots d’ordre", précise l’équipe resserrée (trois personnes) et dédiée à ce projet au sein de la DGE : "Être le plus réactif possible en anticipant très en amont les risques de difficultés d’une entreprise, accroître la dimension stratégique de notre action pour accompagner les mutations industrielles d’une filière entière (l’automobile par exemple), renforcer l’impact de nos interventions en accompagnant avec nos partenaires davantage d’entreprises."

Le déploiement après l’expérimentation

Une première phase d’expérimentation a été lancée en 2016 en Bourgogne-Franche-Comté à l’initiative de la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte) et de l’Urssaf Bourgogne. Elle a été structurée sous la forme d’une start-up d’État, avec le concours de deux entrepreneurs d’intérêt général (EIG) qui ont été recrutés pour renforcer l’équipe projet et bâtir un outil exploitant les bases de données enrichies de ratios fournis par la Banque de France. Fort du succès de cette première phase, le Directeur général des entreprises, Thomas Courbe, a proposé le déploiement national de l’expérimentation qui s’est traduit par la signature de la convention en avril 2019.

En 2018, 63 nouvelles entreprises – en plus de celles déjà connues – ont été détectées par les services de la Direccte de Bourgogne-Franche-Comté, et 48 visites ont conduit à une analyse de la situation avec le chef d’entreprise dans les huit départements de la région. 83% d’entre elles sont désormais accompagnées et suivies. Courant 2019, des contacts ont été établis dans toutes les régions avec les commissaires aux restructurations et à la prévention des difficultés des entreprises (CRP) et les Direccte et, à la fin de l’année, toutes les régions métropolitaines étaient dotées de l’outil Signaux Faibles. "Nous avançons en marchant. Signaux Faibles est dans une dynamique de déploiement itérative, pragmatique et responsable et va s’ouvrir progressivement à de nouveaux partenaires", indique l’équipe de la DGE.

Le cœur d’une nouvelle politique publique

La deuxième phase consiste à renforcer la performance de l’outil de détection et à ajuster le service qui sera proposé aux entreprises. L’enjeu est de s’assurer que les partenaires se coordonnent dans chaque territoire pour accompagner les entreprises fragiles, notamment en installant d’ici juillet 2020 des comités régionaux Signaux Faibles. "Nous avons plus de six mois devant nous pour améliorer l’algorithme sur la base des retours (agents publics, entreprises accompagnées…)". Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances a fixé l’échéance de "la fin du printemps" pour faire le point sur les avancées de la start-up d’Etat et lui permettre de finaliser sa consolidation à l’échelle du territoire national. 
"Signaux Faibles a vocation à devenir le cœur d’une nouvelle forme de politique publique fondamentalement collaborative", souligne la DGE. "Si on arrive vraiment à détecter des difficultés 18 mois avant qu’elles ne surviennent grâce au partage des données détenues par les différents services de l’Etat et à faire rentrer les entreprises dans un parcours d’accompagnement adapté, les commissaires aux restructurations n’interviendront plus seulement comme des urgentistes mais également comme une médecine de prévention, en augmentant ainsi considérablement (plus de 40 points) le taux de résilience des entreprises accompagnées."
Les services de l’État n’ont "pas attendu Signaux Faibles pour faire de la prévention de manière coordonnée, mais une telle action pluri-acteurs ne fait que renforcer l’efficacité de nos actions respectives". 

La start-up d’État annonce "la fin des politiques publiques en silo" et met en évidence l’importance des actions menées avec tous les partenaires publics concernés et prochainement avec les conseils régionaux, chefs de file du développement économique dans les territoires.