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Taxe américaine sur les vins : les élus du bordelais se mobilisent

Un rendez-vous avec Donald Trump demandé par le maire de Bordeaux, une audience sollicitée par un député du Médoc… les élus des communes du bordelais se mobilisent pour contrer la taxe de 25% sur le vin français imposé par les États-Unis en représailles aux subventions accordées à Airbus au détriment de Boeing.

Un véritable cri d'alerte pour soutenir la filière viticole. C'est le sens de la démarche du maire LR de Bordeaux, Nicolas Florian, qui a écrit le 23 janvier 2020 à l'ambassadrice des États-Unis en France, Jamie D. MacCourt, pour demander un rendez-vous avec Donald Trump, président des États-Unis. Au cœur des inquiétudes : les conséquences des droits d'importation américains de 25% sur les vins français. Droits que la France subit depuis octobre 2019, en représailles aux subventions publiques accordées à Airbus. Le président américain menace encore aujourd'hui de passer cette taxe à 100% pour tous les vins et spiritueux.

Les conséquences pour la filière française, qui représente quelque 500.000 emplois directs et indirects, sont énormes : le marché des Etats-Unis représente 1,7 milliard d'euros de chiffre d'affaires pour les vins français. Sur le mois de novembre 2019, les exportations de vins de Bordeaux vers les Etats-Unis ont chuté de 46% en valeur et de 24% en volume, d'après le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB).

Selon le maire de Bordeaux, si la situation reste en l'état, la viticulture française pourrait perdre 300 millions d'euros par an, sans compter l'augmentation de la taxe prévue par Donald Trump.

"L'État ne doit pas abandonner les vins et spiritueux"

L'édile avait déjà symboliquement offert une bouteille de grand cru au président américain venu dans sa région en août 2019 pour le G7 pour alerter sur cette situation. Cette fois-ci, au-delà du rendez-vous avec le président américain, il en appelle au gouvernement français et propose dans ce sens une motion spéciale qui sera examinée lors du prochain conseil municipal. La motion indique que "l'Etat ne doit pas abandonner les vins et spiritueux" et le pousse à "entendre le besoin de compensation de la filière sans lequel elle ne pourra pas survivre à une taxation inique et pour des conflits commerciaux qui ne la concernent pas".

Le maire de Bordeaux propose aussi de créer un groupe avec les maires de communes viticoles pour répondre à ces menaces. Soutenu par plusieurs élus girondins (Libourne, Pauillac, Saint-Émilion, Pessac, Léognan notamment), il appelle les élus de communes viticoles françaises (Reims, Troyes, Beaune, Auxerre, Montpellier, Perpignan, Toulouse, Angers, Valence, Colmar) à se mobiliser et alerte aussi le gouvernement sur les conséquences de la fiscalité en cours de mise en œuvre sur les activités numériques, qui pourrait elle aussi avoir des répercussions et susciter de nouvelles représailles. Dans ce domaine, il estime qu'il est urgent de parvenir à un accord avec un calendrier précis de la réforme.

Un soutien financier pour la filière du vin

Benoît Simian, député Mouvement radical du Médoc, a quant à lui directement envoyé le 23 janvier une lettre à Donald Trump pour lui demander une audience. "En tant que député du Médoc, je ne peux me satisfaire des taxations envisagées sur les vins français, signale-t-il dans sa lettre. La course qui s'opère sur les taxes douanières est regrettable et s'éloigne de la défense des territoires, valeur que je partage avec vous." 

Les représentants de la filière ne sont pas en reste. La Confédération nationale des producteurs de vins et eaux de vie de vin à appellations d'origine contrôlées (Cnaoc), qui regroupe les 17 principales régions viticoles françaises à appellation ainsi que la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) ont demandé le 22 janvier à l'Assemblée nationale un soutien financier de 300 millions d'euros, tandis que l'union viticole de Saône-et-Loire a demandé la création d'un fonds de solidarité abondé par l'État et l'Union européenne, envoyant un courrier dans ce sens aux parlementaires.

Les représentants de la filière bordelaise devaient rencontrer le 27 janvier les députés de Gironde et les présidents de communautés de communes à Bordeaux, dans l'objectif de mettre la pression sur le gouvernement.

Les vins de Bordeaux cumulent des pertes depuis 2018, avec une baisse des ventes de 15%, issue des conditions climatiques défavorables, du marché chinois en régression et des inquiétudes liées au Brexit.

 

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