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TIC - THD, open data, réseaux sociaux, trois mots-clés pour 2011

Les collectivités ont confirmé en 2011 leur rôle d'actrices sur le très haut débit, sont montées en puissance sur les initiatives de libération des données publiques et ont affirmé leur présence sur les réseaux sociaux, perçus comme de nouveaux relais d'information et d'échanges avec les citoyens.

L'année 2011 aura été marquée par un développement sans précédent du numérique et de l'internet avec le décollage du très haut débit, la forte progression des terminaux mobiles "smartphones" et tablettes numériques, et l'explosion des réseaux sociaux. Les collectivités locales sont de plus en plus "en ligne" avec ces grands mouvements. Elles ont confirmé leur rôle d'actrices sur le très haut débit, sont montées en puissance sur les initiatives de libération des données publiques et ont affirmé leur présence sur les réseaux sociaux, perçus comme de nouveaux relais d'information et d'échanges avec les citoyens.

Très haut débit : décollage et fronde des élus

Les historiens du numérique en France retiendront sans doute l'année 2011 pour dater le décollage du très haut débit dans notre pays (lire notre dossier ci-contre). Deux faits saillants ont été enregistrés :
- l'achèvement du cadre législatif et réglementaire avec la définition par l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) d'un ensemble de règles de fonctionnement facilitant la mutualisation des infrastructures dans l'espace public et dans les immeubles ;
- l'activation du programme national du très haut débit, avec l'ouverture en juillet d'un guichet d'aide de 900 millions d'euros destinés à cofinancer les projets des collectivités locales.
La période restera aussi marquée par la fronde des collectivités locales. Le second rapport du sénateur Maurey, critique sur les choix du gouvernement français, en a été un des catalyseurs. "La France est en passe de manquer le virage du numérique et le retard qu'elle prend aujourd'hui risque de s'avérer rapidement irréversible", écrivait-il en juillet, faisant écho aux inquiétudes exprimées par de nombreux élus de terrain. La rentrée de septembre allait être le théâtre d'un mécontentement croissant. Le "mémorandum des sept" à Aurillac, signé par des collectivités porteuses de réseaux d'initiative publique, a été suivi par une noria de motions de protestation portées par les associations d'élus de la montagne, des petites villes et des grandes villes, des maires ruraux, stigmatisant les caractéristiques d'un plan jugé "trop favorable à l'initiative privée" et "trop timide" sur les moyens consacrés aux zones les moins rentables. Réactions qui se solderont par le dépôt de deux (contre-)propositions de loi au Sénat et à l'Assemblée. Le mécontentement devrait se poursuivre en 2012. Mais l'arrivée de la 4G, avec l'avènement des terminaux mobiles, va devenir très stratégique pour les zones les moins bien desservies et imposera une surveillance accrue.

Open Data : esquisse d'une nouvelle gouvernance

L'open data, initiative planétaire et nouveau moyen de transparence des administrations publiques, pourrait devenir un puissant outil d'ouverture, de démocratie et de développement économique. Le mouvement précurseur dans les villes, depuis 2010, a vu, cette année, l'arrivée de nouveaux entrants comme la Saône-et-Loire, le Loir-et-Cher, Toulouse et Nantes, sans oublier "data.gouv.fr", le portail français ouvert début décembre. Le blog de l'association nantaise Libertic, qui tient à jour une carte des initiatives, signale le lancement imminent d'autres projets à Brest, au conseil général de Loire-Atlantique et au conseil régional d'Ile-de-France. L'open data rend les données numériques publiques accessibles et réutilisables par tous. Elle consiste à publier des informations sur une plateforme ouverte sous la forme de données statistiques cartographiques, horaires, économiques financières, climatiques... Ces données ouvrent la voie à la création d'applications pratiques sur le web ou sur les terminaux mobiles et sont donc porteuses d'enjeux économiques. Elles sont aussi porteuses de transformation sociale. Le citoyen devient central. Pour lui apparaissent de nouvelles formes d'engagements vers ce qu'on appelle la coparticipation. Pour les collectivités, il y a plus de transparence, certaines d'entre elles allant jusqu'à publier leurs comptes, la liste de leurs fournisseurs. La révolution du mobile se prête bien à l'exercice et donne de nouvelles possibilités d'amélioration de la gestion de la ville. Les citoyens signalent plus facilement des dysfonctionnements sur la voie publique ou trouvent positive leur participation à des campagnes de relevés cartographiques. Pour symboliser cette évolution et ce passage à une nouvelle gouvernance plus orientée citoyen, les Américains parlent désormais d'un passage du "e-gov" au "we gov". En France, les mots n'ont pas tout à fait le même sens mais de grands changements sont aussi à l'oeuvre et pourraient s'appuyer fortement sur les nouveaux outils que représentent désormais les réseaux sociaux.

Réseaux sociaux : réputation, écoute et coparticipation

Les collectivités locales ne pouvaient passer à côté de l'explosion des réseaux sociaux bien que l'engouement actuel, la publicité, la couverture médiatique les cantonnent assez souvent aux seules fonctions de promotion, d'image et de marketing. En 2011, les comptes Facebook (réseau grand public), Twitter (microblogging), Flickr (images), Dailymotion et YouTube (vidéos) ont fait une apparition remarquée sur les pages d'accueil de nombreux sites webs publics. Les collectivités soignent leur "e-réputation", c'est-à-dire l'image de marque qu'elles véhiculent à l'extérieur. Elles démultiplient leurs canaux. Plusieurs études, notamment celle du groupe Voirin, ont confirmé ce nouvel engouement et la montée des taux de présence, sans pour autant garantir la performance. La création d'une page Facebook ne suffit pas à en faire un vecteur d'audience. En réalité, les réseaux sociaux sont plutôt des révélateurs d'intentions. Si la collectivité n'a pas d'intentions, il ne se passe rien. Il est plus facile d'ouvrir une page sociale que d'organiser une réunion de concertation dans un quartier, mais pour une efficacité souvent limitée. Les réseaux sociaux offrent une gamme étendue de moyens de communication et d'interactions que quelques collectivités ont commencé à apprivoiser en 2011. La ville de Rennes a récemment associé, via leurs mobiles, les citoyens cyclistes et piétons à une campagne d'analyse des déplacements dans la ville. Autre élément encore peu exploité, celui de l'information. Les blogs et les forums constituent un matériau d'écoute et d'analyse qui peut révéler beaucoup sur l'état des citoyens, y compris sur "les signaux faibles" des nouvelles tendances, généralement invisibles sur les médias traditionnels. La nouvelle phase de maturation amorcée en 2011 devrait conduire à une meilleure intégration des réseaux sociaux sur la e-démocratie et la coparticipation des citoyens à la gestion de la cité.