Archives

Economie - Un grand emprunt de 35 milliards... et une conférence sur le déficit en janvier

Comme prévu, Nicolas Sarkozy a annoncé ce lundi 14 décembre un grand emprunt de 35 milliards d'euros pour remettre "du carburant dans l'économie" et permettre à la France d'atteindre "l'excellence" en matière de "croissance durable" grâce à des investissements dans des secteurs d'avenir. "J'ai décidé de mobiliser 35 milliards d'euros qui seront exclusivement consacrés aux priorités d'avenir", a déclaré le chef de l'Etat, au cours d'une allocution à l'Elysée suivie d'une conférence de presse. Il a dénombré cinq "priorités" à financer - enseignement supérieur et formation, recherche, industrie et PME, numérique, développement durable -, ce qui recoupe "très largement", a-t-il précisé, les préconisations de la commission ad hoc que présidaient Alain Juppé et Michel Rocard.
Cet emprunt sera financé à hauteur de 13 milliards par les remboursements des banques aidées par l'Etat pour faire face à la crise, le reste (22 milliards) étant levé sur les marchés, "avec les meilleurs financements". Il permettra de générer "60 milliards d'euros d'investissement public, et privé", l'investissement public servant de "levier" pour "mobiliser les initiatives privées". Toutefois, "ce grand plan d'investissement n'est pas un plan de relance bis". Même sans la crise, il fallait ce plan car "il fallait mettre du carburant dans l'économie", a-t-il martelé, disant attendre des résultats "à long terme" en matière économique et sociale.
Les universités seront les premières bénéficiaires de la manne du grand emprunt - 11 des 35 milliards - afin de "faire émerger une dizaine de campus d'excellence (8 milliards). Une enveloppe de 500 millions d'euros sera également réservée à l'apprentissage, avec notamment 20.000 places en internat d'excellence. Huit milliards d'euros seront par ailleurs dédiés à la recherche (biotechnologies, nanotechnologies), dont 3,5 pour la "valorisation" des brevets et 2,5 pour la santé. Troisième priorité, le soutien à l'industrie et aux PME (6,5 milliards) : aéronautique, spatial, automobile, ferroviaire, construction navale... Sans oublier le développement durable (5 milliards), avec un effort particulier sur les énergies renouvelables. Le chef de l'Etat a ainsi annoncé que l'actuel CEA allait devenir le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives. Enfin, 4,5 milliards seront consacrés à l'économie numérique.
Les 35 milliards seront bien investis par l'Etat, mais le gouvernement compte mobiliser jusqu'à 25 milliards d'euros supplémentaires auprès de l'Union européenne, des collectivités territoriales et de partenariats privés. C'est déjà ce que prévoyait le rapport de la commission pilotée par Alain Juppé et Michel Rocard remis le 19 novembre au chef de l'Etat : "Par effet de levier vis-à-vis des financements privés, locaux et européens, l'emprunt national devrait finalement correspondre à un investissement total de plus de 60 milliards d'euros." En sachant que pour à peu près toutes les priorités listées, les collectivités locales figuraient en effet en bonne place parmi les cofinanceurs (voir ci-contre notre article "Grand emprunt : 35 milliards... sans compter l'apport des collectivités !").
Nicolas Sarkozy a d'ailleurs confirmé, en préambule à sa conférence de presse, que le gouvernement organisera en janvier une conférence réunissant l'Etat, les collectivités territoriales et la sécurité sociale pour définir une méthode destinée à "sortir de la spirale des déficits et de l'endettement". Une conférence dont il avait déjà annoncé la tenue lorsqu'il avait réunis des maires à l'Elysée au lendemain du congrès de l'AMF. Et le chef de l'Etat de poursuivre : "On se réunira pour se mettre d'accord sur la méthode, qui nous permettra de fonder un diagnostic partagé, puis nous déciderons avant le printemps des conséquences et des conclusions. Il va falloir dépenser moins, dépenser mieux. Réduire les dépenses ne peut être que le résultat d'une ambition collective à partager entre les responsables de l'Etat, des collectivités locales et de la Sécurité sociale."

C.M. avec AFP

 

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis