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Un nouveau "Baromètre santé-social" pour donner à voir les disparités territoriales

L'Association des maires de France et la Mutualité française ont présenté conjointement le 8 décembre leur premier "Baromètre santé-social", qui met l'accent sur les disparités territoriales en matière d'accès aux soins, de santé environnementale, d'Ehpad et de petite enfance.

L'Association des maires de France et la Mutualité française ont présenté conjointement le 8 décembre leur premier "Baromètre santé-social". Un document qui, sur la base de données existantes, entend dresser un panorama synthétique de la situation des divers territoires dans trois domaines : l’accès aux soins, la santé environnementale et le champ social ou médicosocial. En mettant au passage en valeur certaines initiatives locales intéressantes. L'occasion aussi, pour l'AMF, de faire de nouveau passer un certain nombre de messages portés de longue date – et plus encore depuis la crise – sur le rôle des collectivités en matière sanitaire.

Le premier de ces messages est une constante depuis de nombreux années : il faut "poursuivre les efforts pour adapter l’offre de santé aux besoins de la population en lien avec les spécificités territoriales". Les cartes de France illustrant le baromètre sont éloquentes. Dont celle de la répartition des médecins généralistes. Si la moyenne en 2019 était de 151 médecins généralistes pour 100.000 habitants, l'écart est important entre les départements les moins bien dotés (96 en Seine-et-Marne, 107 dans le Cher, 114 dans l’Yonne) et les départements les mieux dotés (170 à la Réunion, 181 dans les Bouches-du-Rhône, 242 à Paris). La carte des médecins spécialistes de secteur 1 ou pratiquant des tarifs maîtrisés est également très contrastée.

"L'offre de soins est mal répartie sur le territoire et elle se rétracte inexorablement", a insisté Séverine Salgado, directrice santé à la Mutualité française, lors de la présentation du baromètre. "La conséquence directe c'est que 11,1% des Français habitaient dans un désert médical" en 2019, soit 7,4 millions de Français contre 5,7 millions en 2016 (8,6%). "Il y a une accélération de la désertification médicale", a-t-elle constaté. "Si nous ne faisons rien, la situation va se détériorer", a-t-elle prévenu, rappelant que beaucoup de généralistes se rapprochent de l'âge de la retraite. "Or, c'est dans les départements où la densité médicale est la plus faible que les médecins sont aussi les plus âgés."

S'agissant de l'accès aux urgences, le baromètre compare les temps d'attente. Là, les territoires les plus en difficulté diffèrent. Ainsi, en Île-de-France, "la durée médiane d’attente est ainsi de 2 heures 40 et se situe entre 4 et 8 heures pour 25 % des patients, voire plus de 8 heures pour près de 10 % d’entre eux".

En matière de santé environnementale, le baromètre donne à voir l'incidence territoriale de certaines maladies comme le cancer (par exemple une surmortalité pour le cancer du sein de plus de 10% par rapport à la moyenne nationale est observée dans tous les départements des Hauts-de-France, dans les Ardennes, la Marne, en Seine-Maritime et dans l’Yonne) ou la puberté précoce. Et se penche ainsi sur les enjeux de la qualité de l'air extérieur (exposition aux particules fines) et intérieur (intoxication au monoxyde de carbone) ou encore la qualité de l'eau et l’exposition aux perturbateurs endocriniens.

Sur le volet "action sociale", diverses sources ont été compilées (Drees, Insee…) pour présenter des cartes sur le taux d'équipement en Ehpad et la répartition géographique des modes d'accueil de la petite enfance. Deux volets sur lesquels les maires ou présidents d'intercommunalité peuvent avoir directement prise en gérant ou soutenant des établissements et services. Côté Ehpad, le taux d'équipement est clairement plus élevé dans les départements ruraux. Sur la petite enfance, là encore les situations sont des plus variables, avec un rapport de 1 à six entre le département le mieux doté (Haute-Loire) et le moins bien doté (la Guyane, le moins bien doté en métropole étant la Seine Saint-Denis).

Présent lors de la présentation de ce baromètre, François Baroin, le président de l'AMF, appelle à une "territorialisation de l'accès aux soins". Et plus encore. À un "big bang médical". Cela concerne par exemple le lien entre maire et hôpital : que le maire puisse présider le conseil d'administration (et non le seul conseil de surveillance), qu'une évolution législative permette au maire de financer par exemple l'achat d'un scanner pour l'hôpital voire que le maire, grâce à un rapprochement fonction publique hospitalière / fonction publique territoriale, puisse être "co-employeur" de certains personnels.

Et François Baroin de rappeler que l'AMF soutient l'idée d'une reprise par les départements de "tout le médicosocial" : il faut selon lui que la future loi 3D inscrive ce transfert de compétence. "Transférer la compétence, cela veut bien dire transférer les crédits, les effectifs", souligne-t-il. Thierry Beaudet, le président de la Mutualité française, parle lui aussi du "tournant local" qui devra être pris : "La santé ne peut être réduite à un schéma national, ce sont les professionnels de santé eux-mêmes qui savent comment s'organiser et les élus locaux sont en première ligne à leurs côtés."

 

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