Un pic de 2,8 millions de seniors en perte d’autonomie serait atteint en 2052

Cela représenterait 700.000 personnes de plus qu’en 2021, selon l’Insee et la Drees qui viennent de publier leurs dernières projections. Au niveau national, une "légère décroissance" serait ensuite observée. Mais certains départements, notamment urbains, seraient davantage touchés par la perte d’autonomie à partir des années 2050. 

C’est en 2052 que l’on devrait atteindre le fameux pic du nombre de seniors en perte d’autonomie. 2,8 millions de personnes âgées de 60 ans ou plus seraient alors concernées en France, soit 700.000 de plus qu’en 2021 (+36%) dont 300.000 seniors en perte d’autonomie sévère (+45%), selon des données rendues publiques le 22 octobre 2025 par l’Insee et la Drees. 

Les organismes statistiques distinguent deux périodes : une croissance soutenue sur la période 2021-2031 (+1,4% par an du nombre de seniors en perte d’autonomie, qui "concernerait surtout la tranche des 75-84 ans", celle de la "première génération du baby-boom"), puis une hausse ralentie jusqu’en 2052 (+0,8% par an, dont +1,1% par an pour les personnes en perte d’autonomie sévère, du fait de la hausse des 85 ans ou plus de 77% sur la période). "Au-delà, la population des seniors en perte d’autonomie se stabiliserait et entamerait une légère décroissance à l’horizon des années 2070", selon l’Insee et la Drees. 

Des départements de l’ouest et du sud touchés plus tardivement 

Ce scénario démographique repose sur les données du vieillissement de la population et sur une hypothèse médiane de l’évolution de l’état de santé : 5 millions de personnes de plus de 60 ans supplémentaires en 2052 (+27%), hausse de l’âge moyen des seniors (passant de 72,4 à 75,1 ans) et progrès en matière de santé et d’autonomie qui "permettraient d’éviter environ 0,60 million de situations de perte d’autonomie". 

Comme une carte des départements l’illustre bien, la temporalité sera sensiblement différente d’un territoire à l’autre. Pour le nord, le centre et une partie de l’est de la France, l’effectif maximal de seniors en perte d’autonomie serait atteint dès le début des années 2040. Ce serait par exemple 2041 dans la Nièvre, 2042 dans le Cher et la Marne et 2043 dans une quinzaine de départements dont Paris. À l’inverse, en Île-de-France hors Paris, dans l’ouest et le sud de la France, cet effectif maximal serait atteint plus tardivement, en 2070 par exemple dans l’Ain, en Haute-Garonne et dans l’Hérault. Ainsi, si les territoires ruraux sont actuellement plus touchés par la perte d’autonomie, des départements plus urbanisés seront davantage concernés dans les années 2045-2050 et au-delà. 

Besoin de main-d’œuvre : un défi "immense"

"À politique de maintien à domicile inchangée", soit "pour un taux d’accueil identique à âge et autonomie donnés", la Drees et l’Insee estiment que les établissements type Ehpad devront accueillir 1 million de seniors au début des années 2050, dont 900.000 en perte d’autonomie, soit 56% de places supplémentaires par rapport à 2021. En 2021, 600.000 personnes en perte d’autonomie (soit 30% des 2 millions de personnes concernées) et 40.000 seniors considérés comme autonomes vivaient en établissement. 

Pour être traduite en actes, l’ambition du "virage domiciliaire" et du développement de l’habitat intermédiaire (voir notre article) nécessitera un portage et des moyens importants. En termes de main-d’œuvre, le défi est "immense", selon l’Insee et la Drees. En effet, à horizon 2050, "le seul maintien du nombre de salariés" dans le secteur des services à la personne "suppose de recruter 800.000 salariés". 

 

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