Un rapport demande un "choc de recrutement" pour les pompiers volontaires

La mission sur le volontariat des sapeurs-pompiers a remis son rapport au ministre de l'Intérieur, le 23 mai, après cinq mois de travaux. Au menu :  43 mesures pour enfin repasser la barre des 200.000 volontaires, avec des formations et des recrutements mieux adaptés à l'évolution des missions aujourd'hui beaucoup plus tournées vers le secours aux personnes que les incendies. Et des mesures pour rendre le volontariat plus attractif.

Proposer un "choc de recrutement" et un "choc de simplification" : lancée le 4 décembre, la mission sur le volontariat des sapeurs-pompiers a remis son rapport au ministre de l'ntérieur, le 23 mai. L'objectif : franchir au plus vite la barre des 200.000 volontaires, comme s’y était engagé, en vain, François Hollande. "Les 193.800 sapeurs-pompiers volontaires (SPV) représentent 79% des effectifs des sapeurs-pompiers de France" et ils constituent une composante "essentielle au maintien de l’équité des secours de proximité au quotidien partout dans notre pays", rappelle d’emblée le rapport qui propose 43 mesures pour parvenir à ce résultat.
Le rapport confié à cinq personnalités, dont le président de la Fédération nationale de sapeurs-pompiers de France (FNSPF), le colonel Eric Faure, est appelé à nourrir un nouveau plan pour le volontariat que le ministre de l'Intérieur doit présenter lors du prochain congrès des sapeurs-pompiers de France, du 26 au 29 septembre 2018, à Bourg-en-Bresse.
Le nombre de volontaires a diminué "de près de 7 % au cours des quinze dernières années" (on comptait 205.500 volontaires en 2004), alors que celui des interventions "a augmenté de plus de 20% sur la même période et est appelé à rester durablement à un niveau élevé (vieillissement démographique, dérèglement climatique, menace terroriste, risques industriels, pandémies, etc.)". Alors comment susciter de nouvelles vocations et fidéliser les volontaires ? Et comment réussir là où les précédents gouvernements ont échoué (au moins en partie, puisque les effectifs sont aujourd'hui stabilisés) ? "Les politiques de rationalisation du maillage territorial conduites par de nombreux Sdis (services départementaux d'ncendie et de secours) ont entraîné en vingt ans la fermeture de quelque 3.400 casernes, qui constituaient autant de lieu d’animation de la vie locale et de guichets de recrutement des sapeurs-pompiers volontaires", pointe même le rapport.

Un engagement de trois ans dans le secours d'urgence

La mission entend tout d'abord préserver un modèle "altruiste et généreux" et qui, en période de disette budgétaire, a l'avantage de coûter moins cher. Elle propose d’aménager le recrutement et les formations. Compte tenu du poids qu’a pris le secours d’urgence aux personnes (SUAP) par rapport à la lutte contre les incendies (84% contre 6% du nombre d'nterventions), elle préconise de ne plus faire de cette dernière "un postulat pour le recrutement des SPV". L'dée est de structurer "l’engagement durant les trois premières années autour du secours d’urgence aux personnes". Et ce afin de ne pas dissuader les personnes désireuses de s’engager mais pour lesquelles les incendies sont rédhibitoires. Ces trois années passées, il serait possible de suivre des formations et d’acquérir de nouvelles compétences notamment en matière d'incendies. Toutefois, les territoires particulièrement exposés au risque incendie pourraient bénéficier d’une dérogation à cet engagement de trois ans dans les SUAP.
Le rapport - qui comporte une analyse sociologique des volontaires - propose d’élargir le vivier notamment chez les jeunes issus de l'mmigration aujourd’hui peu représentés et chez les femmes (celles-ci représentent 17% des effectifs).
Il s’agit aussi de s’appuyer sur le futur service national universel obligatoire pour en faire "un levier de promotion de l’engagement et de diversification du recrutement de SPV".

Rendre le volontariat plus attractif

Le deuxième axe consiste à rendre l’engagement plus attractif, notamment en accordant des aides et des tarifs préférentiels aux volontaires (logement, santé, crèches, restaurants scolaires, transports, équipements culturels et sportifs…). L’engagement doit constituer "sans ambiguïté" un critère d’accès prioritaire au logement social à proximité des casernes. Cette mesure figurait déjà dans l’Engagement national pour le volontariat de 2013 et avait fait l’objet d’une convention signée en 2015 entre l'Etat, l’USH (Union sociale pour l’habitat), la FNSPF et les associations d’élus (ADF et AMF). Le rapport demande de remettre à plat le système d'indemnisation des volontaires : le Conseil national des sapeurs-pompiers volontaires (CNSPV) serait chargé de mener deux concertations, l’une pour "revaloriser et harmoniser l'indemnisation de l’astreinte" et l’autre pour "mettre en place un dispositif d'indemnisation forfaitaire des gardes postées en caserne". Alors que l’engagement moyen des volontaires en France est de moins de douze ans (soit une durée inférieure aux autres pays européens), le rapport préconise des bonifications en points de retraite au-delà de 15 ans d’engagement.
Il s’agit par ailleurs d’encourager les employeurs (publics ou privés) à recruter et à favoriser la disponibilité des volontaires, grâce à des compensations de charges ou des dotations majorées pour les collectivités.
La mission suggère par ailleurs de permettre aux services d'incendie et de secours de bénéficier de la dotation d’équipement des territoires ruraux (DETR) pour le financement des casernes.
Enfin, le rapport appelle à "une initiative résolue des pouvoirs publics au niveau de l’Union européenne" pour préserver le modèle du volontariat au regard du droit européen, alors que la jurisprudence pousse à les considérer comme travailleurs. "L’application aux SPV d’un statut de travailleur, incompatible avec la situation des finances publiques, impliquerait mécaniquement une réduction des effectifs, un report de la charge opérationnelle sur des sapeurs-pompiers au maillage territorial moins dense", met en garde la mission.

 

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis