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Une hyper-concentration de la délinquance en France

Dans une étude inédite sur la "géographie de la délinquance à l’échelle communale", publiée le 1er mars, le service statistique du ministère de l'Intérieur montre que la délinquance se concentre majoritairement dans 1% des communes.

En 2021, la majorité des actes de délinquance commis en France métropolitaine se concentrent dans 1% des communes. Une hyper-concentration qui ressort d’une étude inédite du service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) sur la "géographie de la délinquance à l’échelle communale" publiée le 1er mars. Cette étude se fonde sur 10 des principaux indicateurs de police et gendarmerie relatifs aux atteintes aux biens et aux personnes (cambriolages, vols avec armes, vols de voiture, coups et blessures volontaires, etc.). Sans grande surprise, les grandes villes et les villes touristiques sont les plus touchées. Mais l'étude montre aussi que 15% des communes métropolitaines (5.315) n’enregistrent aucune de ces catégories d’infraction. Ces communes sont toutes situées en zones rurales et se situent le long de la diagonale allant des Ardennes aux Pyrénées, et dans les massifs montagneux (Alpes, Jura, etc.).

Les cambriolages touchent tous types de communes

Si le nombre d’habitants semble déterminer la répartition géographique de la délinquance, l'étude fait apparaître des variations en fonction du type de délinquance. Les vols sans violence sont 12 fois plus nombreux, proportionnellement, dans les villes de plus de 100.000 habitants que dans celles de moins de 1.000 habitants. Pour les vols violents sans arme, c’est 75 fois plus. En revanche, les cambriolages constituent la forme de délinquance la plus "équitablement" répartie sur le territoire. Le taux ne varie que du simple au double entre petites et grandes villes. Paris ne se situe d’ailleurs que dans la moyenne nationale. "Le nombre de cambriolages est supérieur à 12 pour 1.000 logements dans les grandes unités urbaines de la côte méditerranéenne, dans la vallée du Rhône, ou encore à Nantes, Bordeaux, Toulouse ou Lille", précise l’étude. Il est inférieur à 3 pour 1.000 logements dans les communes rurales du Massif central, des Alpes, des Pyrénées, de Bretagne ou de Corse.

La répartition est également relativement équilibrée s’agissant des violences sexuelles et des violences intrafamiliales. Et on a à peu près trois fois plus de risque de se faire voler son véhicule dans une grande ville que dans une petite.

Les capitales régionales surreprésentées

Parmi les 50 communes les plus peuplées de France, 46 sont également celles où le niveau de délinquance est le plus élevé. Parmi les plus peuplées, les quatre communes qui font un peu mieux que leurs homologues sont Mulhouse, Orléans, Asnières-sur-Seine et Nancy.

Au niveau régional, l’Ile-de-France compte près de la moitié des 100 communes les plus touchées par les vols avec violence ou les vols sans violence. Suivent Auvergne-Rhône-Alpes, Paca et les Hauts-de-France qui comptent chacune 10 communes parmi les plus touchées. A l’inverse, la Bourgogne-Franche-Comté, la Bretagne et le Centre-Val-de-Loire s’en sortent mieux. Parmi les capitales régionales (nouvelles ou anciennes au regard de la réforme de 2015), ce sont Ajaccio et Châlons-en-Champagne les mieux loties. A l’opposé, on trouve Paris et Marseille, suivies de Lyon et Toulouse.

Forte spécialisation de certaines communes

L’étude fait aussi apparaître une forme de spécialisation de certaines communes en fonction de la nature de la délinquance. C’est le cas, par exemple, de Plestan (Côtes d’Armor), Chaingy (Loiret), Seclin (Nord) ou Saint-Herblain (Loire-Atlantique) particulièrement touchées par les vols d’accessoires de véhicules et, dans une moindre mesure, par les vols dans les véhicules. "Ceci peut s’expliquer en partie par l’importante population de passage sur le territoire de la commune, liée à la présence d’une aire d’autoroute (Chaingy, Seclin)", explique le service statistique du ministère de l’Intérieur. A Saint-Herblain, la cause invoquée est la présence d’une zone d’activité en périphérie de Nantes.

Le fait que plusieurs communes situées en périphérie de Lille (Englos, Seclin, Villeneuve d’Ascq…) soient surreprésentées peut s’expliquer par "la proximité de la frontière belge" et des activités criminelles transfrontalières. Autre cas de spécialisation : Roissy-en-France, où se situe l’aéroport de Roissy, avec un nombre important de vols sans violence, ou La Courneuve, au nord de Paris, particulièrement concernée par les vols violents sans arme.

 

 

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