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Une majorité de maires estiment ne pas avoir été assez associés à la mise en oeuvre de l'état d’urgence sanitaire

Une enquête Association des maires de France / Cevipof menée auprès des maires revient sur les élections municipales de mars et juin, sur le profil des nouveaux élus, sur ce que disent les maires de la gestion de la crise et sur leur vision des faits de violence dont sont victimes certains élus.

À l'heure où aurait dû s'ouvrir son 103e congrès, l'Association des maires de France (AMF) a souhaité malgré tout "faire entendre la voix des maires", du 20 novembre au 8 décembre, notamment par la publication d'une série d'études et enquêtes. La première d'entre elles est un sondage conduit par le Cevipof et l'AMF intitulée "Municipales 2020, une élection si particulière". Particulière par son déroulement puis par la teneur des premiers mois de mandat forcément bousculés par la crise. Les réponses obtenues donnent "un aperçu du moral des maires" aujourd'hui, plus précisément en octobre 2020.

Les élections tout d'abord. Plus de trois mois entre les deux tours. Du jamais vu. Avec, de fait, une gestion communale à géométrie variable. Dont la situation de maires sortants battus ou ne s'étant pas représentés ayant dû continuer à gérer les affaires courantes et donc aussi l'urgence sanitaire entre mars et juin. Avec, aussi, une abstention record (44,7% de participation au premier tour). Le Cevipof constate toutefois que les maires n'y ont pas vu un désaveu de l'échelon communal : si 55% des maires interrogés font part d'une "inquiétude" face à cette abstention, 46% d'entre eux y voient un "phénomène profond de désintérêt politique" et seulement 9% un manque de légitimité de leur propre action.

Qui sont ces élus de 2020 ? 40% des maires actuels ont été nouvellement élus. On compte 19,5% de femmes (+3,5% par rapport à 2014). Et 21% de cadres et professions libérales (+6%), 40% de retraités (stable), 11,6% d'agriculteurs (en baisse). 25% des élus sont nés dans la commune qu'ils dirigent aujourd'hui, 39% y ont passé leur enfance. La grande majorité d'entre eux ne sont pas des novices : 68% étaient déjà conseillers municipaux durant le précédent mandat, voire adjoints (42%).

"Manque de directives claires et cohérentes de la part de l’État"

La gestion de la crise ensuite. 39% des répondants "estiment avoir été bien associés à la mise en oeuvre de l’état d’urgence sanitaire", 48% estiment l'inverse (12% n’étaient pas en responsabilité au printemps dernier). Les difficultés de coordination avec les services de l'État apparaissent plus fortes parmi les maires de communes de 1.000 à 9.000 habitants. Sans surprise, la satisfaction est beaucoup plus élevée vis-à-vis de la préfecture (66%) que de l'agence régionale de santé (40%). Les élus insatisfaits évoquent surtout "le manque de directives claires et cohérentes de la part de l’État". Puis le manque de matériel de protection, le "défaut de prise en compte des spécificités des territoires", le manque de concertation et d'accompagnement (par exemple pour la réouverture des écoles)…

Un autre contexte a été pris en compte par l'enquête : les divers faits de violence dont ont été victimes certains maires. "Parmi les faits dont les maires se déclarent avoir déjà été victimes" (sans en préciser la date) sont mentionnées en premier lieu les incivilités (53%), puis les injures ou insultes (29%), menaces verbales ou écrites (28%) attaques sur les réseaux sociaux ou internet (20%). Les agressions physiques (5%) ou atteintes aux biens personnels (6 %) sont finalement assez rares, mais derrière ces "petits pourcentages" se cachent toutefois "des centaines de situations vécues", souligne le Cevipof. Et puis il y a tous les faits de violence ou malveillance en général, perpétués sur le territoire de la commune. Les maires évoquent alors en premier lieu les incivilités (dépôts de gravats et d'ordures par exemple) et les atteintes aux biens de la commune (dégradations, vols…).

Dernier volet de l'enquête : les finances. 83% des élus interrogés estiment que la gestion de leur commune est "saine". Leurs interrogations portent notamment sur la part de plan de relance qui reviendra aux collectivités. Et sur les ressources fiscales dont le bloc local va au final bénéficier, à l'heure de la suppression de la taxe d'habitation et de la baisse des impôts de production.

 

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