Une nouvelle stratégie nationale du sport-santé pour une France de plus en plus sédentaire
La deuxième stratégie nationale sport-santé, portant sur la période 2025-2030, vient d'être dévoilée. Elle entend faciliter la lisibilité des dispositifs existants, dont les maisons sport-santé, et s'adresse plus particulièrement à des publics prioritaires, dont les jeunes, de plus en plus sédentaires.

© Anne Vignot
Instituer un "mois de l'activité physique", renforcer les maisons sport-santé (MSS) ou ancrer durablement les 30 minutes d'activité physique quotidienne à l'école primaire, telles sont quelques-unes des mesures de la stratégie nationale sport-santé (SNSS) 2025-2030, dévoilée le 4 septembre par Marie Barsacq, ministre des Sports, Yannick Neuder, ministre de la Santé, et Valérie Létard, ministre du Logement, lors d'un déplacement à Valenciennes (Nord).
Cette deuxième SNSS ambitionne de "changer durablement nos habitudes de vie, renforcer notre santé physique et mentale, réduire les inégalités sociales et territoriales", et ce alors que "la sédentarité progresse dans toutes les tranches d'âge, que les maladies chroniques touchent un nombre croissant de Français". Par rapport à celle de la période 2019-2024, cette nouvelle SNSS se veut également "moins complexe, plus lisible". Pour cela, elle est centrée sur douze actions concrètes pour s'adresser "à chacun, à chaque étape de la vie".
Si tout le monde est visé, des publics prioritaires sont toutefois identifiés. En particulier les adolescents, dont 79% ne suivent pas les recommandations d'activité physique, et les femmes, dont le niveau de pratique est inférieur à celui des hommes, quel que soit l'âge. Ainsi, alors que quatre des mesures de la SNSS sont transversales, huit sont ciblées sur des publics particuliers.
Financer les équipements sportifs sous condition
Première mesure transversale : instaurer chaque année, à partir de septembre 2026, un "mois de l'activité physique et sportive" pour mobiliser le pays autour d'un temps fort décliné en actions locales coordonnées par les ARS (agences régionales de santé), Drajes (délégations régionales académiques à la jeunesse, à l'engagement et aux sports) et collectivités. Par ailleurs, pour favoriser l'accès à une offre de sport-santé, la compréhension et la lisibilité des actions seront retravaillées tant vers les professionnels de santé que vers les usagers.
Autre action transversale : l'utilisation des équipements sportifs, "trop largement mobilisés pour des usages compétitifs ou scolaires", devra être optimisée pour favoriser la pratique du sport-santé. Parmi les pistes évoquées : le conditionnement les financements de l'Agence nationale du sport (ANS) à une ouverture plus large aux activités sport-santé et à un meilleur taux d'occupation, en particulier pour les équipements municipaux ou scolaires, le tout, bien entendu "sous réserve des arbitrages liés au PLF 2026". En outre, une mission de repérage et de mise en relation pour identifier localement les solutions de mutualisation d'équipements sera confiée aux MSS, et un outil sera mis à disposition des collectivités pour les aider à piloter et améliorer l'occupation de leurs équipements. Le tout devant aboutir à des "contrats de mise à disposition partagée".
Dernière mesure transversale : renforcer les quelque 550 MSS, avec l'objectif de doubler le nombre de personnes accompagnées (363.000 depuis 2019). Pour y parvenir, la SNSS entend notamment "construire un modèle économique pérenne" à travers la pluri-annualisation des financements, lesquels prendraient la forme d'un "financement socle" et d'une majoration pour les MSS de niveau 2, c'est-à-dire allant au-delà des seules missions d'accueil, d'information et d'orientation. Il est également question de renforcer le maillage territorial des MSS, notamment en géographie prioritaire, et d'inscrire systématiquement le sport-santé dans les plans régionaux de santé, les contrats locaux de santé et de santé mentale, en lien avec les collectivités.
De l'école primaire aux personnes âgées dépendantes
Côté publics prioritaires, une première batterie de mesures vise l'augmentation du niveau d'activité physique des jeunes à l'école et à l'université. Cela passera par la poursuite de la généralisation des 30 minutes d'activité physique quotidienne à l'école élémentaire et en établissements sociaux et médicosociaux, notamment grâce à des partenariats locaux entre l'Éducation nationale et le mouvement sportif. Il s'agira aussi de développer l'activité physique des collégiens et lycéens éloignés d'une pratique régulière, là encore en s'appuyant sur des formats complémentaires à l'EPS obligatoire, via des conventions avec le mouvement sportif, et en portant une attention particulière aux établissements les plus exposés à la sédentarité et au décrochage, par exemple en REP et REP+, où seront expérimentés les programmes Icaps (intervention centrée sur l'activité physique et la sédentarité) à raison d'un territoire par académie dès 2026.
Si les étudiants et les salariés, en particulier dans la fonction publique, font également l'objet d'initiatives, deux autres cibles prioritaires sont identifiées. D'une part, les personnes avançant en âge, afin de prévenir la perte d'autonomie. Pour elles, la pratique de l'activité physique sera érigée en priorité lors du premier mandat de la Conférence nationale de l'autonomie dès l'automne 2025, ce qui aura notamment pour conséquence de "guider les actions et les financements des commissions des financeurs de la prévention de la perte d'autonomie". D'autre part, les personnes atteintes de maladies chroniques, pour lesquelles l'activité physique adaptée (APA) sera intégrée aux parcours coordonnés renforcés. En outre, il est prévu de définir les modalités de prise en charge par l'Assurance maladie de ces APA. Enfin, pour accompagner le développement des APA – actuellement limité par un "déficit de formation et de connaissance" de l'ensemble des professionnels –, le parcours de formation des médecins sera renforcé tandis qu'une formation pour les professionnels réalisant les bilans de prévention et un certificat complémentaire pour les éducateurs sportifs seront créés.
Gouvernance : les collectivités en bout de chaîne
Pour mettre en place ces mesures, précise la SNSS, "l'État ne peut pas agir seul". Cette stratégie appelle donc "un engagement collectif des collectivités locales, du monde associatif, du secteur éducatif, de la recherche, des entreprises, des professionnels de santé et du sport". À ce titre, une gouvernance à triple niveau sera mise en place. Au niveau national, un comité stratégique sport-santé jeunesse réunissant la direction générale de la santé, la direction des sports et la direction générale de l'enseignement scolaire se tiendra tous les semestres. La déclinaison régionale de la SNSS sera pilotée conjointement par les Drajes et les ARS. Pour leur part, les collectivités territoriales, en particulier les communes, intercommunalités et conseils départementaux, n'apparaissent qu'en bout de chaîne pour l'accès aux équipements, la mutualisation des ressources et l'ancrage du sport-santé dans les politiques locales. Les délégations territoriales des ARS et les services départementaux à la jeunesse, à l'engagement et au sport (SDJES) sont chargés de les conseiller et de les orienter.
Le ministère des Sports a précisé, vendredi 5 septembre, que la SNSS mobilisera des crédits existants à hauteur de 200 millions d'euros sur cinq ans, provenant de l'État et de ses opérateurs (ARS, ANS, etc.).