"5.000 tonnes portées", "1 million d'accroupissements" : pour une reconnaissance de la pénibilité́ des métiers de la petite enfance

Les milliers de "gestes invisibles" qui sont le quotidien des professionnels de la petite enfance sont à l'origine d'une hausse des troubles musculo-squelettiques et d'une usure professionnelle souvent avant 55 ans, alerte le SNPPE, qui demande une pleine reconnaissance de cette pénibilité. 

 

"5.000 tonnes portées dans une carrière" correspondant à "70 manipulations d'enfants par jour" en moyenne, "144.000 changes" qui sont autant d'"expositions à des odeurs fortes" auxquelles s'ajoutent "une exposition continue aux virus circulants en collectivité", "1 million d'accroupissements" pour aider les enfants, les consoler, ramasser des jouets, ou encore "56.000 heures de bruit élevé" du fait en particulier des pleurs. Le Syndicat national des professionnels de la petite enfance (SNPPE) a publié le 3 décembre 2025 un livret destiné à "rendre visibles ces réalités que les professionnels vivent chaque jour". 

L'impact sur la santé des professionnels – qui sont à 97% des femmes - de cet environnement et de ces "milliers de gestes répétés, essentiels au bien-être et à la sécurité des enfants" est sous-estimé, dénonce ce syndicat. Il s'agit en effet de "gestes invisibles", des "gestes discrets, considérés comme 'naturels', mais dont le poids, la fréquence et l’intensité usent les corps, fatiguent l’esprit et brisent trop souvent des carrières avant 55 ans", met-il en avant. Les maladies professionnelles ont ainsi augmenté dans le secteur de 44% en un an (or secteur public), "un chiffre parmi les plus élevés du champ social", peut-on lire dans le livret. Il s'agit essentiellement de troubles musculo-squelettiques (TMS, dont des tendinites, lombalgies et sciatiques). Ces TMS seraient encore "trop souvent banalisés" alors qu'ils constituent "l'une des causes majeures d'inaptitude, d'arrêts longs et de reconversions forcées", selon le SNPPE.

Ce dernier a donc interpelé le Premier ministre dans une lettre ouverte "pour demander une reconnaissance pleine et entière de cette pénibilité" dans le cadre de la conférence nationale sur les retraites et le travail. Dans son livret dédié à cet enjeu, le syndicat appelle à "reconnaître la petite enfance comme métier à pénibilité élevée" et formule des propositions pour ouvrir des droits aux professionnels de la petite enfance, déployer un plan de prévention et financer des aménagements ergonomiques des lieux d'accueil. Le SNPPE demande également que soient garantis "des effectifs suffisants", puisque "un ratio trop faible augmente mécaniquement les risques", que la reconnaissance de "l'usure professionnelle" se traduise également dans les rémunérations et que des accompagnements soient proposés par les employeurs pour "faciliter les reconversions et sécuriser les fins de carrière". 

 

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