Abattage de bovins : la région Occitanie vient en aide aux éleveurs
La région Occitanie a débloqué une aide d'urgence de 300.000 euros pour soutenir les éleveurs touchés par la dermatose nodulaire bovine. Après les violents affrontements survenus en Ariège, le mouvement de colère ne faiblit pas.
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Alors que les autorités ont procédé, ce vendredi 12 décembre, à l’abattage des plus de 200 vaches d’un élevage de l’Ariège, après de violents affrontements entre gendarmes et manifestants, la région Occitanie a annoncé qu’elle débloquait une aide d’urgence de 300.000 euros pour soutenir les éleveurs concernés par la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). "Concrètement, les éleveurs dont les animaux ont été abattus pourront bénéficier d’une aide forfaitaire de 500 euros par bovin reproducteur acheté, dans la limite de 10.000 euros par exploitation", précise la région à Localtis. Cette aide se veut "complémentaire au dispositif de l’Etat, pour reconstituer les cheptels et éviter la disparition d’exploitations essentielles à l’équilibre rural et à la souveraineté alimentaire de notre pays".
Du côté de l’Etat, "près de six millions d’euros ont été versés" depuis le début de l'apparition de cette maladie, "dont 5,3 millions d’euros d’acompte sur la valeur marchande des animaux (soit 95% des acomptes prévus), et 0,565 millions d’euros pour le renouvellement des cheptels". "Un deuxième versement interviendra avant la fin d’année", indiquait le ministère de l’Agriculture, mardi, à l’issue d’une réunion du Comité national d'orientation de la politique sanitaire animale et végétale, précisant toutefois que ces versements étaient conditionnés. "Des sanctions sévères pourront être appliquées en cas de non-respect des règles : amende en cas de non-respect des mesures de limitation des mouvements ; augmentée en cas de récidive ; non dédommagement par l’État pour le dépeuplement si les infections résultent de comportements interdits", prévenait le ministère.
Dans le bras de fer qui oppose les agriculteurs et l’Etat, la présidente socialiste de la région Occitanie Carole Delga tente de temporiser. "Cette crise touche durement nos éleveurs, ce sont des vies entières qui sont bouleversées. J’entends la détresse, l’injustice, la colère. (…). Face à ces drames, nous devons, collectivement, rester unis et lucides", a déclaré Carole Delga, dans un communiqué, appelant "chacun au calme, au sang-froid et à la responsabilité". "La priorité est d’endiguer la maladie, protéger nos cheptels et éviter de nouveaux foyers", a-t-elle dit.
Nouvelle zone règlementée
Pendant deux jours, de nombreux agriculteurs s’étaient massés devant cette exploitation de Bordes-sur-Arize touchée par un cas de DNC, pour dénoncer la gestion de la maladie, conduisant à l’abattage systématique des troupeaux au moindre cas. Pour rappel, la DNC n’affecte que les bovins – chez qui elle se transmet par piqûre d’insecte - et n’est pas transmissible à l’homme. "On est en train de faire quelque chose de stupide. Une bête était réellement malade. Elle est morte et au lieu de faire un ciblage en fonction des bêtes malades et d'abattre au fur et à mesure, ils veulent tout abattre", a déploré auprès de l’AFP Guilhem Boudin, 56 ans, ancien céréalier en Ariège, l'un des rares manifestants présents vendredi matin autour de la ferme. Pour endiguer la maladie, les syndicats réclament une vaccination beaucoup plus large.
Apparue fin juin en Savoie, la DNC s’est propagée aux Pyrénées avec 22 foyers dans les Pyrénées-Orientales, en Ariège et dans les Hautes Pyrénées. La découverte de deux nouveaux foyers ces derniers jours en Ariège et dans les Hautes-Pyrénées a conduit à l’instauration d’une nouvelle zone règlementée, en plus des deux autres zones encore actives dans le Jura et les Pyrénées-Orientales.
Vaccination élargie
La stratégie sanitaire repose sur trois piliers : abattage de toutes les bêtes des foyers affectés, restrictions de mouvements des troupeaux et "vaccination d'urgence" de tous les bovins sur 50 km à la ronde. Par ailleurs, afin de "limiter la propagation du virus", les "rassemblements festifs de bovins" sont interdits sur l’ensemble du territoire national jusqu’au 1er janvier, rappelle le ministère. Ferme sur l’abattage, qu’elle considère comme la "seule solution" pour sauver la filière, Annie Genevard a lâché un peu de lest. "Face à la dégradation soudaine de la situation sanitaire", une zone vaccinale beaucoup plus large que le périmètre des 50 km a été décrétée, "couvrant les départements de l’Aude, de la Haute-Garonne, du Gers, des Pyrénées-Atlantiques", a indiqué le ministère, vendredi. La Corse semble elle aussi concernée par l’obligation vaccinale "jusqu'au 31 mars 2026", selon un arrêté publié vendredi.
Malgré cette concession faite aux syndicats, le mouvement de colère ne faiblit pas. Il est même accentué par la perspective d’une signature du traité de libre-échange avec le Mercosur et par la baisse des crédits de la politique agricole commune envisagée par la Commission européenne. Bref, le "grand réveil alimentaire" lancé par Annie Genevard en début de semaine (lire notre article) a du plomb dans l’aile.