Souveraineté alimentaire : Annie Genevard sonne la "mobilisation générale"
La ministre de l’Agriculture se rend à Rungis ce lundi pour inaugurer un cycle de conférences afin de relancer le secteur agroalimentaire qui, pour la première fois en cinquante ans, va accuser un déficit en 2025.
© @AnnieGenevard/ Annie Genevard avec des arboriculteurs le 14 novembre
Alors que la balance commerciale de la filière agroalimentaire s’apprête à terminer l’année dans le rouge, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, en appelle "au réveil des consciences et à la mobilisation générale". Elle se rendra à Rungis, ce lundi 8 décembre, pour lancer le "grand réveil alimentaire", un cycle de conférences – qui n’est pas sans rappeler les États généraux de l’alimentation de 2017 – prévues par la loi d’orientation agricole du 24 mars 2025. L’objectif : réunir "l’ensemble des acteurs de la chaîne alimentaire" (agriculteurs, transformateurs, distributeurs, organisations professionnelles et interprofessionnelles, partenaires institutionnels, consommateurs) pour "bâtir une stratégie commune" à dix ans. Ces conférences, placées sous l’égide de FranceAgrimer seront coordonnées par Ludovic Spiers, ancien directeur général de la coopérative Agrial. Sept groupes de travail seront installés sur chacune des grandes filières. Une première synthèse est prévue en amont du Salon de l’agriculture en février.
Déficit : une première depuis 1978
"À l’heure où nos importations progressent rapidement – y compris sur des produits pour lesquels la France était souveraine il y a encore peu, comme les fruits et légumes, la volaille ou la farine – et où le déficit menace notre balance commerciale agricole et agroalimentaire pour la première fois en cinquante ans sous la pression d’un contexte géopolitique instable, il est en effet devenu vital de faire de la souveraineté alimentaire une priorité nationale", alerte le ministère. Le secteur agroalimentaire, qui se fait tailler des croupières au niveau mondial et au sein même du marché européen, devrait finir l’année à zéro, ce qui n’est pas arrivé depuis 1978, comme le rappelait récemment Thierry Pouch, chef économiste à Chambres d’agriculture France (lire notre article). L’an dernier, l’excédent était de 4,9 milliards d’euros, un des plus mauvais résultats depuis vingt-cinq ans. Un "choc" pour la première puissance agricole d’Europe qui appelle au "sursaut", souligne le ministère. Mais les syndicats, déjà échaudés par les ambiguïtés de la position française sur le traité de libre-échange avec le Mercosur, affichent leur défiance. Dénonçant une "opération de communication", la FNSEA ne sera pas présente à la séance d’ouverture, même si elle entend contribuer aux groupes de travail.