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Alpes-Maritimes : Emmanuel Macron promet "plusieurs centaines de millions d'euros" pour reconstruire "très vite"

Emmanuel Macron a promis ce 7 octobre que l'Etat apporterait "plusieurs centaines de millions d'euros" pour reconstruire "très vite" les vallées des Alpes-Maritimes dévastées le 2 octobre par des crues qui ont fait au moins cinq morts selon un nouveau bilan.

"Je viendrai à nouveau au plus tard dans un an, pour vérifier et continuer, je m'y engage devant vous ce soir", a proclamé Emmanuel Macron aux agents de la métropole de Nice ce 7 octobre, après une tournée en hélicoptère au chevet de trois communes particulièrement touchées par les crues dévastatrices du 2 octobre provoquées par la tempête Alex. Première étape, Tende, un village de 2.000 habitants accessible uniquement en hélicoptère depuis le déluge de vendredi soir, où le président de la République a passé une heure à rassurer des villageois sous le choc. "On a eu la sensation d'être oubliés pendant 48 heures, faut pas nous oublier, faut refaire notre belle Roya et qu'on revive", lui a lancé une habitante en larmes. "On mettra les moyens, on sera là", lui a répondu le chef de l'Etat. La voix nouée, le maire de Tende Jean-Pierre Vassallo lui a raconté ces terribles heures où des pluies torrentielles se sont abattues sur son village, emportant des maisons au bord de la rivière. "Le vendredi soir, c'était le cauchemar, les maisons tombaient les unes après les autres, on a évacué l'Ehpad, (...) on a fait un véritable miracle".
En une soirée, des trombes d'eau hors norme se sont abattues sur trois vallées au nord de Nice, entraînant des crues très brutales. Après la découvert du corps d'un pompier ce 8 octobre, le bilan humain de la catastrophe s'est alourdi, portant à cinq le nombre de personnes décédées. Six personnes restent portées disparues et 13 autres "supposées disparues". Les intempéries ont également fait deux morts en Italie, dans le Val d'Aoste et dans le Piémont.

"Fonds d'urgence 06"

La reconstruction des routes arrachées, des maisons éventrées et des réseaux d'adduction d'eau ou d'électricité doit aller "très vite", a déclaré le chef de l'Etat en arrivant dans un autre village sinistré, Breil-sur-Roya. Le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Renaud Muselier, a parlé d'un chantier à un milliard d'euros (lire notre article).
Pour y faire face, le chef de l'Etat a annoncé le déblocage de 100 millions d'euros pour alimenter un "Fonds d'urgence 06" et de 50 millions du fonds Barnier de prévention des risques naturels majeurs. Il a précisé lors d'une interview sur TF1 et France 2 que l'Etat apporterait au final "plusieurs centaines de millions", auxquels s'ajouteront les fonds d'une "conférence des financeurs" réunissant l'Etat et les collectivités, voire des fonds du plan de relance. "Peut-être qu'à la fin ce sera un milliard", a-t-il lancé, "on ne peut pas demander aux collectivités ni aux particuliers de se retrouver seuls".
A Tende, tous réclamaient d'urgence le rétablissement de la ligne de train alors que la route depuis Vintimille a été emportée à de nombreux endroits. "Dans les prochaines heures, on va rouvrir un accès (routier) par l'Italie", a assuré le chef de l'Etat. "Dans 4 à 5 semaines le train pourra refonctionner" mais "pour la route principale, ça va prendre des mois car il y a des ponts à refaire, je ne vais pas vous mentir".

Pas de reconstruction "à l'identique"

Adopté mercredi en conseil des ministres et publié au Journal officiel ce 8 octobre, l'arrêté de catastrophe naturelle pour 55 communes, - qui concerne aussi des communes des Côtes-d'Armor touchées par des inondations et coulées de boue dues à la tempête Alex -, permettra "de déclencher des indemnisations" et 80% du coût des maisons à reconstruire seront pris en charge, a précisé Emmanuel Macron. Mais, "on ne va pas reconstruire à l'identique" et certaines maisons trop proches de la rivière devront être évacuées, a-t-il dit, en demandant aussi des travaux d'aménagement et la limitation de l'artificialisation des sols pour prévenir les catastrophes.
Le président du département des Alpes-Maritimes, Charles-Ange Ginesy, réclame à ce sujet 250 millions pour la prévention des risques. Car, avec le réchauffement de la planète, ces épisodes de pluie extrêmes (dits "épisodes méditerranéens"), liés à des remontées d'air chaud et humide de la Méditerranée, risquent de devenir de plus en plus intenses, souligne Météo France.

Reprise partielle du "Train des Merveilles"

La Haute Roya était toujours isolée six jours après les crues mais un premier train de voyageurs a pu gagner jeudi les villages de Fontan et Saorge, inaccessibles par la route. "Il vient de repartir. Certains ont fait leurs valises pour aller dans de la famille et reviendront", espère le maire de Fontan Philippe Oudot, joint au téléphone. Un arrêté de péril a été pris pour une partie du village en bordure de la Roya qui compte une dizaine de maisons détruites ou abîmées. Ce TER commercial doit faire deux aller-retours dans la journée tandis que les secours continuent sans relâche le travail d'aide à la population et de recherche des disparus, avec près d'un millier de sauveteurs et douze hélicoptères, notamment pour le ravitaillement des communes isolées.
Connu sous le nom de "Train des Merveilles", le TER ne peut provisoirement pas dépasser la gare de Fontan-Saorge et monter à Tende, dernière localité française avant l'Italie. Qualifiée de véritable "ligne de vie" par Emmanuel Macron mercredi, cette ligne TER souffrait déjà d'une vitesse réduite et d'un manque d'investissements avant la catastrophe. Comme la route, elle est très abîmée. "On est encore en phase d'expertise. Certains ouvrages sont endommagés et des voies pendent dans le vide par endroits suite à des éboulements", a indiqué SNCF Réseau dont le numéro deux Matthieu Chabanel était attendu jeudi sur place pour parler de sa reconstruction. La veille, le président de la République a remercié la région pour les engagements pris pour la reconstruction "durable" de cet axe ferroviaire. "Si les paroles sont mises en actes, ce sont de bonnes annonces", avait réagi mercredi soir la maire de Saorge Brigitte Bresc. "L'essentiel, c'est le train. S'ils ne font rien sur cette ligne, c'est la mort de la vallée, et il faudra faire vite car les forces vives s'en vont".

Réouverture d'écoles

L'école de Fontan a également rouvert selon le rectorat, ainsi que cinq écoles et deux collèges des autres vallées du département, la Tinée et la Vésubie, durement frappées par la tempête. Dans l'arrière-pays niçois, toutes les communes sont désenclavées, bien que l'accès routier à Venanson reste précaire avec une simple piste, qui sera inutilisable cet hiver. "On cherche une alternative", indique la métropole Nice Côte d'Azur.

 

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