Appel à la grève des syndicats de l’Afpa, en "danger de mort"
Les syndicats de l’Agence pour la formation professionnelle des adultes (Afpa) appellent à la grève le 26 juin pour défendre l’utilité sociale de leur établissement sur fond de remise en cause de son financement public.

© Touam (Hervé Agnoux) CC BY-SA 4.0
L’Afpa en "grand danger de mort" ? C’est la crainte des organisations syndicales (CFE-CGC, CGT, CFDT, FO, Sud) de l’opérateur de l’État dans la formation des adultes, placé sous la tutelle conjointe des ministères du Travail et du Budget. L’intersyndicale a lancé un appel à la grève nationale, prévue ce jeudi 26 juin, pour défendre leur établissement public qu’ils estiment menacé par la chasse aux économies dans les finances publiques.
Alors que le gouvernement doit trouver 40 à 50 milliards d’euros d’économies pour son budget 2026, la pression monte sur cet opérateur public qui ne parvient pas à redresser ses comptes. Début juin, le journal l’Humanité révélait une note confidentielle de Bercy, datée du 13 mai, appelant à la suppression de la subvention d’équilibre de 210 millions d’euros versée à l’organisme depuis cinq ans et à des "décisions radicales", faute d’un "modèle économique viable".
"Une dérive budgétaire pour l’État"
En avril 2025, c’était la Cour des comptes qui sonnait l’alerte. "Le besoin de financement de l’Afpa conduit à une dérive budgétaire pour l’État, ce qui appelle des prises de décisions stratégiques", concluaient les magistrats dans leur analyse de l’exécution budgétaire 2024. Entre 2019 et 2024, l’Afpa a reçu plus de 1,6 milliard d’euros de subventions pour charges de service public, un montant 2,6 fois plus élevé que les montants prévus en loi de finance.
Le plan de transformation mené par l’Afpa depuis 2019, qui s’est traduit par le départ de plus de 1.200 salariés et la fermeture de plusieurs centres, "a produit des effets qui ne suffisent manifestement pas à retrouver une trajectoire soutenable sans un soutien massif de l’État", selon la Cour des comptes, qui appelle au "retour à un équilibre financier dans les meilleurs délais pour l’opérateur".
Un contrat d’objectifs qui se fait attendre
Problème : la stratégie de sortie de crise n’est toujours pas au point. L’institution a fait l’objet de deux rapports, l’un de l’Igas et l’autre de la Cour des comptes, qui n’ont pas été rendus publics. Maintenus dans l’incertitude, les syndicats sont inquiets. "Notre contrat d’objectifs et de performance avec l’État n’est toujours pas signé, notre direction reste muette", regrette le président de la CFE-CGC Afpa, David Bulgheroni. Initialement prévu sur la période 2024-2028, son adoption a été reportée.
En 2023, l’Afpa a formé 49.100 demandeurs d’emploi, 36.000 salariés et 6.715 alternants, pour un produit de 655 millions d’euros, selon son rapport d’activité. S’y ajoutent 67.900 personnes "accompagnées" dans le cadre de programmes nationaux vers la formation ou l’emploi, comme Prépa compétences pour les demandeurs d’emploi, le programme 16-18 pour les jeunes décrocheurs, et "déclic pour l’action" pour amener les jeunes à découvrir des métiers. L’opérateur disposait, en 2023, de 126 centres de formation en France métropolitaine sur plus de 200 sites, 13.500 places d’hébergement et 114 restaurants. Un maillage territorial qui favorise l’égal accès à la formation mais s’avère également source de coûts d’entretien et de réhabilitation en raison de l’état du bâti.
Pertes de marché avec les conseils régionaux
Très dépendante de la commande publique mais exposée à la concurrence des organismes de formation, l’Afpa est fragilisée en ce moment par "les pertes de marché des conseils régionaux", soulignent les syndicats. L’an dernier, elle mettait en avant l’impact positif de ses formations sur le retour à l’emploi (lire notre article).