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Sports / Formation - Apprentissage dans les métiers du sport et de l'animation : une filière porteuse en manque de visibilité

C'est un rapport inédit que le ministère des Sports a récemment mis en ligne. Portant sur l'évaluation du financement et des conditions de développement de l'apprentissage aux métiers du sport et de l'animation, il est le premier du genre dans ce secteur. Et pour cause : "Avec 3.360 apprentis, [le sport] ne représente qu'une fraction modeste en volume de l'apprentissage interprofessionnel qui compte autour de 425.000 apprentis et dont il est l'une des composantes les plus faibles", explique le rapporteur Gérard Bessière.
Il s'agit pourtant d'un domaine "qui connaît une croissance régulière et prometteuse", précise le rapport. Toutefois, dans cet ensemble, le champ de l'animation est très faiblement représenté (124 contrats), de même que le secteur public, représenté par les communes et leurs regroupements (553 apprentis). Un constat d'ailleurs général à propos de l'apprentissage dans la fonction publique territoriale.
Parmi les éléments positifs à retenir sur l'apprentissage dans les métiers du sport et de l'animation : des indicateurs de réussite élevés, comme un pourcentage de rupture des contrats "très faible" (6% contre 22% dans l'apprentissage interprofessionnel) et un taux d'insertion professionnelle "élevé" (85%).
Pour ce qui est des obstacles spécifiques à son développement, le rapport note un déficit d'image, une méconnaissance avérée du dispositif de la part d'employeurs potentiels (notamment les collectivités territoriales), une information insuffisante des jeunes, une structuration encore embryonnaire du marché de l'emploi dans le secteur, une connaissance trop approximative des besoins d'emplois et des terrains de stages, et un positionnement institutionnel jusqu'à présent insuffisant.

Les carences du ministère des Sports

Parmi les 18 préconisations du rapport, plusieurs font précisément allusion aux carences du ministère des Sports en matière de promotion et d'organisation de l'apprentissage. Côté promotion, le rapport plaide pour la conception d'"une page internet des sites du ministère chargé de la jeunesse et des sports ciblée sur l'apprentissage, qui soit attractive et interactive". Côté organisation, il souhaite "la mise en place au sein de la direction des sports d'une mission 'apprentissage'" et "la désignation d'un(e) chargé(e) de mission à plein temps", mais surtout la conception "au niveau ministériel, [d']un modèle d'organisation et d'implantation des CFA aux métiers du sport et de l'animation, qui permette d'assurer entre les Creps [centres de ressources, d'expertise et de performance sportives] et les CFA, un couplage simplifié et relativement uniformisé, sous la forme d'unités de formation par apprentissage (UFA) ou de sections d'apprentissage".
En ce qui concerne les collectivités territoriales, le rapport préconise de valoriser "les atouts de l'apprentissage aux métiers du sport et de l'animation en termes d'insertion professionnelle des jeunes, auprès des conseils régionaux", et de susciter "auprès des conseils régionaux, en lien avec les branches professionnelles, l'établissement de conventions d'objectifs et de moyens (COM) relatives au développement de l'apprentissage aux métiers du sport et de l'animation".
Parmi les autres propositions, notons celle visant à recenser et promouvoir la création de groupements d'employeurs qui permettent aux entreprises, et notamment aux associations, de favoriser le recrutement d'apprentis selon le principe d'emplois partagés, ou encore celle allant dans le sens d'un aménagement du dispositif emplois du CNDS (Centre national pour le développement du sport) en ce qui concerne les aides au recrutement d'apprentis, "afin de réduire à 200 euros maximum le coût résiduel à la charge des employeurs".