Aubervilliers : narcotrafic 1 – développement territorial 0
"Le problème du narcotrafic ne peut pas être celui d'un maire. La mission qui m'a été confiée par les habitants n'est pas une mission de santé publique nationale : je ne suis ni ministre de l'Intérieur, ni ministre de la Santé ; je suis maire d'Aubervilliers." Au moment où certains maires semblent prêts à monter en première ligne dans la guerre contre le narcotrafic (lire notre article du 21 novembre), Karine Franclet (UDI) vient, dans un communiqué de presse du 21 novembre, de constater son impuissance en la matière, si ce n'est de rendre les armes. "Malgré l'augmentation significative des effectifs de police municipale et le déploiement massif de la vidéoprotection, la ville ne peut répondre seule à des enjeux qui dépassent le niveau communal", explique-t-elle. En cause, l'annonce du départ de BNP Paribas – "et de ses plus de 2.700 salariés" – du quartier du Millénaire, "véritable cœur économique" de la ville "en passe de devenir une zone de non droit", estime l'élue. Cette dernière voit dans ce départ "un signal d'alarme", révélant "une insécurité structurelle dans ce quartier". Et dont elle redoute l'effet boule de neige, dans la mesure où "BNP Paribas avait déployé des dispositifs de protection spécifique pour ses salariés qui, par ricochet, bénéficiaient à tous les employés du secteur", lequel rassemble "plusieurs milliers de salariés avec Veolia, la galerie du 19M par Chanel, de nombreuses entreprises et une grande administration centrale, le ministère de la Justice". "Un retrait" dont elle souligne en outre qu'il "fragilise tout l'équilibre local : commerces en déclin, centre commercial en situation critique, risques de vacance prolongée et de mésusage des bureaux abandonnés". Dans un article du 20 février 2024, le site actu.fr comptait une trentaine de magasins ouverts dans ledit centre commercial, "sur les 140 promis à son ouverture, au printemps 2011". Le site internet du centre recense à ce jour 21 enseignes, dont 8 semblent définitivement fermées.
En conclusion, Karine Franclet appelle "l'État à assumer pleinement ses responsabilités […]. Ce départ doit être un point de bascule, non un renoncement", ajoute-t–elle. Une expression récemment employée par le ministre de l'Intérieur après le "crime d'intimidation" de Mehdi Kessaci, le 13 novembre dernier à Marseille (lire notre article précité).