Baromètre santé-social AMF-Mutualité française : les écarts s’accentuent entre les territoires

Les disparités entre départements ne se recoupent pas toujours, selon le domaine considéré. Dévoilé à l’occasion du Congrès des maires, le deuxième baromètre AMF-Mutualité française porte sur l’accès aux soins, les Ehpad, la petite enfance et la santé environnementale.

Lors du 105e Congrès des maires, l’Association des maires de France (AMF) et la Mutualité française ont rendu public leur deuxième baromètre santé-social, après une première édition qui avait été diffusée en 2020 (voir notre article). Trois ans après, "force est de constater que la situation ne connaît pas d’amélioration notable dans les domaines visés par notre baromètre", écrivent David Lisnard et Éric Chenut, présidents respectivement de l’AMF et de la Mutualité française, en édito de la publication.

Face au recul de l’accès aux soins, la coordination des acteurs progresse

"L’offre de soins est toujours très inégalement répartie, même si les acteurs de santé se coordonnent mieux, grâce à des outils comme les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS)", indiquent-ils en premier lieu. Le 22 novembre 2023, un forum du Congrès des maires a permis aux maires de témoigner tant des difficultés liées à la faible densité médicale que des efforts déployés pour offrir des solutions aux habitants (voir notre article).

Au 1er janvier 2023, la densité de médecins généralistes varie de 50 pour 100.000 habitants à Mayotte, ou encore 86 en Eure-et-Loir, 89 en Seine-et-Marne et 90 dans l’Eure, à 291 médecins pour 100.000 habitants dans les Hautes-Alpes, 234 à Paris et 206 dans les Pyrénées-Atlantiques. Une autre carte du baromètre rend compte d’évolutions très contrastées du nombre de médecins généralistes entre 2020 et 2023 : les difficultés s’accentuent pour certains territoires comme le Cher et la Seine-Saint-Denis, alors que des départements déjà bien lotis comme les Hautes-Alpes continuent à attirer de nouveaux praticiens.

"En France, 87% de la population vit dans un désert médical et 6,7 millions de Français n’ont pas de médecin traitant" - et 714.000 d’entre eux sont en affection longue durée, peut-on lire dans le baromètre. Si ce dernier met en évidence le recul de la permanence des soins, il illustre aussi les progrès de la coordination des acteurs de santé, avec des données sur les contrats locaux de santé, les conseils locaux de santé mentale et les CPTS qui, au nombre de 444, couvraient 55% du territoire en juin 2023.  

Offre d’établissements pour personnes âgées : "un rapport de 1 à 5,6 entre les départements"

"Sur l’action sociale, le taux d’équipement moyen en établissements pour personnes âgées est en recul", constatent encore David Lisnard et Éric Chenut. Les données utilisées datent toutefois un peu. De 124 places pour 1.000 personnes âgées de 75 ans et plus en 2018, le taux d’équipement moyen en établissements a baissé pour atteindre 115 places fin 2021. Les variations de l’offre de places sont importantes, "dans un rapport de 1 à 5,6 entre les départements". Le taux d’équipement est globalement plus élevé dans les départements ruraux, il est par exemple de 196 places pour 1.000 personnes âgées en Lozère contre 84 à Paris et seulement 34 à La Réunion. Le baromètre porte également sur les disparités territoriales en matière de tarifs des Ehpad et d’isolement des personnes âgées. Un autre forum du Congrès des maires a donné la parole aux élus sur ces réalités (voir notre article).

À l’autre bout de la vie, l’accueil des jeunes enfants varie là encore fortement d’un département à l’autre. Et les écarts se sont accentués entre 2017 et 2020 (années des données Cnaf disponibles) entre la Mayenne – département le mieux doté avec 83 solutions d’accueil pour 100 enfants – et la Guyane – le moins bien doté avec 11 places pour 100 enfants. L’accent est notamment mis sur les difficultés liées aux nombreux départs à la retraite d’assistantes maternelles et sur le coût de l’accueil collectif.   

En matière de santé environnementale, qui constitue la troisième partie du baromètre, la qualité de l’eau de distribution "semble se détériorer" même si elle reste "globalement bonne". Là encore, des cartes mettent en évidence les différences territoriales sur la qualité de l’eau, mais aussi la qualité de l’air et le niveau d’exposition aux pollutions.