Capacités d'accueil des nouveaux sportifs : des difficultés réelles mais sectorisées

Une enquête d'envergure conduite en Nouvelle-Aquitaine conclut à l'existence d'une réelle difficulté à accueillir des licenciés supplémentaires dans les clubs après les Jeux de Paris 2024. Cette difficulté se concentre toutefois selon la typologie des clubs, leur implantation et leur discipline.  

Paris 2024 devait participer à la hausse du nombre de licenciés dans les clubs sportifs. Si de nouveaux pratiquants ont bien sonné à la porte des clubs, leur accueil n'a toutefois pas été sans rencontrer de difficultés. C'est ce que montre une enquête présentée comme "la plus grande base de données française sur les freins à l'accueil de nouveaux licenciés dans les clubs sportifs". Intitulé "Enquête héritage en Nouvelle-Aquitaine" et réalisé par le comité régional olympique et sportif (Cros) de Nouvelle-Aquitaine, en partenariat avec l'Observatoire du sport français, l'université de Poitiers et l'observatoire régional du sport, ce travail inédit rassemble des données issues de 1.591 clubs néo-aquitains et met en lumière un mouvement sportif "confronté à des limites structurelles croissantes".

Premier enseignement : 51% des clubs répondants n'ont pas accueilli de licenciés supplémentaires après Paris 2024. Parmi ceux-ci, 51% n'ont pas accueilli de nouveaux licenciés "en raison d'une absence de demande", tandis que 48% se sont déclarés "dans l'incapacité d'accueillir des licenciés supplémentaires." Il existe donc une "saturation des capacités d'accueil" dans certains clubs sans que cette situation ne soit "généralisable à l'ensemble du mouvement sportif", pointent les auteurs. 

Les clubs des grandes villes plus souvent saturés

L'enquête met ensuite en lumière la typologie des clubs n'ayant pas pu accueillir de licenciés supplémentaires. Il en ressort que 68% des clubs implantés dans des villes de plus de 100.000 habitants ont connu un phénomène de saturation contre 34% de ceux implantés dans des communes de moins de 1.000 habitants. Au-delà de 5.000 habitants, "le taux d'incapacité des clubs augmente progressivement avec le nombre d'habitants", commente l'enquête, avant d'ajouter que les clubs des villes de petite taille "sont beaucoup plus sujets à un manque de demande". 

On observe également une corrélation "significative" entre le nombre de licenciés d'un club et sa capacité à en accueillir de nouveaux. Ainsi, quand 41% des clubs comptant entre 201 et 500 licenciés ont été incapables d'accueillir des licenciés supplémentaires, seulement 21% des clubs de plus de 1.000 licenciés et environ 13% de ceux de moins de 100 licenciés ont connu pareille limite. En outre, si elle ne distingue pas les taux de refus de licenciés supplémentaires par sport, l'enquête procède par grandes familles de pratique. Il en ressort que les activités d'expression, de la forme et de la force, d'une part, les sports collectifs, de l'autre, présentent les taux d'incapacité à accueillir des licenciés supplémentaires les plus forts. Autre facteur mis en lumière : 87% des clubs comptent les mineurs parmi les classes d'âge qui se sont vu refuser une licence, or cette catégorie ne représentait que 52% des licences en Nouvelle-Aquitaine en 2024.

L'enquête a ensuite voulu connaître les causes de ces refus. Elle a alors fait l'hypothèse qu'il existait quatre problématiques majeures limitant leur capacité d'accueil : infrastructures, bénévolat, encadrement professionnel et ressources financières. 80% des clubs disent faire face à l'une de ces problématiques et 49% en citent deux ou plus.

Les infrastructures, principal frein à l'accueil des sportifs

Pour près de 52% des clubs, la problématique des infrastructures est la plus importante, et ce taux grimpe à 64% pour les clubs implantés dans des communes de plus de 100.000 habitants. On note encore que si la problématique des équipements s'incarne à travers un manque d'équipements pour 75% des clubs concernés, leur partage avec d'autres usagers est problématique pour 51% d'entre eux et leur vétusté pour 23%. L'existence de "relations difficiles" avec la collectivité locale étant pour sa part "résiduelle".

Au-delà des infrastructures, le manque de professionnels pour encadrer les pratiquants apparaît comme ayant un effet significatif sur le refus de licenciés supplémentaires, alors que le manque de bénévoles ou le manque de capacités financières n'ont pas d'impact direct sur la capacité à les accueillir, sauf lorsqu'ils se cumulent avec le manque d'infrastructures.

In fine, le profil type du club en tension est celui comptant de 201 à 500 licenciés, dans une zone urbaine, proposant une pratique de sport collectif ou de forme, et son incapacité à accueillir des licenciés supplémentaires tient avant tout à un manque d'infrastructures sportives. Les auteurs de l'enquête en concluent que "la saturation du mouvement sportif néo-aquitain n'est pas généralisée mais sectorielle", et surtout que "ce constat appelle à une réflexion spécifique selon le profil des clubs et non à des actions uniformes". 

 

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