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ADCF - Couple commune-communauté : comment ranimer la flamme ?

Lors de sa 29e convention nationale, qui s’est tenue les 4 et 5 octobre à Deauville, l'Assemblée des communautés de France (ADCF) a réfléchi aux moyens de mieux "agir ensemble" dans les territoires. "Il nous faut organiser des intercommunalités inclusives", a insisté Jean-Luc Rigaut, président de l’association. Les participants ont pointé en particulier la nécessité d’associer étroitement les équipes municipales aux travaux communautaires.

Les vagues de fusions de communautés de ces dernières années ont parfois mis à rude épreuve les relations entre les élus municipaux et leur intercommunalité. Les blessures sont encore vives. 40% des 243 présidents d'intercommunalité récemment interrogés par l'ADCF évoquent "des tensions avec certaines communes". Le président de l'association, Jean-Luc Rigaut, a appelé à un apaisement et à une reconstruction des liens distendus. "L'intercommunalité, c'est le collectif des maires dans un bassin de vie", a-t-il insisté.
Les communautés et les métropoles y travaillent évidemment déjà. 76% des présidents d'intercommunalité sondés par l'ADCF ont mis en place des conférences des maires, pour mieux associer ceux-ci aux dossiers, surtout lorsque les édiles ne sont pas membres du conseil communautaire. "C'est un outil informel – et qui doit le rester – permettant aux maires d'être parties prenantes sur les grands sujets, en amont des conseils communautaires", a confirmé Pierre Jarlier, président de Saint-Flour communauté, qui intervenait jeudi lors du forum de la convention consacré à la "gouvernance". Dans l'agglomération de Rouen, une conférence locale des maires a été installée dans chaque "pôle de proximité". "Ça fonctionne bien", a considéré Frédéric Sanchez, président de la métropole et autre participant du forum. Dans ce cadre, les maires sont consultés, par exemple, sur la définition du programme pluriannuel d'investissement dans le domaine des voiries, a-t-il précisé.

Le maire, un bon "ambassadeur" de la communauté ?

De son côté, Saint-Flour communauté a eu aussi l'idée d'ouvrir son bureau exécutif à l'ensemble des maires des communes membres. Chacun d'entre eux peut participer aux réunions qui sont organisées tous les lundis.
Beaucoup de communautés s'efforcent d'informer au mieux le premier magistrat de chaque commune, notamment via des comptes-rendus écrits des réunions. Avec l'idée qu'il servira de relais. "On espère que le maire sera un bon ambassadeur de la communauté auprès du conseil municipal", a confié Isabelle de Waziers, vice-présidente de la communauté Somme Sud-Ouest. "Ce n'est pas toujours le cas", regrette-t-elle toutefois. Le président de la communauté de communes d'Auray Quiberon a acquiescé dans la salle. "Certains maires font de la rétention d'information." Pire, "parfois, ils donnent la mauvaise information", a-t-il témoigné.
Cela n'est pas de nature à renforcer la relation entre l'intercommunalité et les conseillers municipaux qui ne siègent pas dans le conseil communautaire. Jugée pourtant très importante par les responsables de l'ADCF, elle semble bien, ici ou là, en perte de vitesse.

"Mettre en réseau les secrétaires de mairie"

Cela n'a pas surpris Pierre Jarlier : "L'intercommunalité a été trop assimilée à des transferts de compétences." De ce fait, "les conseillers municipaux des secteurs les plus ruraux disent qu'ils vont finir par ne plus rien faire", raconte le président délégué de l'Association des petites villes de France (APVF). La ministre auprès du ministre de l'Intérieur, Jacqueline Gourault, a elle aussi constaté une baisse de motivation de la part des conseillers municipaux. "Certains n'assistent plus ni au conseil municipal, ni au conseil communautaire." Lors de la séance plénière d'ouverture de la convention, ce jeudi, elle a jugé que "la lassitude" est plus grande chez ces élus de base que chez les maires. Au passage, elle a récusé l'existence d'un "mouvement général de démissions des maires". "Il faut éviter d'alarmer sur ce sujet", a-t-elle dit, en faisant référence à l'inquiétude qui s'est exprimée au cours de l'été dernier.
La démotivation qui touche les conseillers municipaux peut trouver des solutions. La commune nouvelle en serait une, selon Pierre Jarlier : "Si on affirme que la commune peut se renforcer dans une intercommunalité puissante, ça va permettre de redonner du baume au cœur aux conseillers municipaux dans la vie collective." Avant d'envisager un tel projet, les élus peuvent notamment commencer par "mettre en réseau" les secrétaires de mairie. Si ceux-ci ne sont pas "intéressés", il y a "peu de chance" que le maire et le conseil municipal le soient aussi, a expliqué le maire de Saint-Flour.