Crise énergétique : "L'urgence, c'est que les entreprises comprennent les dispositifs d'aide" (CCI France)

Face à la complexité des dispositifs d'aides mis en place par l'Etat pour répondre à la crise énergétique, les CCI se posent comme l'intermédiaire permettant d'assurer "le dernier kilomètre" jusqu'aux entreprises.

"On n’a jamais eu autant besoin des chambres de commerce et d'industrie." Après la crise sanitaire et avec la crise énergétique actuelle, les CCI reviennent au-devant de la scène, comme le signale à Localtis le président de CCI France. "Les entreprises ne connaissent pas les dispositifs mis en place [par l'Etat], c'est véritablement le premier sujet à traiter", estime ainsi Alain Di Crescenzo.

Fin octobre, la Première ministre avait annoncé 12 milliards d'euros pour aider les entreprises et les collectivités à faire face à la flambée des prix de l'énergie actuelle (voir notre article du 27 octobre 2022). Mais beaucoup d'entreprises sont passées à côté : 65 millions d'euros seulement ont été décaissés depuis juillet 2022 dans le cadre du guichet gouvernemental d'aide au paiement des factures de gaz et d'électricité, au profit d'un peu moins de 500 entreprises alors que 3 milliards d'euros sont alloués au dispositif. Olivia Grégoire, ministre en charge des TPE, PME et de l'Artisanat, a elle-même constaté le problème le 16 janvier devant des artisans lors de l'ouverture du guichet d'aide aux entreprises pour les factures d'électricité des mois de novembre et décembre. "L'urgence actuelle c'est que les entreprises comprennent les dispositifs, explique le président de CCI France, il faut leur faire faire le 'dernier kilomètre' de cette politique publique, pour ce faire nous lançons une opération de phoning auprès de 20.000 entreprises, le segment des PME industrielles, pour informer et expliquer".

L'enjeu est important, il s'agit d'aider les entreprises avant qu'il ne soit trop tard. Et si, en début d'année, Bruno Le Maire réfutait l'éventualité d'un "mur des faillites", les chiffres concernant les défaillances d'entreprises, même s'ils restent en-deçà des niveaux d'avant-crise, progressent fortement ces derniers mois (voir notre article du 18 janvier 2023). "Il y a une accélération et il y a un autre phénomène, on va tout de suite sur des liquidations", détaille le président de CCI France. Les CCI sensibilisent les entreprises pour qu'elles anticipent leurs difficultés et trouvent les bonnes solutions. De son côté, le réseau des commissaires aux restructurations et à la prévention des difficultés des entreprises a accompagné 836 entreprises fragilisées en 2022, selon le rapport d'activité de la DGE publié le 18 janvier.

Des cellules de crise comme au temps du covid

Un numéro unique (0805 484 484) a également été mis en place par CCI France pour répondre aux questions des entreprises. "Des cellules de crise sont ouvertes sur tous les territoires comme pendant la période covid, détaille Alain Di Crescenzo et nous remontons de façon hebdomadaire les statistiques au gouvernement, nous sommes sollicités comme jamais."

Les CCI ont également lancé des campagnes de communication concernant la sobriété, les dispositifs d'urgence en place mais aussi les actions envisageables à plus long terme en matière de baisse des consommations d'énergie. Les CCI proposent ainsi des diagnostics (flash diag énergie) pour aider les entreprises à réduire leur consommation d'énergie. "A chaque moment de sensibilisation, il y a mécaniquement une baisse entre 5 et 10% des consommations", assure Alain Di Crescenzo.

Plus globalement, les CCI accompagnent les entreprises dans leur démarche, dans le cadre du service public à travers des prestations gratuites, ou des prestations payantes si elles relèvent du marché concurrentiel. Les entreprises peuvent notamment déléguer certaines formalités, comme l'accès au guichet unique de la loi Pacte pour les créations, modifications ou radiations des entreprises, qui remplace depuis le 1er janvier 2023 les six anciens réseaux de centres de formalités des entreprises (CFE) mais qui a déjà subi une série de difficultés, pas plus tard que la semaine dernière (piratage, bugs, hotline saturée). Coût de la prestation : entre 50 et 120 euros. "On fait très bien la limite entre ce qui est payant et ce qui reste gratuit ; avec la baisse de notre budget, nous avons dû supprimer des effectifs, aujourd'hui la structure est plus efficace et les entreprises tiennent au service public, pour sa gratuité mais aussi pour son rôle de tiers de confiance", assure Alain Di Crescenzo.