Dans un quartier populaire, l'épicerie sociale est motrice de développement social (17)

La création d’une épicerie sociale, impliquant fortement bénévoles et usagers, a permis au CCAS d’Aytré de bâtir, pierre après pierre, une politique d’insertion et de développement social dans un quartier populaire.

L’avantage d’une épicerie sociale sur une simple distribution alimentaire, c’est qu’on vend des produits pour des sommes symboliques, ce qui conduit les familles à apprendre à gérer leur budget. Et cela, avec l’aide d’animateurs ou de professionnels formés à l’action sociale. Tel a été le constat qui a décidé les élus d’Aytré (8.986 habitants) au sud de La Rochelle à aller au-delà du simple don alimentaire.

Rachat d’une épicerie et embauche d’une conseillère sociale

Malgré la bonne volonté des bénévoles, la distribution des produits de la Banque Alimentaire lancée en 2002 dans les locaux du centre socioculturel d’Aytré est devenue inconfortable. Les files d’attente des bénéficiaires ne correspondaient pas à l’esprit des autres activités du centre. En 2006, après quelques réunions avec des ayant-droits et les bénévoles, les élus décident d’acheter une épicerie qui ne trouvait pas de repreneur, dans un quartier très populaire de la ville.
Les rayonnages étaient là, des chambres froides permettaient de conserver des primeurs dans de bonnes conditions. Ils décident, avec les bénévoles de la banque alimentaire d’y ouvrir une épicerie sociale. Pour l’animer, le CCAS embauche une conseillère en économie sociale.

Usagers et bénévoles ensemble pour faire tourner l’épicerie sociale

"J’ai eu la chance, souligne la conseillère sociale, Sandrine Mallet, d’être embauchée par une équipe d’élus convaincus qu’il fallait mobiliser les usagers et les bénévoles, ensemble, pour faire tourner la boutique !". Depuis janvier 2016, dix ans après son ouverture, une quinzaine de personnes approvisionne, gère l’épicerie sociale, et l’ouvre tous les lundis et jeudis matins. Plus d’une centaine de familles par an en bénéficient, 50 la fréquentent en permanence, 20 personnes sont présentes devant les portes à l’ouverture deux fois par semaine.

Programme de soutien aux bénéficiaires selon leurs besoins

La conseillère en économie sociale a constaté que 50 % des usagers de l’épicerie ont un problème d’addiction, générant beaucoup de difficultés à vivre la parentalité. "Bien entendu, les réponses à ces besoins sont obligatoirement divers, sans dépendre de la seule épicerie", observe-t-elle.

Elle a donc proposé aux bénéficiaires de participer à des ateliers autour de ce qu’elle appelle l’’éconovie ‘ : ensemble, ils réfléchissent à des moyens très concrets de maitriser leur budget, les pièges commerciaux, ceux des banques en particulier, sur le fait que les enfants obligent souvent à des dépenses qui ne sont pas indispensables.

L’idée est de faire participer au maximum les ayants droits. Dans cet esprit, la conseillère en économie sociale a suivi un stage de Théâtre Forum et anime des séances d’expression libre qui aident les usagers à parler d’eux et ainsi, à mieux maîtriser leur propre vie.

S’ouvrir à des partenariats multiples pour des projets solidaires

La conseillère en économie sociale a aussi voulu ouvrir son action à tous les partenariats possibles. Avec La Matière, une association de recyclerie, les usagers ont construit un bar en bois dans les locaux de l'épicerie avec des matériaux de récupération. S’en est suivi un projet d’atelier de "relooking" de meubles, voire de fabrication de meubles à partir de bois de palettes. Dans la foulée, un projet de bar associatif est en train de voir le jour.
D’autres associations ont créé un jardin partagé. Les familles usagères de l’épicerie se partageant quelques parcelles et la production. Et c’est ainsi qu’est née dans les locaux de l’épicerie, une "zone de gratuité" dans laquelle on trouve de tout : des poireaux, des meubles, des vêtements…

En provoquant cette effervescence auprès d’un public populaire, en mobilisant professionnels, usagers et bénévoles autour de l’insertion, de l’éducation populaire, l’épicerie sociale a l’ambition de lutter contre l’isolement et créer du lien.

 

Commune d'Aytré

Nombre d'habitants :

8986
Place des Charmilles
17440 Aytré

Alain Tuillère

Maire

CCAS d'Aytré

Rue de la Résistance
17440 Aytré

Patricia Cluck

Adjointe au maire, vice-présidente du CCAS

Sandrine Mallet

Conseillère en économie sociale et animatrice de l'épicerie sociale d'Aytré

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