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Réforme territoriale - De nouveaux noms pour Nord-Pas-de-Calais-Picardie et Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine

Les futurs noms de deux nouvelles régions se précisent. Arrivée au terme de sa consultation publique, la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie devrait ainsi prendre le nom de "Hauts-de-France". A l'issue d'un processus de sélection dans lequel l'exécutif régional est intervenu de manière inattendue, ce ne sont finalement pas moins de quatre noms qui seront proposés au choix des habitants de la région Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine.

Une nouvelle étape du processus menant au choix des noms des régions Nord-Pas-de-Calais-Picardie et Alsace-Lorraine-Champagne Ardenne vient d'être franchie.
En Nord-Pas-de-Calais-Picardie, à l'issue d'une consultation publique, Xavier Bertrand et sa majorité ont opté pour le nom le moins controversé, pour ne pas diviser Ch'tis et Picards, en proposant lundi 14 mars que la nouvelle région s'appelle "Hauts-de-France", plutôt que "Nord de France" ou "Terres-du-Nord". Avec le même souci, et la volonté de marquer une "continuité" plutôt qu'une rupture, selon le président de la région Xavier Bertrand, le nouveau nom sera sous-titré: "Nord Pas de Calais-Picardie" (sans tiret entre Nord et Pas-de-Calais, ni dans le nom de Pas-de-Calais).
Ce vœu devait être transmis dans la journée aux services de l'Etat. Il doit être validé au plus tard le 1er juillet par le Conseil des ministres et suivi d'un décret du Conseil d'Etat avant le 1er octobre. Ch'tis et Picards mêlés, tous les élus de la droite et du centre (ils sont 116), ont approuvé la suggestion de l'ancien député-maire de Saint-Quentin, qui a rappelé qu'il était picard. Les 54 élus FN ont voté contre, quelle que soit leur implantation géographique. La gauche ne siège plus à la région depuis les élections de décembre 2015.
Le choix n'allait pas de soi, et a d'ailleurs été immédiatement brocardé sur les réseaux sociaux. De la consultation sur internet, organisée de vendredi à dimanche par la région et à laquelle 55.140 citoyens ont participé, "Hauts-de-France" l'a d'ailleurs emporté d'un souffle : 21.151 personnes avaient voté "Hauts-de-France", 20.679 personnes "Terres-du-Nord". Le nom "Nord de France" (13.310 voix) a moins fait recette. Le Nord-Pas-de-Calais compte quatre millions d'habitants, deux fois plus qu'en Picardie. Les deux ont été "mariés" en 2015 dans le cadre de la réforme territoriale. Ces trois noms, selon l'institution régionale, avaient "retenu l'attention de l'exécutif régional" après la consultation menée en février auprès des lycéens et apprentis (voir notre article du 28 janvier ci-contre).

"Un cruel manque d'imagination", pour Marine Le Pen

Le Front national, dont la Picardie est une place forte, n'a pas manqué de tenter d'exploiter l'éviction du mot de cette région dans le nom principal, lors d'une séance une nouvelle fois tendue entre majorité et FN. "Un véritable traumatisme" pour l'ancienne région, a affirmé Michel Guiniot, faisant référence à "la nation picarde" au XIIIe siècle. Marine Le Pen, présente dans l'hémicycle au moment du vote, a pour sa part critiqué sur Twitter ce nouveau nom: "#HautsDeFrance: une appellation froidement géographique, qui fait fi de notre histoire, de notre culture. Un cruel manque d'imagination", accusant Xavier Bertrand de "raye(r) la Picardie de la carte".
"Marier l'Histoire de notre région au nom de notre beau pays, cela a du sens", a déclaré Xavier Bertrand juste avant le vote. Il a tenu à "réaffirmer l'identité de notre région", indiquant par exemple que "la question du picard en tant que langue", comme du "flamand", n'était "pas une question secondaire". "On a besoin de savoir d'où on vient et on a besoin de nous projeter vers l'avenir. Il faut les deux en même temps", a-t-il ajouté. D'où l'option retenue d'un sous-titre. Le président de la région tenait à un nom qui rende l'entité facilement identifiable de l'extérieur, notamment des investisseurs. "Hauts-de-France" permettra que "le nom soit porté au-delà de nos frontières", a dit la maire (centre droit) d'Amiens, Brigitte Fourré. "Cette décision n'est peut-être pas idéale, mais a le mérite que chacun s'y retrouve", a-t-elle ajouté.
Des étudiants des Beaux-Arts et en design seront chargés de dessiner le logo de la nouvelle région. Comme pour le nom, "pas d'agence de com", a précisé le maire de Tourcoing et vice-président Gérald Darmanin (LR).

"Nouvelle Austrasie", "Rhin-Champagne", "Acalie"  ou... "Grand Est"

En Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, le processus de sélection a pris un tour inattendu : les internautes pourront finalement choisir entre quatre noms pour leur nouvelle grande région, après l'ajout du dernier sur décision du conseil régional, 48 heures après la clôture du processus de sélection des noms. "Acalie", "Rhin-Champagne" ou "Nouvelle Austrasie" auraient dû en effet être les trois seuls noms parmi lesquels les habitants du Grand Est devaient  choisir celui de leur région. 
C'est "dans une volonté d'approche démocratique plus complète et de prise en compte des différents points de vue" que l'exécutif régional "a acté à l'unanimité l'intégration d'un quatrième nom dans les propositions aux citoyens", selon un communiqué publié lundi 14 mars dans l'après-midi. L'annonce, samedi 12 mars, des trois finalistes avait suscité des traits d'humour sur les réseaux sociaux et quelques réactions politiques. Des représentants de tous les partis de l'opposition étaient pourtant présents lors des trois séances organisées pour choisir les noms soumis au vote des habitants. Outre ces élus, des citoyens tirés au sort, des membres du Ceser et des experts - géographes, historiens... - avaient participé à ce processus, présenté par le président de la grande région, Philippe Richert (LR), comme "un exercice innovant de démocratie participative". Les 60 participants avaient éliminé "Grand Est" au dernier tour, samedi.

"Plus petit dénominateur commun"

"L'exercice de démocratie représentative a abouti à des propositions qui n'étaient pas forcément celles de départ, ce qui montrait qu'il y avait eu un vrai travail", a déclaré Julien Vaillant, élu socialiste et participant aux consultations. "Ce que je déplore aujourd'hui, c'est que je considère que les élus n'ont pas plus de légitimité que d'autres pour choisir un nom, et je regrette que l'on vive dans une démocratie des réseaux sociaux", a-t-il ajouté en référence aux nombreux commentaires, souvent très moqueurs, postés sur Twitter.  "L'arrivée de toute ça, c'est que l'on plébiscite le plus petit dénominateur commun qui sera sans saveur". Désormais, les habitants ont jusqu'au 1er avril pour voter pour l'une des quatre propositions. C'est donc aux citoyens de se prononcer, sur le site du conseil régional ou par courrier, avant que le conseil général ne vote, le 29 avril,  et transmette ses délibérations au Conseil d'Etat, qui validera le nom définitif par décret avant le 1er octobre.