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Environnement - Déchets ménagers : les collectes séparées risquent de coûter de plus en plus cher aux centres de tri

Entre 200 et 900 millions d'euros d'investissements d'ici à 2020 : c'est le montant des investissements à réaliser dans les centres de tri pour adapter le parc actuel aux collectes séparées des déchets ménagers, selon une étude que vient de publier l'Ademe. Commandée par le ministère de l'Ecologie et co-financée par les éco-organismes Eco-Emballages et Eco-Folio, cette étude porte sur le parc national de centres de tri de 2011, soit 253 installations ayant trié 2,904 millions de tonnes de déchets ménagers. L'évaluation des montants "ne tient pas compte des investissements de remplacement liés à l'usure des process actuels ou à une optimisation plus globale des centres de tri", précise l'étude.
D'ici à 2020, si les consignes de tri restent inchangées, le montant total d'investissement nécessaire pour adapter le parc actuel de centres de tri et le mettre à niveau par rapport aux situations de saturations observées actuellement serait de l'ordre de 200 millions d'euros, estime-t-elle. Globalement, les capacités du parc sont aujourd'hui en adéquation avec le tonnage à trier mais des disparités importantes entre les centres de tri subsistent, pointe l'Ademe. Les principaux points de saturation sont la surface de stockage amont (39% des sites), le débit du process (39% des sites) et la surface de stockage aval (25% des sites). Sans nouvelles consignes de tri d'ici à 2020, "l'évolution tendancielle des tonnages triés est évaluée à +6%", soit 185.000 tonnes supplémentaires par rapport à 2011, "compte tenu de la baisse du gisement des déchets et de l'amélioration du taux de collecte séparée".
"En cas d'extension des consignes de tri uniquement aux pots et barquettes plastiques, l'évolution des tonnages a été estimée à +12%", soit 362.000 tonnes supplémentaires par rapport à 2011. En volume, cette hausse est de 21%. Le tri de ces déchets supplémentaires "générerait un besoin d'investissement complémentaire compris entre 200 et 300 millions d'euros", soit, ajouté aux 200 millions d'euros mentionnés plus haut, un montant total de 400 à 500 millions d'euros.
En cas d'extension des consignes de tri aux pots, barquettes et films plastiques, l'évolution des tonnages est estimée à +16% (465.000 tonnes de plus par rapport à 2011). Ce dernier scénario, qui représente une hausse de 21 à 37% en volume, "impliquerait un besoin d'investissement complémentaire compris entre 400 et 700 millions d'euros", soit une somme totale comprise entre 600 et 900 millions d'euros.
L'étude souligne la difficulté d'adapter le parc actuel de centres de tri à de nouvelles consignes : "En cas d'extension incluant les films, plus d'un tiers du parc ne pourrait pas, même avec des investissements, trier la totalité de son bassin versant actuel en respectant les standards matériaux des flux sortants, 22% si l'extension concerne uniquement les pots et barquettes, 18% sans extension."
"Au regard des montants d'investissements qui correspondraient à l'adaptation du parc actuel des centres de tri aux évolutions attendues des collectes séparées, une étude prospective des différents scénarios d'évolution de la collete et du tri dans le service public de gestion des déchets a été initiée", prévient l'Ademe. Les résultats de ces travaux sont attendus "début 2014".