Archives

Environnement - Des prix de l'eau "abusifs" en France, selon l'UFC-Que choisir

L'eau est surfacturée dans de nombreuses agglomérations françaises, a dénoncé lundi l'UFC-Que choisir, dans sa deuxième étude sur le sujet. Comme dans la première, publiée début 2006, la palme revient au Syndicat des eaux d'Ile-de-France (Sedif), dont une partie des compétences sont déléguées à Veolia. L'UFC a calculé qu'entre le prix facturé et ce que l'eau devrait coûter, la marge pour le Sedif s'élève à 58,7%, ce qui signifie que sur 100 euros facturés, 58,7 euros lui reviennent.
Marseille et la presqu'île de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) avec des marges de 56,1% et de 55% arrivent juste derrière.  Lyon, Toulouse, Montpellier (gestions privées) et Reims (municipale) ont des marges comprises entre 40 et 50%, Bordeaux, Nice (gestions privées), Paris (mixte) et Strasbourg (municipale) entre 30 et 39%, et Angers, Nantes (municipales), Lille et Nancy (privées) entre 25 et 30%.
Les bons points de l'UFC reviennent à Chambéry, Clermont-Ferrand, Annecy et Grenoble, gérées en régie municipale, qui "présentent des prix facturés assez proches de notre calcul de coût".
"Ces résultats mettent en lumière les bénéfices faramineux réalisés par Veolia et Suez, qui se partagent l'essentiel du marché", dénonce l'UFC. Les trois quarts des Français sont alimentés en eau par des entreprises privées dont 39% par Veolia et 22% par la Lyonnaise des eaux (Suez). "Les régies s'en sortent mieux que la délégation privée mais nous ne voulons pas en faire une généralité", a cependant nuancé François Carlier, directeur adjoint des études et de la communication de l'UFC.
Cette étude a été réalisée à partir de données du ministère de l'Ecologie ou des agences de l'eau et non des syndicats eux-mêmes. L'UFC affirme avoir tenu compte "de la qualité de l'eau, de la densité du territoire ou des subventions attribuées aux syndicats".
Cette méthodologie est pourtant dénoncée par la Fédération professionnelle des entreprises de l'eau (FP2E) selon qui elle "fait abstraction de paramètres locaux" et "mène à des résultats aberrants". La FP2E fustige aussi un calcul des marges qui "repose sur un abus de langage", rappelant que la marge des entreprises de l'eau (rapport entre chiffre d'affaires et profits) est en moyenne de 7% en France et que le prix de l'eau y est de 10% inférieur à la moyenne européenne.
L'UFC appelle les élus locaux à "envisager sérieusement l'opportunité d'un retour en régie publique lors de la renégociation de leur contrat (...) seul moyen d'accroître l'intensité de la concurrence". "Les contrats actuels, souvent signés dans les années 1980, sont léonins", a dénoncé Daniel Bideau, administrateur de l'UFC.
Ce que ne dément pas Michel Desmars, chef du service Eau et assainissement de la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies. "Beaucoup de ces contrats ne repasseraient pas de la même façon aujourd'hui et seraient beaucoup moins chers."

 

A.L. avec AFP