Des urgences de proximité au cœur du Pays de Gex (01)

En manque cruel de médecins, généralistes et spécialistes, éloigné de tout hôpital, la communauté d'agglomération du Pays de Gex a créé fin 2020 un centre de soins immédiats. Il a vocation à traiter les petites urgences, autrement dit les « soins non programmés », entre médecine de ville et urgences hospitalières.

En bordure de la frontière avec la Suisse, les habitants du Pays de Gex, dans l'Ain, avaient pris l'habitude en cas d'urgence de couper par Suisse, franchissant deux fois la frontière pour rallier leur hôpital de référence, le site de Saint-Julien du centre hospitalier Annecy-Genevois, en Haute-Savoie. « Autrement dit, entre 45 minutes et une heure trente de route, selon l’endroit où l'on habite », souffle le président de la communauté d'agglomération du Pays de Gex, Patrice Dunand.

Depuis le 1er janvier 2020, la situation a radicalement changé, avec l'ouverture d'un centre de soins immédiat (Cesim) à Gex, l'une des 27 communes de l'agglomération. C'est devenu le centre local de référence pour les « petits bobos ». Le Cesim fonctionne du lundi au vendredi, de 8 heures à 20 heures et le samedi matin.

Ouvert juste avant la crise sanitaire du Covid-19, c'est peu dire qu'il a été précieux. Les difficultés de déplacement sont arrivées alors à leur paroxysme, avec les restrictions de passages à la frontière. Le centre a permis au territoire de « faire face à la crise sanitaire dans de meilleures conditions », affirme l'élu.

Double régulation et huit médecins en permanence

Des patients continuent bien sûr à être évacués sur Saint-Julien dès que la régulation (le 15) l'estime nécessaire ou préférable. Car c'est le 15 qui oriente une personne vers le Cesim ou vers l'hôpital d'Annecy. « Un infirmier du Cesim vérifie également à l'arrivée de la personne qu'elle ne nécessite pas des soins justifiant une évacuation sur Saint-Julien », précise le Président.

Huit médecins généralistes font tourner le centre. Leur recrutement a été progressif, le Cesim ayant ouvert avec quatre médecins. La communauté d'agglomération n'a rencontré aucune difficulté pour les recruter. Une bonne surprise. « Cela tient au planning que l'on propose : pas de travail le week-end notamment, et aux conditions de travail », assure le président. « La plupart de nos médecins travaillaient en Suisse et étaient du coin. »

La collectivité, qui gère en direct le Cesim, les a recrutés sous le statut de contractuel. « Nous n'aurions pas pu être attractifs avec la grille de la fonction publique territoriale », reconnaît Patrice Dunand. Aux huit médecins s'ajoutent 5 personnels infirmiers et deux secrétaires médicales pour la vie quotidienne du centre.

Le rôle clé du contrat local de santé

Le manque de structure intermédiaire entre la médecine de ville – par ailleurs marquée ici aussi par un déficit de médecins généralistes – et l'hôpital avait été reconnu comme un problème majeur, à l'occasion du diagnostic du contrat territorial de santé, signé en 2016. C'est au sein de cette instance réunissant partenaires locaux (département et région) et nationaux (État, Agence régionale de santé) que la réflexion a conduit à la création du Cesim. « Des médecins ont une première fois évoqué cette idée, reprise par la communauté d'agglomération comme une piste à creuser », explique Patrice Dunand. Les relations construites avec les différents partenaires dans le cadre de ce contrat, dont l'Agence régionale de santé qui a donné l'agrément au Cesim –, ont facilité la concrétisation de ce projet novateur. Et fédérateur. Le centre hospitalier - Ehpad du Pays de Gex, spécialisé dans les soins de suite et palliatifs, héberge le Cesim dans ses locaux. « Cela a permis de créer une synergie », apprécie l'élu, qui est également président du conseil de surveillance de cet établissement. Cet hôpital fait partie du groupe hospitalier de territoire Haute-Savoie Pays de Gex, né au printemps 2018. Des consultations avancées ont commencé à y être déployées. Il est prévu d'y installer un scanner prochainement.

Une structure qui reste fragile

Avec 11 000 passages en 2022, alors que le Cesim ne comptait que deux lignes de soins (il en compte trois depuis le début de l'année 2023), l'activité du centre est vouée à grimper encore. Les élus n'ont aucune inquiétude à ce sujet. Ils parient sur 15 000 à 16 000 passages par an. En revanche, ils attendent avec impatience un changement de cotation des actes de soins en actes d'urgences. Le remboursement de l'assurance maladie passerait alors de 25 euros à 100 euros pour certains actes par exemple. Les recettes - d'environ 300 000 euros actuellement - seraient ainsi plus importantes. Ce qui soulagerait les fonds propres de la collectivité, sur lesquels repose pour l'heure la prise en charge du complément de budget (voir encadré).La décision dépend de l'ARS. Le dossier est en cours de négociation entre la collectivité et l’État. Les élus misent également sur le lobbying auprès du ministère de la Santé… Ne serait-ce que pour démontrer les bénéfices en chaîne de cette structure, et la nécessité de la consolider. Le Cesim allège les urgences de Saint-Julien. Comme il soulage aussi les pompiers, « qui sont amenés à passer moins de temps sur les routes pour emmener des patients à Saint-Julien ». Enfin, le Cesim est devenu une alternative pour les habitants sans médecin traitant, que l’on estime à près de 26 000 sur l'agglomération. Près d'un habitant sur quatre ! « Sur le territoire, nous n'avons que 33 généralistes, quand il en faudrait une centaine », déplore l'élu.

Un budget conséquent à renflouer

Le Cesim a un coût de fonctionnement de 1,4 million d'euros par an. Les recettes proviennent des remboursements des actes de soin par l'assurance maladie. S'ajoutent 200 000 euros pris en charge par l'agence régionale de santé (ARS) d'Auvergne Rhône-Alpes. Et quelques subventions locales ponctuelles. Pour l'heure, le remboursement des consultations plafonne autour de 300 000 euros. La communauté d'agglomération prend à sa charge la différence, près de 800 000 euros.

Communauté d'agglomération du pays de Gex

Nombre d'habitants :

98257

Nombre de communes :

27
135 rue de Genève
01 170 Gex
info@paysdegexagglo.fr

Patrice Dunand

Président

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