Développement de la lecture : Rachida Dati fait feu de tout bois
Les jeunes lisent de moins en moins. Pour les inciter à fréquenter les bibliothèques et les librairies, la ministre de la Culture propose plusieurs pistes et vise particulièrement les habitants des quartiers de la politique de la ville et des zones rurales.
Alors que le salon du livre de Paris, désormais dénommé Festival du livre, ouvre ses portes ce vendredi 12 avril à Paris, la ministre de la Culture multiplie les annonces pour inciter le jeune public à revenir à la lecture.
Dans un entretien accordé aux Échos, le 11 avril, Rachida Dati, a indiqué que des librairies et des bibliothèques seraient ouvertes, dans le cadre d'une expérimentation, au sein de logements sociaux de quartiers de la politique de la ville (QPV) et dans des zones rurales.
Dans les QPV, ces nouvelles structures seront mises en place en partenariat avec les bailleurs sociaux et les collectivités et pourront être gérées par des associations ou des sociétés coopératives et participatives (Scop). Un "premier test" devrait avoir lieu à Rillieux-la-Pape (Rhône), une commune de 32.000 habitants ne comptant aucune librairie. Dans les territoires ruraux, la solution proposée par la ministre consiste à soutenir les librairies itinérantes et à mettre en place des navettes. Pour Rachida Dati, ces initiatives – qui ne sont toutefois pas inédites – visent à "apporter le livre au plus près des publics, en particulier ceux éloignés de la lecture".
Des mains tendues aux jeunes…
Parmi les autres mesures évoquées par la ministre de la Culture, on retiendra l'amplification de la politique d'extension des horaires d'ouverture des bibliothèques et médiathèques, pour laquelle 3 millions d'euros supplémentaires seront disponibles chaque année. Mais aussi la mise à disposition de livres aux centres de loisirs, associations d'éducation populaire et toute institution qui en ferait la demande. Cette opération, pilotée par les Drac (directions régionales des affaires culturelles), sera dotée de 1,2 million d'euros en 2024. De plus, les moyens de l'opération "Jeunes en librairie", lancée en 2021, seront doublés et le dispositif intégrera la prise en charge du transport, de façon à faire venir en librairie, avec leurs accompagnateurs, des jeunes, notamment issus de "quartiers populaires" et de zones rurales. Enfin, Rachida Dati entend élargir "les possibilités du Pass culture pour qu'il bénéficie davantage à des publics non initiés et les incite à aller vers le livre en les accompagnant dans leur découverte de la lecture".
Le 11 avril, en déplacement à Bazouges-la-Pérouse (Ille-et-Vilaine) pour y inaugurer une médiathèque, Rachida Dati a par ailleurs annoncé qu'une journée annuelle nationale des bibliothèques serait instaurée, dont la première aurait lieu en septembre 2024, et que d'ici 2027, mille bibliothèques supplémentaires seront concernées par le plan Bibliothèques, lancé en 2018 afin de moderniser les bibliothèques et renforcer leur rôle sur les territoires.
… qui lisent de moins en moins
Ces annonces arrivent dans un contexte difficile. Le 9 avril, le Centre national du livre (CNL) a publié "Les jeunes Français et la lecture", une enquête qui fait le "constat préoccupant d'une lecture de moins en moins présente dans le quotidien des jeunes, et en particulier des adolescents".
Dans le détail, le CNL nous apprend qu'un jeune de 16-19 ans sur trois ne lit pas du tout dans le cadre de ses loisirs. Et alors que les jeunes consacrent 19 minutes par jour à la lecture loisir, ils passent quotidiennement 3 h 11 sur les écrans (hors lecture de livres numériques ou écoute de livres audio).
Par ailleurs, quand ils lisent pour leurs loisirs, les jeunes, et en particulier les garçons de 13-15 ans, se tournent prioritairement vers les bandes dessinées et les mangas. Bien qu'en légère baisse, le roman reste en bonne place, grâce aux romans sentimentaux ou d'amour, dont la lecture est en hausse. Le CNL note enfin que 44% des jeunes ont désormais déjà lu un livre numérique, majoritairement… sur téléphone.