DGS des intercommunalités : une enquête inédite dévoile un métier exigeant mais satisfaisant
Une récente étude du Cevipof brosse le portrait des directeurs généraux des services (DGS) des intercommunalités, ces "chevilles ouvrières du bloc communal" au rôle encore assez méconnu. Très investis dans leurs missions, ces cadres se disent néanmoins plutôt satisfaits de leur vie professionnelle. L'étude livre aussi leur opinion sur l'institution intercommunale et son devenir.
© Enquête DGS (EPCI)- 2025. Sciences Po Cevipof et Adobe stock
C'est une étude inédite sur les directeurs généraux des services (DGS) des intercommunalités que le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) a dévoilée à l'occasion du Salon des maires, qui s'est tenu du 18 au 20 novembre. Riche d'enseignements, elle rend compte de leur perception tout autant de leur rôle que de leur environnement de travail et de l'institution intercommunale, ceci à l'heure où le gouvernement prépare "un nouvel acte de décentralisation". Réalisée en partenariat avec l'Association des directeurs généraux des communautés de France (ADGCF) et Territoria mutuelle, l'enquête se fonde sur les réponses de 350 DGS d'intercommunalités recueillies par internet en septembre. Un panel que les auteurs, Martial Foucault et Éric Kerrouche, tous deux chercheurs au Cevipof, jugent "très" représentatif, sauf pour les métropoles.
Il s'agit d'un "groupe professionnel à dominante masculine" (59% des répondants), "très qualifié" (87% ont au moins un diplôme bac +4) et d’une moyenne d’âge de 52 ans (près de 80% des répondants se situent entre 40 et 59 ans). Une ancienneté dans la vie professionnelle qui n'empêche pas 47% d'entre eux d'avoir une expérience d'au plus cinq années dans leur poste actuel. Près de 85% relèvent de la fonction publique territoriale, les autres (15%) étant des contractuels (plus souvent dans les grandes intercommunalités).
"Managers polyvalents"
"Investis dans leur mission" (avec un temps de travail de 50 heures par semaine en moyenne), les cadres interrogés estiment à 61% que "la vie de DGS est une fonction où l’on ne compte pas ses heures". Mais sondés sur leur satisfaction à l'égard de "la vie qu'ils mènent", 75% répondent par une note d'au moins 7 sur 10 (10 correspondant au maximum de satisfaction). Par ailleurs, 56% se déclarent satisfaits du salaire qu'ils perçoivent et 21% jugent que ce dernier n'est "ni suffisant ni pas suffisant".
Les DGS des intercommunalités estiment à 89% que leurs missions et tâches quotidiennes sont "intéressantes" et qu'ils bénéficient de la confiance des élus. Ils sont même 93% à déclarer qu'ils jouissent de la confiance de l'exécutif.
Ils se considèrent avant tout comme des "managers polyvalents" et des "conseillers politiques de l'exécutif", le rôle de directeur des ressources humaines (DRH) étant beaucoup plus rarement cité. Pourtant, ils conçoivent les ressources humaines comme le domaine d'intervention qui pose le plus de difficultés (41% le considérant comme "difficile"), devant l'urbanisme et la transition écologique (36% et 34%) et bien avant les finances (24%). L'une des raisons tient aux tensions sur le marché du travail, qui sont ressenties par 90% des DGS interrogés. 16% affirment même que les difficultés de recrutement sont "systématiques".
La majorité voudrait rester au même poste après mars
82% des DGS jugent que le bilan de leur intercommunalité depuis le début du mandat actuel est "assez bon" ou "très bon". Et ils sont 76% à considérer que leur intercommunalité fonctionne bien. Mais pour parvenir à ces résultats, les intercommunalités ont été parfois confrontées à des contraintes fortes, telles que les complexités administratives et réglementaires (72%), les contrôles tatillons de l'État (46%), le manque de moyens en personnel (42%) ou financiers (37%).
Partisans de la stabilité du "cadre d'action des intercommunalités", les DGS sont à 55% défavorables à la possibilité pour les communes de se voir restituer leurs compétences par leur établissement public de coopération intercommunale. En outre, ils considèrent à plus de 56% qu'il faut conserver le système actuel du fléchage pour l'élection des conseillers communautaires.
Interrogés sur "la situation générale" de leur intercommunalité au cours des cinq prochaines années, les DGS se révèlent plutôt pessimistes, avec une note moyenne de 4,4, signifiant qu'ils anticipent une "dégradation" de la situation. Ce qui n'empêche pas une majorité d'entre eux (53%) de souhaiter continuer à occuper leur poste actuel après les élections municipales de mars prochain, moins de 8% envisageant de "changer de carrière".