Eau, assainissement : un prix global toujours en hausse
Fondée sur des données de 2023, l’édition 2025 du rapport national de l’Observatoire des services publics d’eau et d’assainissement confirme une forte augmentation du prix total de l’eau, avec une facture moyenne par ménage de 562,80 euros par an, soit 46,90 euros par mois. La consommation reste stable avec toutefois de fortes disparités géographiques. La connaissance technique du patrimoine est, elle aussi, très variable.

© OFB 2025
"Le prix du service de l’eau potable (production, transfert et distribution aux usagers) et de l’assainissement collectif (collecte, transport et dépollution des eaux usées) est en forte augmentation depuis deux ans", souligne le rapport 2025 de l’Observatoire national des services publics d’eau et d’assainissement, piloté par l’Office français de la biodiversité (OFB) et le ministère de la Transition écologique. Selon le document publié ce 7 juillet et fondé sur des données 2023 émanant pour l’essentiel des collectivités en charge des compétences eau potable et assainissement, le prix global moyen de l’eau TTC au 1er janvier 2024, pour une consommation moyenne annuelle par foyer de 120 m³ s’établit ainsi à 4,69 euros/m³ - 2,32 euros/m³ pour l’eau potable et 2,37 euros/m³ pour l’assainissement collectif -, contre 4,52 euros/m³ au 1er janvier 2023.
Une tendance à la hausse qui devrait se poursuivre
Pour les ménages, la facture moyenne est désormais de 562,80 euros par an, soit 46,90 euros par mois. Après une hausse de 4,1% entre 2021 et 2022, ce prix moyen a augmenté de 3,8% entre 2022 et 2023, soit à un rythme légèrement inférieur à celui de l’inflation sur ces deux dernières années (+5,2% en 2022 et +4,9% en 2023). "Il faut s’attendre à ce que cette hausse se poursuive dans les prochaines années, en raison de la réponse aux exigences de la DERU [directive eaux résiduaires urbaines, ndlr] en vigueur (notamment pour 78 grandes agglomérations ciblées en 2024) mais également de l’évolution des exigences réglementaires visant à mieux protéger la santé et l’environnement (révisions récentes des directives européennes relatives à l’eau potable et au traitement des eaux usées urbaines) et du besoin important de renouvellement et d’entretien des infrastructures d’eau et d’assainissement", préviennent l’OFB et le ministère.
Dans le détail, les collectivités de taille intermédiaire (entre 1.000 et 50.000 habitants) sont celles qui affichent en moyenne les tarifs les plus élevés (entre 5,02 et 5,03 euros/ m³). De manière générale, le prix moyen présenté par les communes (4,44 euros/ m³) est inférieur au prix moyen présenté par les EPCI (4,72 euros/ m³). Par ailleurs, le prix moyen présenté par les services en régie (4,54 euros/ m³) est inférieur de 7,5% à celui présenté par les services en délégation (4,88 euros/m³).
Des prix très variables d'une région à l'autre
Le prix global de l'eau est plus élevé au Nord, notamment dans le Nord-Ouest. En France hexagonale, les Hauts-de-France (5,41 euros/ m³) et la Bretagne (5,34 euros/ m³) présentent les prix moyens les plus élevés. À l’opposé, Provence-Alpes-Côte d’Azur (4,22 euros/ m³), la région Grand Est (4,31 euros/ m³) ainsi que l’Occitanie et la région Auvergne-Rhône-Alpes (4,40 euros/m³) présentent les prix moyens les plus faibles. Outre-mer, les écarts sont encore plus marqués. Le prix moyen est très élevé en Martinique et à Mayotte (respectivement 6,01 euros/m³ et 5,81 euros/m³) tandis que La Réunion affiche le prix moyen le plus faible (2,98 euros/m³). "De très nombreux facteurs liés au contexte local (complexité technique du service, provenance des eaux, sensibilité du milieu récepteur, dispersion de l'habitat, pression touristique, etc.), mais aussi à des choix politiques en matière d’investissements, de gestion et de qualité de service, contribuent à expliquer l’ensemble des écarts de prix", analyse l’Observatoire.
A l’échelle nationale, le rendement moyen du réseau de distribution d’eau potable est de 81% en 2023. Il y a donc 19% de fuites dans les réseaux d’eau potable - près d’un litre d’eau sur 5 est ainsi perdu. Il reste assez stable sur les dernières années (autour de 80% entre 2010 et 2020, puis entre 81 et 81,5% sur les 3 dernières années). Evaluée à 18% en 2023, la proportion de services non conformes au regard du respect des dispositions du décret "fuites" pour le rendement du réseau de distribution d’eau potable est également stable.
Consommation domestique plus élevée dans le Sud
La consommation domestique moyenne par habitant est évaluée à hauteur de 53 m³ par an (53.000 litres, soit environ 145 litres par jour), soit en légère baisse par rapport à 2022 (54m³ par an). Mais cette moyenne cache des disparités géographiques importantes. "Le climat, l’impact potentiel des piscines privées peuvent expliquer pour partie les plus fortes consommations constatées dans le Sud, comme le département des Alpes-Maritimes (moyenne départementale la plus élevée pour l’Hexagone avec 81m³ par habitant)", relève l’Observatoire. La Guadeloupe (75m³), la Martinique (63m³) et La Réunion (85m³) ont aussi des niveaux de consommation supérieurs à la moyenne nationale. "Cela peut s’expliquer en partie par le développement résidentiel, la pression démographique et l’arrosage extérieur (qui est une pratique répandue), aussi par des fuites élevées dans certains territoires ultra-marins, et uniquement pour La Réunion, par un prix assez faible", indique l’Observatoire. Dans l’Hexagone, la consommation domestique est supérieure à la moyenne dans les départements les plus au Sud et les départements littoraux du Sud-Ouest et du Sud-Est.
Une connaissance du patrimoine à améliorer
Le rapport fait par ailleurs état d’une disparité de connaissance technique du patrimoine. Le niveau de connaissance et la gestion patrimoniale des réseaux d’eau potable est ainsi plus approfondie que celle des réseaux d’assainissement. En 2023, l’indicateur est évalué respectivement à 103 et 71 points (sur un total de 120 points), mais l’écart diminue du fait de la progression assez rapide du niveau de connaissance en assainissement collectif.
"En assainissement collectif, des efforts sont à réaliser à Mayotte, en Guadeloupe, en Guyane et dans les Hauts-de-France (valeurs inférieures à 45 points en 2023)", souligne l’Observatoire qui rappelle qu’à partir de l’exercice 2024, le calcul du coefficient de la redevance performance eau (agences de l’eau) sera modulé selon le niveau de performance des collectivités notamment en matière de connaissance et de gestion patrimoniale. Une amélioration de la connaissance dans les prochaines années, notamment en eau potable est donc attendue.
Ralentissement du transfert de compétences au niveau intercommunal
Enfin, le rapport constate "une progression ralentie" du transfert de compétences du niveau communal au niveau intercommunal depuis 2 ans. La diminution du nombre de collectivités et de services publics en charge pour l’eau potable des missions de production, transfert et de distribution et pour l’assainissement, de la collecte, du transport et de la dépollution des eaux usées se poursuit en 2023. On dénombre 13.071 collectivités en 2023 en charge du service public de l’eau ou de l’assainissement (contre 13.601 en 2022). En 2010, on dénombrait 24.033 collectivités pour 37.846 services, rappelle le rapport.
En 2023, l’observatoire comptabilise un total de 24.188 services (contre 24.975 en 2022) comprenant 10.231 services d’eau potable, 11.595 services d’assainissement collectif et 2.362 services d’assainissement non collectif.
Le taux de gestion intercommunale, qui traduit la proportion de communes ayant transféré toutes leurs compétences eau et assainissement au niveau intercommunal, a continué de progresser mais plus lentement. Il est évalué à hauteur de 71,5% en 2023, contre 70,2% en 2022, 69,6% en 2021, et 68,7% en 2020. "Cependant, la loi promulguée en avril dernier, venant supprimer l’obligation de transfert pour les communes vers les intercommunalités, pourrait avoir un effet sur cette tendance dans les prochaines années", relève l’Observatoire.
Pour les indicateurs réglementaires 2024, qui serviront à alimenter le prochain rapport, la campagne de saisie sous Sispea est ouverte depuis le 18 juin dernier. Toutes les collectivités en charge de l’eau et de l’assainissement en France devront avoir réalisé cette saisie au plus tard le 15 octobre prochain, indiquent l'OFB et le ministère.