Eau potable : le Grand Lyon propose une tarification solidaire et progressive

La métropole de Lyon a annoncé ce 6 mars vouloir mettre en place une tarification progressive et solidaire de l'eau potable à partir du 1er janvier 2025. Pour les particuliers, les 12 premiers m3 seront gratuits et à partir d'une consommation de 180 m3 par an, le tarif en vigueur doublera. Un "versement solidaire eau" sera en outre instauré pour les ménages précaires.

A partir du 1er janvier 2025, la métropole de Lyon, qui a repris en gestion publique l'an dernier la gestion et la distribution de l'eau potable, compte mettre en place une "tarification solidaire et environnementale" de l'eau. "Notre objectif n'est pas de facturer les tranches supérieures, mais la sobriété en eau", a expliqué lors d'une conférence de presse ce 6 mars le président écologiste du Grand Lyon Bruno Bernard, rappelant que la préservation de cette ressource était l'une des priorités de son mandat. La métropole s'est notamment fixé un objectif de réduction de 15% de la consommation d'ici 2035.

La nouvelle tarification, qui doit encore être validée lors du prochain conseil métropolitain du 11 mars, est issue d'une "longue réflexion" en consultation avec une assemblée des usagers, a souligné Anne Grosperrin, vice-présidente en charge du cycle de l'eau au Grand Lyon et présidente de la régie Eau publique. Rien ne change pour la part fixe de la facture, correspondant à l'abonnement. En revanche, sur la part variable du prix de l'eau potable - soit environ 44% de la facture totale, qui est composée aussi du coût de l'assainissement, des redevances et de la TVA -, la nouvelle structure tarifaire introduit deux changements : une tarification différente entre particuliers et professionnels et une  progressivité par tranche de consommation.

Incitation à un usage "plus raisonnable de l'eau"

Pour les particuliers, les 12 premiers mètres cubes annuels seront gratuits, garantissant ainsi "de manière inconditionnelle et non stigmatisante l'accès à l'eau", selon Florestan Groult, vice-président à la régie. Pour la tranche 2 (entre 12 et 180 m3 par an), le tarif en vigueur fixé et révisé chaque année en juin par la régie Eau publique du Grand Lyon s'appliquera. En 2024, le prix hors taxe du mètre cube, pour la part variable, était de 1,1506 euro, un prix "dans le bas de l'échelle" en France, a indiqué Anne Grosperrin.

Pour la troisième tranche - au-delà d'une consommation de 180 m3 par an, soit celle d'une famille de 6 à 7 personnes -, le tarif en vigueur sera en revanche doublé. Cela concerne, selon les estimations de la métropole, 16.000 abonnés, soit "moins de 5% des usagers". "Il s'agit d'accompagner les personnes pour revenir à un usage plus raisonnable", a expliqué Florestan Groult. A noter, pour les abonnés vivant en habitat collectif et ne disposant pas de compteur individuel, le tarif progressif sera appliqué en prenant en compte le nombre de logements dans l'immeuble ou la résidence.

Versement solidaire : entre 20 et 80 euros par foyer concerné

La métropole souhaite également mettre en place un "versement solidaire eau, pour que les plus précaires n'aient pas une part du coût de l'eau supérieure à 3% de leurs revenus", a souligné Bruno Bernard. Entre 100.000 et 120.000 foyers pourraient bénéficier de ces aides, pour un versement estimé entre 20 et 80 euros par foyer.

Le dernier volet concerne les professionnels, qui seront aussi soumis à un tarif progressif, en quatre tranches cette fois. L'écart entre la première (consommation annuelle entre 0 et 180 m3) et la dernière (à partir de 18.000 m3) ne dépassera pas +15%.

Plusieurs villes, dont Montpellier ou Dunkerque, ont déjà des tarifs progressifs de l'eau et le 30 mars dernier, lors de la présentation du plan eau, le président de la République avait souhaité généraliser cette mesure pour préparer le pays aux sécheresses causées par le réchauffement climatique. Mais dans un avis adopté le 29 novembre, le Cese avait estimé que les conditions de cette généralisation n'étaient "pas réunies" (lire notre article). Il pointait notamment le risque d'inégalités selon les usagers, la moitié d'entre eux n'étant pas équipés de compteurs individuels, et jugeait la mise en place d'une tarification progressive "potentiellement complexe et coûteuse pour les collectivités".

 

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