Éclairages n°35 : Comparatif DPE, écarts de performance énergétique et carbone entre parc social et parc privé

Ce numéro d’Éclairages analyse les performances énergétique et climatique des résidences principales occupées de la France hexagonale en s’appuyant sur les nouvelles étiquettes du DPE. L’étude révèle l’impact prédominant des systèmes de chauffage, de l’isolation thermique et des zones climatiques sur la performance énergétique des logements. Certains logements sont peu performants du point de vue du DPE alors que leur enveloppe est bien isolée parce que leur système de chauffage a un rendement énergétique faible et qu’ils sont situés dans des zones caractérisées par des périodes de chauffe intenses. À l’inverse, d’autres logements ont des niveaux d’isolation insuffisants mais ils sont définis comme très performants énergétiquement car ils sont dotés d’un système de chauffage plus efficient et ils sont moins exposés au froid.


L’étude montre ainsi que les efforts de réhabilitation qui permettent de basculer vers un parc de logements aligné avec la Stratégie Nationale Bas Carbone doivent être adaptés en fonction des caractéristiques thermiques initiales des logements.
 

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Méthodologie 

Pour estimer les nouvelles étiquettes des résidences principales occupées de la France hexagonale qui n'ont pas encore fait l'objet d'un nouveau DPE au 31 décembre 2024, nous avons réalisé un calage sur marge à partir des données du recensement de la population. Compte tenu des résultats de ce calage, notre étude permet d'analyser la performance énergétique et carbone des 30 millions de résidences principales occupées, dont 4,6 millions de logements sociaux ordinaires, non vides et non vacants. 

Principaux enseignements

  1. La consommation énergétique et les émissions carbones ne sont pas toujours corrélées : les logements qui consomment le moins d’énergie primaire n’émettent nécessairement pas le moins d'émissions de carbone ;

  2. Les logements chauffés par de l’électricité consomment plus d’énergie primaire mais ils émettent moins de gaz à effet de serre. Pour ces logements, l’amélioration de l’isolation doit être plus importante pour éradiquer les étiquettes E, F, G que pour basculer les étiquettes C et D vers une étiquette A ou B ;
  3. La classe DPE (l’étiquette énergie ou climat la moins favorable du logement) ne reflète pas la qualité de l’isolation thermique : les logements les plus performants ne sont pas forcément les mieux isolés ;

  4. Les logements exposés aux températures hivernales les plus froides doivent être mieux isolés pour basculer vers une étiquette A ou B et éradiquer les E, F et G ce qui limite les possibilités de les rendre conformes aux objectifs de la SNBC ;

  5. Malgré les efforts de réhabilitation des bailleurs sociaux et le fait que la performance DPE du parc social est meilleure que dans le parc privé, la quasi-totalité des logements sociaux devront être rénovés d’ici 2050.

Consommation énergétique élevée et faibles émissions de CO₂ : le rôle des sources décarbonées

En pesant près de 70 % de la consommation énergétique résidentielle, les systèmes de chauffage jouent un rôle crucial sur la performance thermique des logements. Les logements chauffés à l’électricité pèsent seulement 5 % des étiquettes énergétiques A ou B, mais représentent 80 % des étiquettes carbone performantes. À l’inverse, les logements chauffés au gaz sont quasi absents des étiquettes carbone A ou B, mais constituent 73 % des étiquettes énergétiques performantes du parc privé.

Note de lecture : dans le parc social, alors que 73 % des logements alignés avec la SNBC (A et B) sont chauffés par du gaz, 47 % des étiquettes énergétiques notées E sont formées de logements chauffés par de l’électricité.

  • Champ : résidences principales occupées au 1er janvier 2022, France hexagonale, nouveaux DPE, hors logement-foyer.
  • Source : base des DPE (Ademe), RP (Insee) au 1er janvier 2022, RPLS (SDES) au 1er janvier 2024, calculs Banque des Territoires.

Note de lecture : dans le parc social, alors que 68 % des étiquettes carbone alignées avec la SNBC sont composées de logements chauffés par de l’électricité, 85 % des étiquettes carbone classées E, F, G sont formées de logements chauffés par du gaz.

  • Champ : résidences principales occupées au 1er janvier 2022, France hexagonale, nouveaux DPE, hors logement-foyer.
  • Source : base des DPE (Ademe), RP (Insee) au 1er janvier 2022, RPLS (SDES) au 1er janvier 2024, calculs Banque des Territoires.

Ainsi, l’accomplissement des objectifs de la SNBC dans le cas des logements chauffés par de l’électricité nécessite de prioriser la recherche d’économies d’énergie tandis que, dans le cas des logements chauffés par du gaz ou d’autres combustibles (bois-énergie, fioul, chauffage urbain) cela suppose de prioriser (sans s’y réduire) la recherche d’un meilleur mix énergétique.

Logement bien isolé en zone froide : un défi pour les objectifs SNBC

L’étude relève que les logements chauffés à l’électricité ont généralement une meilleure qualité d’isolation thermique que les autres logements. Les réglementations thermiques ont en effet imposé des exigences d’isolation plus strictes pour les bâtiments chauffés à l’électricité, afin de compenser les rendements énergétiques plus faibles liés à la production d’électricité. Les logements chauffés au gaz et dotés d’une étiquette « D » ont en moyenne une isolation thermique insuffisante, tandis que les logements chauffés à l’électricité disposant de la même étiquette ont une qualité de l’isolation bonne.

Les températures extérieures et l’ensoleillement influencent les besoins énergétiques de chauffage. Dans les zones plus froides, une meilleure isolation est nécessaire pour compenser les températures plus basses et éviter une consommation énergétique trop importante. Les logements situés dans le sud de l’hexagone ont quant à eux une qualité de l’isolation thermique moins performante.

Note de lecture : les logements localisés en H1, alignés avec la SNBC et chauffés par une chaudière au gaz ont en moyenne un coefficient de déperdition thermique de 0,5 W/(K.m²). Ce coefficient ne prend pas en compte les déperditions par renouvellement d'air. 

  • Remarque : plus le coefficient est bas, plus le logement est isolé.
  • Champ : résidences principales occupées au 1er janvier 2024, France hexagonale, nouveaux DPE, hors logement-foyer.
  • Source : base des DPE (Ademe), RP (Insee) au 1er janvier 2022, RPLS (SDES) au 1er janvier 2024, calculs Banque des Territoires.

Les logements chauffés par du gaz et localisés en zone H3 parviennent à être alignés avec la SNBC avec une isolation de 0,9 W/(K·m²) (soit une isolation de l’enveloppe définie dans le DPE comme insuffisante). Pour un niveau d’isolation de l’enveloppe presqu’équivalent mais qui reste toutefois insuffisant (1,0 W/(K·m²)), les logements chauffés par de l’électricité et situés en zone H2 ne parviennent pas quant à eux à sortir du périmètre des logements peu performants.

Dans la zone climatique H1, un logement chauffé par du gaz parvient en moyenne à atteindre une étiquette intermédiaire avec un coefficient d'isolation thermique égal à 1 W/(K·m²). Dans la même zone climatique et avec un coefficient d'isolation thermique équivalent, un logement chauffé avec de l'électricité ne parvient à atteindre qu’une étiquette peu performante

Note de lecture : alors que les logements chauffés par du gaz ont un coefficient de déperdition thermique de 1,2 W/(K.m²)
qui leur permet d’atteindre une étiquette D, les logements chauffés par de l’électricité qui ont une même qualité d’isolation
thermique ne peuvent atteindre qu’une étiquette F.

  • Remarque : L'Ubat ne prend pas en compte les déperditions par renouvellement d'air. Par exemple, une ventilation naturelle, présente
    dans l'habitat ancien, sera nettement plus génératrice de perte de chaleur qu'une ventilation double flux, ce qui pourrait expliquer la
    différence entre les réseaux de chaleur et le gaz. En effet, en présence de déperditions plus faibles liées à la ventilation, il n'est pas
    nécessaire d'avoir un même coefficient de déperdition thermique pour atteindre une consommation énergétique primaire donnée.
  • Champ : résidences principales occupées au 1er janvier 2024, France hexagonale, nouveaux DPE réalisés à partir de la méthode
    appartement individuel, hors logement-foyer.

Parmi les appartements qui sont chauffés par du gaz ou de la chaleur urbaine, plus on se rapproche des étiquettes alignées avec la SNBC (vers la gauche du graphique), plus la pente de la courbe est élevée et donc plus il faut améliorer la qualité de l’isolation thermique de l'enveloppe (vers le bas du graphique) pour réduire la consommation énergétique du logement.

Autrement dit, parmi les logements dotés de ces vecteurs énergétiques, l’effort marginal qu’il faut concéder en matière d’amélioration de la qualité de l’isolation thermique est plus important au voisinage des étiquettes performantes qu’au voisinage des étiquettes peu performantes. Ce n'est pas le cas des appartements chauffés à l'électricité. En effet, parmi ces logements, la pente de la courbe est presque nulle au niveau des étiquettes A-B et elle tend à être plus élevée au niveau des étiquettes E-F : plus on se rapproche des étiquettes alignées avec la SNBC (vers la gauche du graphique), moins il faut améliorer la qualité de l’isolation de l'enveloppe (vers le bas du graphique) pour réduire la consommation énergétique du logement.

En d’autres termes, ceci signifie que, parmi les logements dotés d’un chauffage électrique, il faut davantage améliorer la qualité de l’isolation thermique pour éradiquer les étiquettes E, F ou G que pour basculer vers une étiquette alignée avec la SNBC.

Quasiment la totalité du parc social de la France Hexagonale à réhabiliter d’ici 2050 

Le parc social est plus dépendant du gaz que le parc privé, qui utilise davantage de bois-énergie et d’électricité. Il est composé en majorité de logements avec une étiquette C (40 %), définis comme décents et proches des objectifs de la SNBC. D’ici 2034, pour accomplir les objectifs de la Loi Climat et Résilience (éradiquer les étiquettes E, F et G), le secteur HLM devra réhabiliter en France hexagonale 900 000 logements hors logements-foyers (près de 20 % du parc social), soit 90 000 logements par an. Les efforts de réhabilitation devront se concentrer principalement sur la réduction de la consommation énergétique pour 50 % des logements d’ici 2034.

Note de lecture : respectivement 28 % et 43 % des résidences principales du parc privé et du parc social ont une étiquette C.

  • Champ : résidences principales occupées au 1er janvier 2024, France hexagonale, nouveaux DPE, hors logement-foyer.
  • Source : base des DPE (Ademe), RP (Insee) au 1er janvier 2022, RPLS (SDES) au 1er janvier 2024, calculs Banque des Territoires.

D’ici 2050, presque tous les logements sociaux (4 millions) de la France hexagonale hors logement-foyer devront être rénovés, soit 160 000 logements par an. Plus de la moitié de ces logements devront bénéficier d’une réhabilitation combinant réduction des émissions de carbone et de consommation énergétique, tandis qu’un quart des logements devront se concentrer principalement sur la réduction de la consommation énergétique.

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  • Type : Etude

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