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Prévention des risques - Effondrements de cavités souterraines : les élus s'emparent du sujet

Le phénomène concerne plus de 3.000 communes, particulièrement dans le Nord, la Picardie, la Haute-Normandie, l'Ile-de-France et la région bordelaise. Face aux risques d'effondrements de terrains, les élus sont-ils bien préparés et outillés ? Le 15 octobre, l'Institut national de l'environnement et des risques (Ineris) a consacré une première rencontre nationale à cette problématique.

Affaissements, effondrements, fontis, débourrages, suffosions... derrière ces termes techniques se cache un enjeu encore peu connu et maîtrisé des élus. Ils les concernent pourtant au premier plan. En France, plus de 150.000 cavités souterraines sont recensées. Un inventaire loin d'être exhaustif. Marnières, anciennes carrières de pierre de taille ou simples cavités naturelles : ces cavités sont souvent insoupçonnables. "Elles entraînent dans le sous-sol une altération des propriétés du massif rocheux et, sans entretien ou confortement, sont susceptibles de générer en surface des désordres difficilement prévisibles et potentiellement dangereux pour les personnes et leurs biens", prévient-on dans le plan national Cavités 2013-2015, finalisé depuis cet été. Benoît Hannart, conseiller juridique à la mairie de Roquevaire (Bouches-du-Rhône), éclaire le cas de sa commune touchée par des affaissements liés à la présence de carrières souterraines de gypse : "Les effondrements se rapprochent des zones habitées. La mise en sécurité des populations est la priorité. L'aléa des affaissements est identifié depuis dix ans dans le plan de prévention de risques naturels prévisibles (PPRNP). Ce document public est précieux mais inutile si l'on se réfugie derrière pour ne rien faire. Notre but est de maintenir une attention continue sur les zones à risque. Défrayer la chronique au journal de TF1 n'est guère enviable, il faut une réelle appropriation de l'enjeu par les élus. Ce qui n'est pas évident car la durée d'un seul mandat laisse peu de temps, d'autant que le sujet est ardu et peu mobilisateur."

Casse-tête

En Haute-Normandie pullulent d'anciennes marnières, en moyenne "plus d'une quinzaine au km2", chiffre le plan national Cavités. Pierre Léautey, député de la première circonscription de Seine-Maritime, explique qu'une fois la cavité repérée, l'affaire se corse si le propriétaire ne veut rien faire. "Tant qu'il n'y a pas d'éléments graves, impossible de prendre un arrêté de péril. Ainsi se multiplient, en attendant, les études et diagnostics." Le casse-tête s'accentue s'il faut combler la cavité repérée. Car cela a un coût, non négligeable. Assureurs et collectivités se renvoient généralement la balle. Si la marnière se trouve à cheval sur des terrains publics et privés, une répartition financière est possible entre le conseil général et le (ou les) propriétaires du (ou des) parcelle(s). En Gironde, d'autres montages financiers ont fonctionné, avec un recours réussi au fonds Barnier plus une solidarité entre habitants, mais c'est parce que la zone à risque touchait une route départementale.

Boucher les trous

La ville de Valenciennes (Nord) a mis en place depuis plusieurs années un plan de prévention des carrières souterraines. L'appui de l'Ineris a permis de prioriser les opérations de comblement, qui se font rue par rue, en plein centre-ville, parfois sous des écoles ou complexes sportifs et toujours en parvenant à très peu fermer la voirie. Secteur par secteur, le programme avance bien car ses bases sont solides. "En amont, il faut consulter une maîtrise d'œuvre constituée d'un spécialiste du comblement et d'un géotechnicien, puis sonder le positionnement exact des carrières par balise et informer les riverains, ce qui est très chronophage mais essentiel", raconte Bernard Potaux, adjoint au maire de Valenciennes. Expliquer aux riverains qu'ils vont devoir mettre la main au porte-monnaie n'est guère aisé. "Les travaux s'opèrent en partenariat avec les habitants. Le coût est important, de l'ordre de 180 à 230 euros par mètre carré comblé. Certains chantiers sur le domaine public atteignent la barre des 500.000 euros", estime l'élu. Diverses techniques de comblement par injection d'un coulis sont utilisées. "En termes de risque et de comblement, il n'y a pas un mais des cas particuliers", conclut Pierre Léautey.