Emeutes : Gérald Darmanin met en cause l'attitude du maire de Lyon

Auditionné par la commission des Lois de l'Assemblée le 19 juillet, le ministre de l'Intérieur a salué le renfort des policiers municipaux pendant les émeutes, tout en précisant bien que les polices municipales n'avaient pas vocation à faire du maintien de l'ordre. Il en a profité une nouvelle fois pour étriller le maire de Lyon qui selon lui est le seul à n'avoir pas apporté le soutien de sa police.

Les relations houleuses entre le maire écologiste de Lyon Grégory Doucet et le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin ne se sont pas améliorées à la faveur des émeutes. Auditionné mercredi 19 juillet par la commission des Lois de l'Assemblée, ce dernier a directement mis en cause l'attitude de l'édile. "Les polices municipales, leur métier, ce n'est pas de faire du maintien de l'ordre. Et d'ailleurs, il ne faut pas qu'elles le fassent. En revanche, les polices municipales peuvent tout à fait aider à un certain nombre d'actions (…) à la demande du préfet", a tenu à clarifier Gérald Darmanin, avant de s'en prendre nommément au maire. "Quand les polices municipales ne le font pas, le préfet pourrait les réquisitionner. Je ne l'ai pas proposé, y compris avec Monsieur le maire de Lyon dont l'attitude nous a beaucoup choqués, parce qu'il a retiré de la voie publique - c'est le seul maire à l'avoir fait - les policiers municipaux tout en réclamant des unités de CRS, ce que nous avons évidemment envoyées", a-t-il déclaré. Des accusations déjà avancées pendant les émeutes mais que la municipalité avait réfutées, expliquant avoir mobilisé ses policiers pour défendre l'Hôtel de ville en proie à des tirs de mortiers.

Selon le ministre de l'Intérieur, les policiers municipaux pouvaient agir pendant ces circonstances sans faire du maintien de l'ordre, "pour regarder les caméras de vidéoprotection", "tenir les postes", "procéder à des interpellations dans le cadre de la lutte contre la délinquance". Il a aussi souligné l'importance des caméras de vidéoprotection qui se sont avérées "extrêmement efficaces". "La première chose que les émeutiers ont faite, c'est de casser les caméras de vidéoprotection", en a-t-il voulu pour preuve.

"Sans les polices municipales, nous aurions eu plus de difficultés"

Le ministre a tenu à remercier "les élus, singulièrement les maires qui ont mobilisé leurs ressources, leurs policiers municipaux qui ont payé un lourd tribu devant les difficultés, les agressions, les insultes, mais aussi les menaces en dehors de leurs services, pour accompagner la réponse de l'Etat". "Sans les polices municipales, nous aurions eu plus de difficultés à rétablir cet ordre public dans un temps record", a-t-il salué, avant de justifier : "Quand on a des violences de cette ampleur, on est obligé d'utiliser tous les moyens sur le terrain." Lors de ces émeutes, les policiers municipaux ont été amenés à faire usage de tirs de LBD pour protéger les bâtiments publics mais ont été rapidement confrontés à "un problème de réassort", en raison de règle de stockage très contraignantes, a-t-il souligné. Ce qui a amené la Première ministre à prendre un décret pour relever ces seuils de munitions (voir notre article du 13 juillet).

Interrogé par le député Thomas Rudigoz (Renaissance, Rhône) sur d'éventuels "points à améliorer dans le continuum de sécurité", le ministre est resté sur la position qu'il tient depuis la décision du Conseil constitutionnel qui avait retoqué l'article 1er de la loi Sécurité globale de 2021. Cet article aurait permis "à titre expérimental et pour une durée de cinq ans" aux policiers municipaux et gardes champêtres d'exercer des attributions de police judiciaire en matière délictuelle (voir notre article du 21 mai 2021). "Si nous voulons de nouveau modifier ce continuum de sécurité, il nous faut deux choses :  soit modifier la Constitution ou il faut que les maires acceptent de mettre à disposition du procureur de la République leur police municipale", a-t-il fait valoir, avant d'ajouter : "Je ne crois pas que les maires acceptent que leurs policiers soient sous l'autorité du procureur de la République."

 

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis