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En pleine crise des poubelles, la métropole Aix-Marseille-Provence épinglée sur sa gestion des déchets

La métropole Aix-Marseille-Provence (MAMP) a été sévèrement épinglée ce 7 octobre par la chambre régionale des comptes sur sa politique de gestion des déchets, au moment où elle traverse une crise des poubelles qui a obligé les autorités à réquisitionner des éboueurs.

Depuis la naissance en 2016 de la métropole Aix-Marseille-Provence (MAMP), qui regroupe Marseille et 91 communes autour de la deuxième ville de France, "l'organisation de la collecte des déchets n'a fait l'objet d'aucune évolution majeure" et "aucune économie d'échelle ne peut réellement être mise en avant", a souligné la chambre régionale des comptes de Provence-Alpes-Côte d'Azur dans un rapport rendu public ce 7 octobre.
Elle pointe des coûts de service "systématiquement au-dessus" de la moyenne nationale, la collecte des déchets issus des activités économiques (DAE) contribuant pour partie à ce surcoût, en l'absence de mise en place d'une redevance spéciale sur la majorité des territoires. Le nombre de tonnes de déchets collectés est "en-deçà des objectifs imposés par la loi" et le rapport est aussi très sévère sur le recyclage : "La collecte sélective des déchets voués à être recyclés ou valorisés ne représente à l'échelle métropolitaine qu'un peu plus de 20 kg/habitant/an, alors que la moyenne nationale se situe autour des 40 kg." Lors d'une conférence de presse, la présidente de la métropole, Martine Vassal (LR), a répondu "avoir un an pour travailler sur ce rapport", sans avancer de piste concrète.

"Fragilités" de l'organisation de la collecte

La chambre a également relevé les "fragilités" de l'organisation de la collecte, "dans un contexte où le temps de travail réglementaire n'est pas réalisé". Le rapport souligne ainsi la difficulté d'évaluer le temps de travail réel des agents : "Aucun site majeur n'est doté de badgeuse" et "le pointage présence/absence relève de l'action individuelle et/ou de l'échelon hiérarchique local dédié", explique-t-il, préconisant "la mise en service de badgeuses" sur les différents sites.
Le rapport a enfin pointé le volume pris ces dernières années par les heures supplémentaires, appelées à disparaître dans le cadre de la nouvelle organisation : "En 2019, plus de 4.400 heures supplémentaires ont été payées, au-delà des 25 heures réglementaires, pour un coût approchant les 100.000 euros."
Sur le temps de travail, la collectivité a tenté ces derniers jours de se conformer à la loi de transformation de la fonction publique de 2019, qui impose l'application des 35 heures au 1er janvier 2022. C'est cette négociation qui avait déclenché fin septembre une grève des éboueurs. Le 1er octobre, Martine Vassal avait annoncé un accord, octroyant une décote de 9,5% sur les 35 heures pour tenir compte de la pénibilité de leur travail. Le syndicat majoritaire FO et la FSU avaient signé l'accord, pas la CGT et des agents ont poursuivi leur grève notamment dans certains secteurs de Marseille et à Istres et Martigues. "Suite à une réunion entre notre organisation syndicale et la direction de la métropole, nous avons acté une phase de négociation, sur la base de nos revendications, jusqu'à ce qu'un accord soit trouvé", a toutefois annoncé ce 8 octobre la CGT dans un communiqué.

Réquisitions pour un "rétablissement de l'ordre public"

Face à des "milliers de tonnes de déchets" toujours présentes dans les rues près d'une semaine après et à la dispersion d'une partie de ces déchets sur les plages, voire dans la mer après de violents orages survenus le 4 octobre, la préfète de police a tapé du poing sur la table deux jours après, déclenchant des réquisitions pour un "rétablissement de l'ordre public". "Il reste des points durs et c'est pour ça que j'ai demandé au préfet des réquisitions", a affirmé jeudi Martine Vassal, vivement critiquée par le maire socialiste de Marseille, Benoît Payan, qui souhaite récupérer la compétence de la collecte des déchets dans sa ville pour éviter ces situations. "Qu'il le fasse, mais pour cela il faut changer la loi", lui a-t-elle répondu.

 

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