Entreprendre pour sortir du chômage, une voie promue par les acteurs de l’emploi

A l’occasion de la 5e semaine de la création et de la reprise d’entreprise, Pôle emploi veut sensibiliser les demandeurs d’emploi à l’entrepreneuriat. Une voie d’insertion également promue par des régions et des départements.

Pour certains, la crise sanitaire aura eu le mérite de rebattre les cartes sur le marché de l’emploi. Cette période déstabilisante sur le plan économique a parfois même été vécue comme une opportunité : celle d’entreprendre. De fait, après la reprise de 2020 en sortie de crise sanitaire, l’Insee indique qu’un nouveau record a été battu en 2021 avec plus de 995.000 créations d’entreprises, soit une hausse de +17% par rapport à l’année précédente. En 2021, une forte augmentation de la création d’entreprises a été observée dans le domaine des transports et de l’entreposage (+25%), ainsi que dans le secteur des spécialités scientifiques et techniques (+17%) et des autres services aux ménages (+42%).

Avec 165.000 demandeurs d’emploi ayant créé leur entreprise en 2021, "c’est donc près d’une création d’entreprise sur six qui a été réalisée par une personne inscrite chez Pôle emploi", indique l’opérateur public qui, organise, du 26 au 30 septembre, la cinquième édition de la Semaine nationale de la création et de la reprise d’entreprise. Plus de 1.100 événements sont organisés sur l’ensemble du territoire, au sein des agences Pôle emploi ou parmi ses partenaires. Objectif : faire émerger des idées pour lancer des projets d’entreprise, expliquer les dispositifs d’aide à la création ou à la reprise d’entreprise.  

Assurer son propre emploi

Perçu comme une alternative au salariat, l’entrepreneuriat rencontre en effet un réel écho dans la société. "On assiste à une aspiration croissante des gens à être indépendants et davantage alignés entre leur vie professionnelle et leurs valeurs personnelles. Beaucoup remettent en question le salariat et choisissent ainsi la création d’entreprise", commente Hervé Ducrocq, responsable création et entrepreneuriat à la BPI des Hauts-de-France.

D’après l’Insee, les personnes éloignées de l’emploi représentaient 13% des créateurs en 2018. Parmi eux, 54% étaient au chômage dont 42% depuis plus d’un an. Par ailleurs, 17% des créateurs sont des "anciens travailleurs précaires", dont 62% étaient au chômage depuis moins d’un an ou étaient en contrat court.

Accompagnement et financement

Créer son entreprise pour s’assurer d’un emploi après une longue période en dehors du marché du travail peut donc s’avérer une solution efficace… à condition d’actionner les bons leviers et de peaufiner une stratégie solide. Un vrai potentiel soutenu par un écosystème de structures : chambres des métiers, chambres de commerce, réseaux associatifs (BGE, Réseau initiative, France Active, Adie, Réseau entreprendre, etc…). Un appui utile quand on sait que "les bénéficiaires de minima sociaux ont ainsi environ 70% de risque en plus d’avoir des difficultés de financement que ceux qui ne perçoivent aucune prestation", signalait la Dares en 2019.

Dans les Yvelines, le conseil départemental propose de l’accompagnement à la création d’entreprise pour les personnes bénéficiaires du RSA pouvant durer de 1 à 3 ans, avec l’aide de réseaux experts : BGE, l’association Positive Planet et l’organisme de formation Apsie. Cet accompagnement serait "efficace dans les politiques d’aide au retour à l’emploi, tant pour les résultats obtenus en termes de création d’entreprise que pour les retours à l’emploi salarié auxquels ces démarches peuvent aboutir", revendique BGE.

Franchir le pas… en assurant ses arrières

Mais l’entrepreneuriat étant loin d’être un fleuve tranquille et la réponse à tous les maux, encore faut-il assurer la pérennité de son entreprise pour ne pas repasser par la case chômage. Le conseil régional de Nouvelle-Aquitaine a renforcé le suivi des porteurs de projet dans les trois premières années suivant la création de l’entreprise. "Les chambres de commerce et d’industrie réalisent cette information des entrepreneurs, depuis la sensibilisation jusqu’à la formation, pour le compte de la région", indique Laure Prévot, chargée des affaires publiques à la CCI de Nouvelle-Aquitaine.

La région a en outre mis en place l’offre "Entreprendre, la région à vos côtés" avec l’ambition de structurer son dispositif d’accompagnement de proximité et de développer la dynamique de création, particulièrement dans les territoires fragiles. Un parcours dont les CCI et les CMA sont partenaires et opérateurs. "En 2022, les CCI ont sensibilisé plus de 10.300 porteurs de projets à ce dispositif", déclare Laure Prévot.