Dans le Haut-Rhin, quatre communes s'unissent pour rénover leur église (68)

Vieille de près de dix siècles, l’église de Saint-Maurice située dans le Haut-Rhin à Mertzen, présentait de nombreuses dégradations et nécessitait d’importants travaux. Face à ce constat, les villages de Mertzen, Fulleren, Saint-Ulrich et Strueth, qui partagent l’édifice au sein d’une communauté de paroisse, ont établi une convention pour porter ensemble ce projet de rénovation.

Un projet intercommunal, piloté par la commune de Mertzen, né d’une réelle nécessité : « En hiver, il n’était pas rare que la neige s'infiltre jusque dans les combles de la nef, et que nous allions la déneiger », se remémore José Wininger, alors récemment élu maire de Mertzen. La toiture présentait de nombreuses infiltrations, les escaliers côté sud étaient devenus dangereux au point d'être fermés en 2014, et le mur de soutènement du cimetière menaçait de s'effondrer.

Toutefois le projet a connu une phase de maturation de six ans, entre 2014 et 2020. « Toutes les communes n'étaient pas prêtes », explique le maire de Mertzen. Et des travaux d'assainissement ont dû être menés en parallèle dans les différentes collectivités, mobilisant des ressources financières importantes.

La biodiversité au cœur du projet

À l’origine prévu pour être un chantier de rénovation classique, il s'est rapidement transformé en un projet alliant patrimoine et biodiversité. Par volonté autant que par obligation, puisque l'église abritait dans ses combles plusieurs espèces protégées, telles que martinets noirs, chouettes effraies, chauves-souris et des abeilles solitaires. 

« Nous avons dû obtenir une dérogation préfectorale pour travaux en présence d'espèces protégées », rapporte le maire de Mertzen. « Le dossier était compliqué à monter et notre première demande a été refusée », ajoute-t-il. Pour dépasser cet obstacle, la commune a fait appel à un expert pour la coordination environnementale du projet. Et José Wininger s’est rapproché de la ligue pour la protection des oiseaux de Loire-Atlantique pour s'inspirer d'un projet similaire, qui impliquait la protection de martinets.

Ces exigences environnementales sont rapidement devenues centrales dans le projet, entraînant un surcoût de 40 000 euros et dictant le calendrier des travaux. Démarré en janvier 2024, le chantier a dû respecter une contrainte majeure : achever les interventions principales avant le 15 avril, période de migration des martinets, qui reviennent alors d'Afrique.

Des résultats qui dépassent les objectifs fixés

Malgré les difficultés rencontrées, le bilan des travaux est largement positif. L'église dispose désormais d'une toiture neuve, de façades rajeunies, d'un équipement électrique aux normes qui sécurise l'édifice contre les risques d'incendie, et d'une accessibilité améliorée pour les personnes handicapées. Sur le plan environnemental, 66 nichoirs à martinets ont été installés, alors que l’arrêté préfectoral n’en exigeait que 40. Les combles ont été rendus accessibles aux chauves-souris et le clocher à la chouette effraie. « Les résultats ont montré que les martinets sont revenus et sont rentrés dans les nichoirs que nous leur avions confectionnés. Le nombre de nichées est, quant à lui, supérieur à ce qu’il était avant les travaux », se félicite l’élu. Cette rénovation est l'aboutissement d'un travail de longue haleine, rendu possible par la mobilisation intercommunale, l'engagement des financeurs, l'expertise des professionnels et l'implication des habitants (dons pour financer le projet).