La Baffe reconvertit une ferme en résidence pour personnes âgées (88)

À La Baffe, comme dans bien d’autres communes rurales, la population change et l’âge moyen des habitants croît d’année en année. De longue date, les élus de La Baffe avaient pour projet de créer une résidence pour seniors, en évitant l’étalement urbain. « En logeant des personnes âgées, on peut espérer qu’elles mettent leur maison sur le marché de l’achat ou de la location et ainsi accueillir des familles », plaide Daniel Lagarde, le maire.

La municipalité a attendu de trouver le bâtiment adéquat. L’occasion se présente quand un habitant devenu veuf quitte le village pour se rapprocher de sa fille. La municipalité acquiert alors sa maison pour 75 000 euros. Cette ancienne ferme est située près de la mairie, de l’école et de la boulangerie, en cœur de bourg. Un architecte est sélectionné : le toit, les murs et les ouvertures de ce bâtiment de 360 m2 seront conservés et une extension en ossature bois construite. Les préoccupations écologiques aiguillent le projet : des fibres de bois produites localement isolent le bâtiment et ce sont des artisans locaux qui fabriquent les fenêtres. Le chauffage fonctionne avec de la géothermie. Enfin, un grand réservoir d’eau de récupération, de 15 000 litres, est utilisé pour les eaux domestiques.

Partager la soupe

La « microrésidence seniors » ouvre en septembre 2025. Elle héberge cinq T2, deux T3 et une pièce à vivre commune de 35 m² avec cuisine, table et chaises. À cela s’ajoutent deux logements étudiants de 25 m² entièrement équipés, pour développer les échanges intergénérationnels. La ville a reçu de nombreuses demandes d’étudiants d’Épinal, ville universitaire voisine : les deux studios ont été rapidement occupés. Actuellement, des résidentes partagent leur soupe avec les étudiants, et lorsque les locataires sortiront au grand air, au printemps, les interactions devraient être plus nombreuses. La résidence est pourvue d’un carport pour garer voitures et vélos ; une table pour pique-niquer y sera entreposée pour les beaux jours. L’ancienne ferme est aménagée sur un terrain de 6 000 m², où poussent des arbres fruitiers. L’installation d’un poulailler et la plantation d’autres arbres dans cet espace sont envisagées.

Âgés de 73 à 93 ans, les occupants ont tous un lien avec la commune : leurs proches peuvent venir leur rendre visite à vélo ! Pour l’heure, aucune activité n’est proposée au sein de la résidence dénommée « la Maison Albert », mais le centre communal d’action sociale (CCAS) y songe, en collaboration avec le club des aînés.

Considéré comme un bailleur social

Le CCAS gère la structure : « nous avons souhaité garder la maîtrise, explique Daniel Lagarde. Le plus souvent, la gestion des résidences seniors est confiée à des bailleurs sociaux. Aussi avons-nous obtenu de la préfecture que le CCAS de La Baffe soit considéré comme un bailleur social. »

Le budget de cette transformation s’élève à 1,8 million d’euros. En complément des subventions perçues (lire l’encadré), la ville a apporté des fonds propres, à hauteur de 205 000 euros, ainsi qu’une enveloppe de 600 000 euros qu’elle a empruntés. Bonne nouvelle : les redevances acquittées par les résidents et les étudiants couvrent largement le remboursement du prêt. Bien entendu, la bonne santé financière est un prérequis pour pouvoir emprunter. Pour la collectivité, l’opération est reproductible : « Cela peut sembler une grande entreprise pour une petite commune, mais il faut y aller en s’entourant de personnes compétentes, notamment en maîtrise d’œuvre. Il importe aussi de bien solliciter toutes les subventions possibles et de miser sur l’intergénérationnel ». Un tel programme a aussi pour vertu de recycler le foncier, dans le droit fil du zéro artificialisation nette (ZAN). Certes, la rénovation d’un bien coûte presque plus cher que la construction neuve, mais cela permet à la commune de proposer un bâtiment en cœur de bourg, bien situé et bien exposé, pour installer la « Maison Albert ».