Luchon redonne vie aux thermes historiques (31)

De 20 000 à 25 000 curistes dans les années 2000, la fréquentation annuelle des thermes de Luchon a chuté à 14 000, par une érosion continue de 500 à 600 curistes par an. « En l’absence d'investissement pendant quasiment vingt ans, nous étions presque en situation de faillite », confie Éric Azémar, maire de Bagnères-de-Luchon. Selon le ministère de l’Économie, les retombées économiques du thermalisme sont estimées, au niveau national, en 2022 à 4,1 milliards d'euros pour près de 22 300 emplois. Les seules dépenses des curistes dans les stations sont évaluées à 1,2 milliard d'euros. Le marché est loin d’être négligeable pour les territoires ! « Il fallait s’engager dans un nouveau projet ou la commune mourait, notre économie s’étant construite autour ce dynamisme thermal », rajoute l'élu. En 2019, la commune des Pyrénées décide donc de sauter dans le grand bain en lançant un appel d'offres en délégation de service public (DSP).

Un montage partenarial d’envergure 

L'investissement total de 38,6 millions d'euros combine subventions publiques (12,5 millions d’euros), fonds propres (9 millions d’euros) et emprunt (17,1 millions d’euros). Le groupe Arenadour, spécialiste du thermalisme remporte l'appel d'offres et ajoute 5 millions d’euros pour les équipements. Il exploite désormais l’établissement spécialisé dans les cures pour les rhumatismes et voies respiratoires avec des eaux parmi les plus sulfurées de France. 

Pour porter l'investissement immobilier, la Société immobilière de Luchon (SIL) est créée, regroupant l'Agence régionale aménagement construction Occitanie (rattachée à la région Occitanie), la Banque des Territoires et le groupe Arenadour. « Le projet n'aurait pas pu voir le jour si l'État, la région, le département et la commune ne s'étaient pas mobilisés », souligne Maxime Vilgrain, président du groupe Arenadour, qui apporte une contribution plus que significative pour une commune de 2 081 habitants.

Des travaux en site occupé : un défi majeur

Les travaux débutent en juin 2022 et s’étalent jusqu'à l'été 2024, avec une contrainte de taille : maintenir l'établissement ouvert. « C'est difficile quand on a un marteau-piqueur à côté de quelqu'un qui vient pour une application de boue, mais nous sommes parvenus à faire en sorte que chacun puisse cohabiter », se félicite Maxime Vilgrain. En mars 2024, les thermes sont inaugurés. L'établissement, qui s'étend désormais sur près de 15 000 m², avec une extension de 3 700 m², a été entièrement restructuré. Les premières zones rénovées ont ouvert à partir de mars 2023, les derniers espaces durant l'été 2024, et l'espace spa en décembre 2024.

Un impact économique mesurable

La nouvelle configuration a été pensée dans un objectif de diversification touristique. L'établissement combine désormais thermalisme médical conventionné (neuf mois par an), cures de courte durée et espace bien-être (l’espace thermoludique Ressources et Vous), ouvert 365 jours par an avec bassins en rooftop, et espace spa, hammam. Une première session de cure a été mise en place le soir pour optimiser la capacité d'accueil. Deux ans après la reprise de l'exploitation, les résultats sont encourageants, malgré un marché thermal tendu après le Covid. Pour la première saison d’exploitation, en 2023, 5 153 curistes ont été accueillis. En 2025, ils sont près 7 000 curistes. Pour l’espace thermoludique Ressources et Vous, pour une première année d’exploitation complète en 2025, plus de 80 000 visiteurs devraient être comptabilisés. Cette évolution redonne de la sérénité aux professionnels.