Quand la participation des habitants donne de l’audace au plan piéton du Bourget-du-Lac (73)

En 2024, le plan piéton du Bourget-du-Lac a été récompensé par le Grand Prix Les Talents de la marche. Au départ, il y a une idée défendue par le maire, Nicolas Mercat : « Une population en bonne santé est une population qui marche et pour l’inciter à marcher, il faut créer un environnement favorable, qui garantit la sécurité des piétons. » Ce projet impliquait de bousculer des habitudes, avec le risque de faire naître des réticences et des oppositions parfois virulentes. La municipalité s’est appuyée sur la participation des usagers et des riverains qui utilisent les lieux impactés par le projet de plan piéton. « Ils voient des choses que les élus et les services municipaux ne peuvent pas voir en passant seulement quelques heures sur le terrain », constate le maire.

Impliquer les habitants dans des projets concrets

Pour lancer la concertation, la commune organise une réunion publique de présentation globale du plan piéton. Trop vague, trop théorique, cette initiative ne prend pas. Seule une vingtaine d’habitants y participe. Dans un second temps, la commune se recentre sur la présentation de projets concrets et ciblés qui concernent directement les riverains et les habitants. Les visites de terrain sont privilégiées, avec des explications sur les prérequis et les enjeux, et des précisions pour ce qui est attendu de la concertation des habitants. Enfin, des ateliers en petits groupes sont organisés afin que chacun puisse plus facilement s’exprimer. « Et ça marche beaucoup mieux ! », reconnaît le maire.

20 000 véhicules jour et des vitesses allant jusqu’à 140 km/heure

Les riverains se sont immédiatement saisis du projet de sécurisation de la RD 1504, qui coupe la ville en deux avec près de 20 000 véhicules jour et des vitesses allant jusqu’à 140 km/heure. Une association de plus de cent adhérents est créée, enrichissant le projet de ses propositions pour diminuer la largeur de la chaussée, réaliser un plateau surélevé ou encore installer des trottoirs. Avec cette association, qui est allée jusqu’au conseil départemental pour défendre sa vision, le projet est plus abouti et mieux accepté par la population.  Cerise sur le gâteau, entre le lancement de la concertation et la fin des travaux il ne s’est écoulé que douze mois. Plus de 700 personnes, habitants et touristes, ont été consultées sur le projet Croix Verte et la piétonisation du bord du lac du Bourget. Un parking gratuit a pu être remplacé par un parc de stationnement plus en retrait, plus petit et de surcroît payant, sans provoquer ni retard ni contentieux avec les habitants. Le programme Ville Trente prévoyait une baisse de la vitesse autorisée pour les véhicules et l’intervention des habitants a conduit à une extension du périmètre de départ.

Veiller à un accueil optimal des participants

La construction du plan piéton avec les habitants s’est appuyée principalement sur les services techniques municipaux, sur le service communication et sur l’implication des élus. La consultation de plusieurs centaines d’usagers sur le projet de piétonisation du bord du lac a toutefois exigé, compte tenu de son importance, de faire appel à un prestataire.

Si le maire n’a que des raisons de se réjouir de cette démarche de participation, il n’en occulte pas pour autant les difficultés. « À un moment ou à un autre, on est inévitablement confrontés à des propos véhéments, voire violents, de certains habitants, surtout lorsque les débats s’éloignent des sujets les plus concrets ou lorsque les conditions d’une visite de terrain sont mauvaises. » Ce fut le cas lors d’une réunion extérieure en plein soleil par un jour de grande chaleur. La rencontre avait d’autant moins bien tourné que le sujet était conflictuel. 

Il reste encore des projets à mettre en œuvre pour achever le plan piéton, notamment pour la circulation des personnes à mobilité réduite, mais d’ores et déjà Nicolas Mercat considère que les conditions de la pratique de la marche dans la commune se sont nettement améliorées.