Un club d'écologie industrielle pour soutenir la compétitivité du territoire (10)

"Nous voulons favoriser les synergies entre les entreprises pour encourager la réutilisation de leurs résidus de production (eau, déchets, solvants...) et la mutualisation de services ou équipements. Avec, à la clé, un système industriel plus efficace, aussi bien en terme environnemental que de performance économique", explique le président du club d’écologie industrielle de l’Aube (CEIA), et vice-président du département en charge de la commission environnement, Nicolas Juillet.
Cette démarche d’écologie industrielle et territoriale impulsée par le département de l’Aube en 2003 s’est structurée sous la forme d'une association en 2008 : le club d’écologie industrielle de l’Aube. Y participent entre autres l’université de technologie de Troyes, la CCI et des entreprises (voir encadré en fin de texte).

Deux postes financés par le département

Un coordinateur, mis à disposition par le département sur 20% de son temps, et une chargée de mission dont le poste est financé par l’Ademe et la région Grand Est, animent ce club : ils aident à identifier les synergies potentielles et apportent un appui technique pour les mettre en œuvre. "À l'origine, l'association avait conduit une étude pour recenser les flux de matières, énergie, eau, émissions, effluents et produits chimiques des entreprises, et des synergies ont été mises en place. Mais les données sont rapidement obsolètes, observe le coordinateur du club, Grégory Lannou. Nous avons mis en place des ateliers participatifs où les acteurs présentent eux-mêmes leurs ressources et leurs besoins."

Stratégies de réutilisation et mutualisation : des emplois sauvegardés ou créées

En 2003, le club a observé le repositionnement total d'une entreprise phare du territoire autour de la régénération de solvants usagés, qui deviendra membre fondateur de l’association. Cette reconversion a contribué à la sauvegarde de 80 emplois et 2 embauches.
Autre exemple, la construction par deux entreprises agroalimentaires d'une plateforme logistique réfrigérée commune, et l'optimisation de l'occupation des camions. Cet équipement a généré la création d'une dizaine d'emplois, une baisse des coûts logistiques de près de 20 % par an et a libéré de la surface pour augmenter la capacité de production.
De 2004 à 2012, le sable issu du lavage des betteraves lors de la transformation en sucre a été réutilisé pour la construction de routes et autres infrastructures par une entreprise de travaux publics. Celle-ci a pu remporter un appel d'offres en présentant une offre 12% moins chère, recourant à 39% de matériaux recyclés.

Travail saisonnier et groupement d’employeurs

"Ces synergies peuvent aussi porter sur la mutualisation d'équipements ou les ressources humaines, précise le coordinateur du club. En réponse à la saisonnalité de leurs activités, un groupement d’employeurs de l'industrie agroalimentaire s’est créé et a embauché 39 salariés en CDI."

Le club pose les bases du cluster de la méthanisation

Cette dynamique d'échange entre industriels a contribué à poser les bases du cluster de la méthanisation, dont la création a été soutenue par le Département en 2011. Le cluster s’est donné pour mission de fédérer la filière méthanisation afin d’accélérer sa construction et de valoriser un potentiel encore sous-exploité en France.

  Le CEI Aube
Le club regroupe quatre collèges de membres : les collectivités, la formation/recherche, les entreprises et les représentations professionnelles.