Financement des formations d’aides-soignantes : les régions demandent à l’État de "respecter ses engagements"

À l’heure de la hausse des besoins liée au vieillissement de la population, l’État n’a pas prévu de financer, au titre de 2025, les formations d’aides-soignantes alors qu’il s’y était engagé dans un protocole État-régions signé en 2022. Il maintient en revanche sa participation pour la filière infirmière. Lors d’un comité de suivi du protocole, Régions de France a appelé le gouvernement à "respecter ses engagements" et à éviter un retour en arrière préjudiciable à l’accès aux soins. Le ministre de la Santé se serait engagé à avancer sur le sujet mais les discussions ne devraient reprendre qu’après les arbitrages budgétaires qui seront dévoilés à la mi-juillet par le Premier ministre.   

En 2022, dans le prolongement des investissements liés à l’épidémie de Covid-19, l’État et les régions avaient signé un protocole visant à pérenniser l’effort de programmation et de financement des formations sanitaires et sociales (voir notre article). Les objectifs étaient ambitieux : "C’était une augmentation d’un tiers du nombre de places pour les infirmières et de 50% pour les aides-soignantes. Il s’agit d’une politique très positive que nous avions négociée, afin de faire face à la situation post-Covid et aux besoins liés au vieillissement de la population", explique à Localtis Valérie Debord, vice-présidente de la région Grand Est. 

Trois ans après la signature de cet accord, les arbitrages annuels dévoilés tardivement marquent une rupture avec les objectifs définis dans le protocole : "Alors que l’État s’était engagé à financer la création de places supplémentaires en formation d’infirmiers, aides-soignants et accompagnants éducatifs et sociaux (AES) à hauteur de 273 millions d’euros pour l’année 2025, le Premier ministre a annoncé aux régions en janvier 2025 le seul financement de la filière infirmière, à hauteur de 215 millions d’euros", regrette Régions de France dans un communiqué du 16 juin 2025. 

L’association participait le 10 juin à un comité de suivi État-régions du protocole, au cours duquel elle a fait valoir "l’absolue nécessité de trouver une solution pour les aides-soignantes", indique Valérie Debord qui était présente à cette réunion - aux côtés notamment de Marie-Guite Dufay, présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté et de la commission santé de Régions de France. Le ministre de la Santé, Yannick Neuder, se serait engagé auprès des régions à s’employer à trouver une solution pour les aides-soignantes, mais rien ne pourra être précisé avant les arbitrages budgétaires qui seront présentés par le Premier ministre en juillet. 

Atteindre au moins 34.000 aides-soignantes formées par an, selon l’ONDPS

Dans l’attente, en l’absence de visibilité sur l’année 2025, une partie des régions sont contraintes de diminuer le nombre de places de formation financées – plusieurs centaines de places devraient donc disparaître dès cette année -, tandis que d’autres puisent dans leurs fonds propres pour tenir les objectifs, signale Régions de France. L’association "appelle le gouvernement à respecter ses engagements pour notre système de santé et à apporter les garanties sur la pérennisation de ces financements, sans quoi notre pays marquerait un retour en arrière sans précédent depuis la crise sanitaire". 

En 2024, 36.400 places de formations infirmier avaient été ouvertes et l’ouverture de 31.000 places d’aides-soignantes avait été autorisée, selon Régions de France. Ces chiffres, qui atteignent les objectifs du protocole, sont en-deçà des besoins identifiés par l’Observatoire national de la démographie des professions de santé (ONDPS) dans son rapport de 2024. L’ONDPS recommandait d’"atteindre et maintenir les flux de formation infirmière à un minimum de 38.000 par an" pour "viser un nombre de diplômé(e)s proche de 30.000 par an jusqu’en 2030" (soit une hausse de 20% du nombre d’infirmiers diplômés, en augmentant les flux d’entrée mais également le taux de diplomation). L’Observatoire préconisait en outre "d’augmenter d’au moins 15% le nombre d’aides-soignantes diplômées" soit "27.000 par an jusqu’en 2030", via un minimum de 34.000 personnes formées par an (+3.000) et un taux de diplomation à au moins 80%. 

 

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