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Audiovisuel - France 3, chaîne de la ruralité ?

Les commissions de la culture du Sénat et de l'Assemblée ont successivement auditionné Rémy Pflimlin dans le cadre du suivi de l'exécution du contrat d'objectifs et de moyens (COM) de France Télévisions. L'occasion pour les parlementaires - et pour le PDG de l'entreprise publique - de revenir sur la situation et l'évolution de France 3, la chaîne des régions. Le nombre de questions sur le sujet montre au passage que les parlementaires - qui ont souvent aussi une casquette d'élu local - sont très attachés à la chaîne... même s'ils manquent rarement une occasion de s'en plaindre. Pour Jean-Philippe Maurer, député (UMP) et vice-président du conseil général du Bas-Rhin, par exemple, "les régions à forte identité locale sont attachées de façon quasi affective à France 3". Monique Boulestin, députée (PS) de Haute-Vienne et première adjointe au maire de Limoges, confirme pour sa part qu'"en région, nous sommes très attachés à France 3, chaîne de proximité qui contribue au lien social et au débat citoyen".
Devant les membres des commissions, Rémy Pflimlin s'est voulu rassurant sur la situation et l'avenir de France 3, qu'il définit comme "la chaîne de la proximité, de l'enracinement, de l'histoire et de la culture partagée". Il a rappelé que celle-ci "bénéficie aujourd'hui, sur sa tranche de 17 à 22 heures, d'une audience très satisfaisante et comparable à son niveau antérieur, de l'ordre de 15%". De même, le rendez-vous du "19-20" - qui comprend le journal régional - "continue de recueillir une large audience". Les programmes régionaux ont ainsi connu une augmentation de 30% de leur part de marché. La situation est beaucoup moins évidente pour la tranche horaire de 10 à 14 heures, qui a pourtant bénéficié d'un important effort de développement de la part de la chaîne. Son audience "s'avère très variable d'une région à l'autre et, d'autre part, elle est très faible dans les grandes métropoles, dont la population est bien moins attentive à la dimension locale que celle de régions à forte identité ou des zones rurales".

Davantage de syndication et des frontières régionales mobiles

Devant le Sénat, Rémy Pflimlin s'est fait plus général, en évoquant l'audience d'ensemble de la chaîne. Il a ainsi indiqué que "dans les grands centres urbains comme Paris, Lyon, Lille ou Marseille, qui pèsent énormément sur les chiffres globaux, l'audience est très faible. Dans les bassins plus ruraux, en revanche, la chaîne enregistre de très bon taux d'audience, mais qui ont peu d'incidence au niveau national". Le PDG de France Télévision plaide donc pour une mesure spécifique de l'audience de France 3 - avec "une appréciation plus fine de l'audience selon le lieu et la nature des programmes diffusés" et par blocs horaires plutôt que sur 24 heures -, "faute de quoi, nous serions incités à réduire la part des programmes régionaux alors que notre raison d'être conduit, au contraire, à en diffuser toujours davantage".
Sur l'avenir de la chaîne, Rémy Pflimlin a indiqué vouloir "donner à France 3 une dimension plus régionale" et souhaite "aller vers un projet en syndication", autrement dit, ouvert à des partages de contenus avec d'autres médias. Celui-ci a d'ailleurs commencé à se matérialiser à la rentrée 2011, avec l'ouverture de plages horaires dans lesquelles les directions régionales choisissent leurs propres programmes. Sur le sujet - sensible - du découpage géographique des régions de France 3, il a indiqué que "la notion de région ne doit plus être entendue comme une notion administrative : il s'agira de 'plaques' plus ou moins étendues. Ainsi, le Sud-ouest, de Toulouse et de Bordeaux, pourra diffuser un magazine sur l'aéronautique".