Accès au logement - François Fillon annonce 50 millions d'euros, les associations dénoncent les incohérences

Le 17 septembre, le Premier ministre a reçu, en compagnie de la ministre du Logement et du haut commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté, le "collectif des associations unies pour une nouvelle politique du logement des personnes sans-abri et mal logées". Cette réunion fait suite à la récente remise de la version finale du rapport confié à Etienne Pinte sur l'hébergement d'urgence et l'accès au logement des personnes sans abri ou mal logées (voir notre article ci-contre). Elle a donné à François Fillon l'occasion de dresser un premier bilan du "chantier national 2008-2012 pour les personnes sans-abri ou mal logées", annoncé le 29 janvier dernier après la remise du rapport d'étape d'Etienne Pinte et en même temps qu'une enveloppe de 250 millions d'euros. Le Premier ministre a commencé par rappeler la nomination, le 28 avril, du préfet Alain Régnier au poste nouvellement créé de délégué général pour la coordination de l'hébergement et de l'accès au logement des personnes sans-abri ou mal logées. Chaque département devrait se voir prochainement doté d'un correspondant du délégué général, avec pour mission d'être l'interlocuteur local de référence pour la mise en oeuvre du plan. François Fillon a également indiqué que le dispositif d'hébergement d'urgence compte désormais 96.240 places, "un niveau jamais atteint en France". Il a notamment cité l'exemple de l'Ile-de-France, qui a vu sa capacité en la matière passer en un an de 27.800 à 29.777 places. Les crédits mobilisés ont atteint 1,08 milliard d'euros (contre 600 millions en 2002), ce qui a permis de financer l'ensemble des places et de valider 39 projets innovants d'hébergement (intermédiation locative, maisons relais...), qui devraient très bientôt voir le jour. Enfin, le Premier ministre a annoncé aux associations une enveloppe supplémentaire de 50 millions d'euros pour le programme d'inclusion sociale, un effort - au montant non précisé - sur l'habitat indigne dans le cadre du projet de loi de mobilisation pour le logement, ainsi qu'une instruction demandant aux préfets des départements d'Ile-de-France de libérer 15% des places d'hébergement. Pour cela, "plusieurs centaines" de logements sociaux seront mis à disposition par acquisition ou par intermédiation locative.
Tout en saluant le rapport d'Etienne Pinte - dont certaines préconisations pourraient être reprises sous forme d'amendements au projet de loi de mobilisation pour le logement -, les associations ont annoncé, dans une conférence de presse tenue avant la réunion avec le Premier ministre, que "rien n'a vraiment changé". Elles ont également dénoncé "une illisibilité totale des politiques publiques, marquées par une grande incohérence". Le collectif explique notamment que l'insuffisance de construction de logements sociaux bloque toute la chaîne de l'insertion et déplore que la transformation de places d'hébergement d'urgence en places de stabilisation ne se soit pas accompagnée de la création de nouvelles places de premier accueil. Il dénonce aussi les dispositions du projet de loi limitant les délais susceptibles d'être accordés par le juge avant une expulsion.
Lors de la conférence de presse, le collectif a présenté la seconde vague de son baromètre de mise en oeuvre du chantier prioritaire. Selon ce document, sur les seize mesures prioritaires annoncées en janvier dernier, six sont effectivement appliquées, une est engagée et neuf attendent toujours leur mise en oeuvre.

 

Jean-Noël Escudié / PCA