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Présidence - François Hollande s'entoure de deux hérauts de la décentralisation

François Hollande est officiellement devenu ce mardi 15 mai le septième président de la Ve République lors d'une cérémonie de passation de pouvoirs avec le président sortant. Quelques heures après son entrée officielle en fonction et sa première allocution à l'Elysée, le nouveau chef de l'Etat a annoncé la composition du coeur de son équipe élyséenne, organisée autour du secrétaire général de la présidence, le préfet Pierre-René Lemas. Puis la nomination de Jean-Marc Ayrault au poste de Premier ministre : "Le président de la République a nommé M. Jean-Marc Ayrault Premier ministre et l'a chargé de former le nouveau gouvernement", a annoncé Pierre-René Lemas sur le perron de l'Elysée dans une très courte déclaration. La composition du gouvernement doit être dévoilée ce mercredi 16 mai en fin de journée.
Comme François Mitterrand en 1981, l'ancien président du conseil général de Corrèze a donc confié la conduite de son premier gouvernement à un "grand élu" local, peu connu du grand public hors de Nantes. Elu en 1977 à la mairie de Saint-Herblain (Loire-Atlantique), Jean-Marc Ayrault est maire de Nantes depuis 1989 et député depuis 1986. Il occupait depuis 1997 le poste stratégique de président du groupe des députés PS et apparentés à l'Assemblée nationale. N'ayant jamais siégé au gouvernement, cet ex-professeur d'allemand met en avant le fait d'avoir été associé aux grandes décisions du gouvernement Jospin entre 1997 et 2002. Durant le dernier quinquennat, ses homologues maires l'auront entre autres entendu porter la parole de l'opposition contre la réforme territoriale et la réforme fiscale liée à la suppression de la taxe professionnelle. Au sujet de cette suppression, le maire de Nantes et président de Nantes métropole (et à ce titre membre du conseil d'administration de l'Association des communautés urbaines de France) déclarait par exemple : "Le gouvernement vient de porter le plus mauvais coup imaginable aux moyens et aux ressources des collectivités locales. Il met de fait en oeuvre l’assèchement de la fiscalité économique des collectivités locales et fait courir un risque très grave de transfert de la fiscalité locale vers les ménages."

La décentralisation pour passion

Quant au secrétaire général de l'Elysée, il était depuis six mois le directeur de cabinet du président du Sénat, Jean-Pierre Bel. Ancien élève de l'ENA, Pierre-René Lemas a notamment été préfet en Corse, en Lorraine et en Moselle. Mais il a également fait partie dès 1983 du cabinet du ministre de l’Intérieur, Gaston Defferre, puis de Pierre Joxe, comme conseiller technique chargé de la décentralisation et de la déconcentration. Directeur du cabinet du secrétaire d'Etat chargé des Collectivités locales en 1988, il est nommé directeur général des Collectivités locales (DGCL) en 1989. Ce haut fonctionnaire reconnaît d'ailleurs que sa grande passion, c'est la décentralisation. "J'ai piloté toutes les lois de décentralisation, sans exception, même la loi Pasqua", a-t-il eu l'occasion de s'enorgueillir.
La nomination de Pierre-René Lemas serait-elle un signe de l'importance que le chef de l'Etat entend accorder à cette thématique de la décentralisation ? "Je crois en la démocratie locale et j'entends la revivifier par un nouvel acte de décentralisation susceptible de donner des libertés nouvelles pour le développement de nos territoires", a en tout cas dit François Hollande dans son discours d'investiture avant l'annonce par l'Elysée de la composition de son cabinet. Un discours relativement bref qui ne comprenait toutefois pas d'autres éléments intéressant très directement les collectivités.
L'une des autres allocutions présidentielles de ce 15 mai, celle prononcée dans la foulée devant la statue de Jules Ferry, lui aura en outre permis de souligner qu'il entendait accorder "la priorité aux écoles des quartiers populaires, ainsi qu'à celles de certaines zones rurales aujourd'hui abandonnées", et mettre l'accent sur "la justice entre les territoires".
Enfin, un peu plus tard dans la journée, juste avant de s'envoler pour Berlin, François Hollande a déclaré aux élus parisiens réunis à l'hôtel de ville autour de Bertrand Delanoë qu'il s'engageait à "créer les conditions nécessaires à l'émergence d'une métropole parisienne". "Nous nous appuierons sur les structures qui existent : Paris métropole. Il nous faudra donner à cette fédération des bonnes volontés les moyens d'aller plus loin avec l'énergie d'un Etat partenaire. Cette nouvelle confédération métropolitaine disposera de pouvoirs réels, notamment en matière de logement", a-t-il précisé.